Aime-moi. [Réécriture]

Chapitre XL

19h30, je n'étais pas sortie de ma chambre de la journée depuis ce matin. Ce qui veut donc dire que je n'ai pas mangé non plus depuis ce matin et j'avais clairement la dalle. Je devais donc affronter ma famille pour aller manger, je les avais entendu mettre la table. J'aimerai éviter ça mais mon ventre me supplie d'avaler quelque chose et ça me stresse de commencer à sauter des repas avec mes TCA... 

-Ah une revenante. Me provoqua sans plus attendre ma mère lorsque je descends des escaliers

-Arrête... Souffla mon père, lui.

-Non t'inquiètes, qu'elle continue ses réactions de gamine; à son âge c'est malheureux de jouer à un tel jeu de provocation.

J'étais à fleur de peau, crevée, sans avoir mangé; ce n'était clairement pas le moment de me chercher et je me fichais d'être blessante en sachant que j'ai pleuré toute la nuit à cause de ses mots.

-Essaye de rester à ta place, tu n'as que 17 ans. 

-Certes mais dans cette pièce je ne vois pas que deux enfants.

En effet même si ça me coûtait de le dire mais au final celui qui avait le mieux réagit entre eux trois c'était Baptiste.

-Tu vas redescendre d'un ton s'il-te-plaît. 

-Ah parce que maintenant tu es polies maintenant maman ? Non parce que j'ai crû remarquer hier que la politesse n'était pas trop fort lorsque tu as insulté ma copine de "pute". 

-Pardon d'être honnête.

-Tu comptes vraiment t'enfoncer là ? Bordel c'est pas possible d'être à ce point fermée !

-Je suis pas fermée.

-Avec tout mon respect, tu es une putain d'homophobe.

Ok c'était sorti tout seul mais c'était ce que je pensais donc tant pis. Ma mère se leva de table et haussa le ton.

-Je ne suis absolument pas homophobe !

-Et moi je suis totalement hétéro. Dis-je avec un sarcasme plus que marqué

-Oui justement c'est ce que je dis ! C'est qu'une passe. T'as jamais  eu confiance en toi je sais pas t'as dû être désespérée que les garçons ne s'intéressaient pas à toi et tu t'es dis que ça marcherait mieux avec les filles et...

-Mais comment un humain peut débiter autant de conneries à la minute ? Je crois qu'on tient un record. Tu sais ce n'est pas parce que je ne t'ai jamais présentée de copains que j'en ai jamais eu. Puis même du succès avec les mecs t'inquiètes pas que j'en ai, rien que dans mon nouveau lycée en peu de temps je me suis faite énormément draguée tu n'imagines pas. Donc ouais j'ai jamais eu de relations bien sérieuses avec les mecs mais c'est pas choix. Je voulais me concentrer sur mes études et je n'allais pas perdre mon temps alors qu'aucun mec ne m'a jamais intéressée. Alors que là Emma m'a directement intéressée et je reste en même temps concentrée sur les cours. J'ai touché le jackpot.

-Tu crois que je vais avaler ça ? Que tu as eu tant de succès avec les mecs que tu as dû te faire vomir pour être plus fine ?

Hein ? Quel était le rapport ? Elle ose revenir sur ça alors qu'elle sait très bien que c'était à cause de mon harcèlement et qu'il n'était question d'aucun mecs ???? 

-Tu es vraiment pathétique.

-Parles mieux à ta mère Julie. Me réprimanda mon père

-Sérieusement ? Tu prends sa défense là ? Mais tu vaux aussi peu qu'elle au final ! Vous êtes tous les deux minables mais à un point !

-Vas dans ta chambre ! 

-Tant mieux, voir vos têtes d'homophobe m'a coupée l'appétit.

Ok cette réplique était très enfantine mais sur le coup de la colère je ne contrôlais absolument pas ce que je disais et à ce moment; mes parents me dégoûtaient réellement.

-Et laisse ton téléphone ici.

-Non !

-Laisse ton téléphone ici où on coupe directement ta ligne. Enchaîna ma mère

-Vous êtes de gros malades. Me résignais-je

Je retenais mes larmes de couler. Je ne voulais pas qu'ils aient l'impression de gagner.

-Ouais c'est ça si tu veux allez.

Je me dépêchai de remonter dans ma chambre, où je pus enfin laisser échapper toutes ma peine. Je ne me sentais pas bien du tout. J'avais peu manger. Pas assez. J'avais la tête qui tourné. Je pourrai m'évanouir à tout moment. Et j'en aurai rien à faire d'ailleurs. Quel intérêt de me prendre mon téléphone ? Ils savaient que c'était mon seul moyen de parler à Emma et ils voulaient certainement m'en priver mais ils ignorent que me priver de cela revient à anéantir mon seul moyen de trouver du réconfort après leurs atrocités. Puis ce que ma mère a dit sur mon anorexie... Réduire des années de combats au simple fait que je voulais "plaire à des garçons" c'était très petit.

*tocc toc*

-Julie je peux entrer ? C'est Baptiste.

Baptiste qui voulait me parler ? Wow l'heure est vraiment grave.

-Oui...

-Oh tu pleures ?

-Apparemment.

-Allez sèches tes larmes je ne tiens pas à te prendre dans mes bras trou du cul.

-Arght plutôt mourir que d'être dans tes bras ! Annonçai-je d'un ton théâtrale.

-Ahahah je sais que tu en rêves. Bon... Je suis pas de fou doué pour ça mais je voulais que tu saches que je suis là si t'as besoin. Fin tu sais très bien que j'adore te faire chier mais ça me saoule de voir quelqu'un d'autre le faire: le rôle m'est réservé.

-Mais c'est que mon frère peut être mignon ! Le taquinai-je

-Non non rêve pas non plus ! Après je te dis pas que je vais tenir tête aux parents avec toi hein fin sauf si ça part trop loin comme hier, je veux bien jouer le rôle d'arbitre mais je veux être contre personne. Je te rassure je trouve leur comportement débile hein mais à moi ils m'ont rien fait et je veux pas de problème. Par contre je tiens à te dire que je suis fière de toi. Tu sais je t'ai vu changer petit à petit depuis qu'on est gosse et tu arrives enfin à t'assumer complètement. J'aime bien la nouvelle Julie et tu as raison de te battre pour tes valeurs. Enfin bref j'suis grave nul pour les discours mais tu sais que tu peux me parler quand t'en as besoin.

Ok c'était étrange comme situation. Baptiste et moi on se parlait uniquement pour s'insulter ou se chercher: relation typique de frère et sœur quoi. Mais c'est la première fois qu'il est aussi gentil et qu'il n'a pas l'air d'un écervelé. Il peut donc être mature parfois, rien n'est perdu pour lui ahlala. Il se levai pour sortir de ma chambre.

-Baptiste attends.

-Qu'est-ce-qu'il y'a ? 

-Merci beaucoup vraiment, t'es pas si nul comme frère tu sais.

-Disons que je cache bien mon jeu, va.