Chapitre 26

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Point de vue Shoto

Ce n'est pas le soleil qui me réveille. Ni même mon réveil qui sonne. Non. C'est une odeur âcre et rance. Une odeur forte au point de me faire sortir de mon sommeil. Une odeur de terreur pure.

Il ne me faut pas longtemps avant d'ouvrir complètement les yeux. J'ai reconnu cette senteur, c'est celle de Deku.

Le vert est là, à mes côtés. Il tremble de tout son corps et des larmes dévalent sur ses joues.

- Ne me touchez pas, il s'écrie.

La poisse, s'il se met à crier comme ça, il risque de réveiller toute la maison. Y compris mon abruti de père qui va rapidement se ramener. Mais ce ne sera certainement pas pour aider, bien au contraire.

- Deku, je chuchote, Deku calme toi. S'il te plait.

Je tente de dégager quelques phéromones apaisantes mais rien à faire. C'est comme s'il était piégé dans son cauchemar. Et moi je n'ai d'autre choix que d'assister à ça, impuissant. Je ne peux qu'espérer que ma chambre soi assez loin pour qu'on ne l'entende pas. Avec un peu de chance, ce sera le cas.

Le plus petit se met alors à se débattre contre une force invisible.

- Lâchez-moi !

On se calme Shoto et on essaye de se concentrer. Je n'ai jamais eu à faire avec une crise de panique, encore moins avec une personne dormant, mais je vais y arriver. Normalement il faut se concentrer sur sa respiration, je crois. Mais là, ça va être compliqué.

- Non, s'il vous plait.

Sa voix se fait faible, suppliante. Il a arrêté de bouger dans tous les sens et se tient immobile, complètement figé.

Je le prends doucement dans les bras. Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure idée, mais c'est mieux que rien.

- Tout va bien Deku, ce n'est pas la réalité. Tu es en sécurité, dans ma chambre. Personne ne te fera jamais plus de mal, tu as ma parole.

Tout en parlant, je lui caresse les cheveux. Sa mère n'était apparemment avare de câlins, peut-être que ça lui rappellera une époque plus joyeuse.

- Tout est fini maintenant. La violence, la peur, la douleur tu ne les ressentiras plus.

Même si ses pleurs sont toujours aussi abondant, ses tremblements ont diminué.

Je continue ainsi, lui murmurant des paroles que j'espère réconfortante durant je ne sais combien de temps. Les minutes passent les unes après les autres tandis que son état semble s'améliorer.

- Shoto, murmure une petite voix, qu'est-ce que...

Je m'écarte rapidement de lui.

- Tu te sens mieux, je demande.

Le vert me regarde d'un air incrédule, ses yeux encore rouges.

- Tu as fait un cauchemar. Et tu enfin... tu n'allais pas bien quoi.

Je n'ose pas lui avouer exactement ce qui s'est passé. Le connaissant, il niera tout et se renfermera automatiquement. Il déteste qu'on découvre qui il est vraiment. Sans doute est-ce pour cette raison que je ne lui ai pas dit que j'en avais appris un peu sur son passé, avant de devenir Deku.

- Je... pardon, j'ai dû te réveiller.

- Ce n'est pas grave, ça peut arriver à tout le monde.

Il baisse la tête.

- Tu ne m'en veut pas ?

- Jamais je ne pourrais t'en vouloir pour quelque chose comme ça. Je doute même d'être capable de t'en vouloir pour quoi que ce soit.

- Quand je faisais trop de bruit la nuit, mes maitres me faisaient fouetter.

A cette simple évocation, il grimace, sans doute au souvenir des coups de fouets. Je n'en reviens pas que des êtres aussi abjects que ceux qui font du mal pour le plaisir puissent exister. Société pourrie.

- Je ne suis pas ton maitre et jamais tu ne verras le moindre fouet ici. Je te le jure.

Le plus petit évite toujours mon regard.

- Si tu veux en parler, je suis là. Je sais que tu n'as pas facile de me faire confiance dernièrement, mais tu peux me croire quand je te dis que je suis là pour toi.

Il ne dit rien, se murant dans son silence.

- Si tu souhaites ne rien dire, je comprends aussi.

- Tu promets de ne le répéter à personne ? Pas même à Momo ?

Point de vue Deku

Lentement, mot après mot, je raconte mon rêve. Ou plutôt mon souvenir de ce jour funeste où tout a basculé.

- J'ai été stupide, je murmure. Si j'avais été de l'autre côté...

- Cette enflure t'aurait suivi. Tu as au moins eu la présence d'esprit d'essayer de t'enfuir.

Oui, mais je l'ai payé très chère peu de temps après. Il a pris ce qu'il me restait d'innocence, me laissant brisé et anéanti.

- J'ai peur Shoto. Peur qu'il ne me retrouve.

- C'était sans doute un chasseur d'oméga. Une fois qu'il a attrapé celui qu'il voulait, il passe à autre chose.

- Tu crois ?

- J'en suis sûr.

Je ne sais pas si je dois me réjouir qu'il ne pense plus à moi ou m'inquiéter pour ses futures cibles.

Malgré les paroles rassurantes du bicolore, je ne peux m'empêcher de trembler. Jamais je ne serai libéré de ses images. Elles seront toujours là, prêtes à ressurgir à la moindre occasion.

Mais ce que je n'ose pas lui avouer, c'est que le brûlé était aussi présent dans mon rêve. Cela ne s'est pas déroulé comme initialement. Au moment où ce sale type commençait à balader ses mains sur mon corps, il est arrivé. Et tout s'est effacé avant que je ne me réveille dans ses bras.

- Il... Il faut dormir... Tu vas être fatigué pour les cours sinon...

- Ne t'inquiète pas pour ça. Au pire, je dormirai en classe. Ce n'est jamais intéressant de toute façon.

- Mais je...

Je ne veux pas t'embêter plus que ça. J'ai compris désormais que ton père n'avait raconté que des mensonges, jamais tu ne m'aurais aidé dans le cas contraire, mais je ne veux pas pour autant être une charge.

Pour la première fois depuis longtemps, je sens un lien fort m'unir à quelqu'un. Et ce quelqu'un se trouve juste en face de moi. Depuis quand ce lien est-il présent, je n'en sais rien. J'ai tellement pris l'habitude de ne pas écouter mon corps.

Il essuie doucement les larmes restantes sur mes joues.

- Tout ira bien. Personne ne te fera du mal. Je ne veux pas que tu fasses encore semblant de dormir pour me faire plaisir. Tu le faisais quand tu es arrivé tu te souviens ?

Comment l'oublier ? Mais il faut me comprendre aussi, être dans le même lit que celui qui m'a acheté n'est jamais bon signe.

Mais être seul demain toute la journée, à lutter contre le sommeil, n'est pas une meilleure option.

- Est-ce que tu veux bien me prendre dans tes bras, je demande timidement.

En guise de réponse, le bicolore ouvre ses bras dans lesquels je vais me réfugier. Immédiatement, je me sens mieux. Pas en totale sécurité, mais presque.

- Merci, je chuchote.

- Ce n'est rien il répond sur le même ton.

Je ne mets pas longtemps avant de me rendormir pour une nuit sans rêve. Après ce que je viens d'avoir, ce n'est pas plus mal.

On s'en sortira ✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant