Chapitre XVII

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Le moment fatidique arriva bien trop vite à mon goût. J'étais dans la voiture de ma sœur et son copain et j'avais l'impression d'être sur la route direction le tribunal pour être jugée; j'imaginai déjà ma mère dans la tenue de juge prononçant la sentence "Coupable. Mais coupable de quoi ? Coupable d'aimer une femme. Coupable d'être heureuse. Je n'avais même pas donné de nouvelles à Emma depuis des heures je lui avais juste laissé un message ce matin: 

La lettre n'a pas été bien reçue, je suis désolée mais je ne me sens pas de parler aujourd'hui, je t'aime. Julie

Elle m'avait laissée pleins de messages sans réponse; je sais que ce n'est pas cool mais je suis comme ça, quand quelque chose ne va pas je préfère me renfermer que me plaindre; je trouve ça pathétique.

-Comment tu te sens ? Me lança Marine

-Ai-je réellement besoin de répondre à cette question ?

-Oui, non... Je comprends mais ce soir essaye de ne pas t'énerver quoiqu'il arrive, il faut que tu te mette à leur place aussi ok ? Crier n'arrangerait rien

Je ne daigner même pas lui adresser quelques mots en réponse. Je me connaissais. Je suis une fille calme, voire trop calme. Mais lors des débats quand ce sont des sujets qui me tiennent à cœur je m'emporte assez facilement. Nous sommes arrivés. On sorti de la voiture et marchons vers le pallier.

Mon père ouvra la porte; il salua Marine et Thomas et me fit la bise avec un "bonsoir" timide. Je m'avançai pour faire la bise à Baptise puis à ma mère... Qui fit directement un pas en arrière pour m'éviter. Ok elle ne voulait même plus me dire bonjour ? C'est vrai que me toucher pourrait la contaminer de cette ""maladie"". Je n'avais clairement pas dirigé les paroles du matin même. J'étais à chaud.

-Okkk bonsoir à toi aussi. Soufflai-je froidement.

-Vous allez bien ?

Mon père tentait de faire la conversation et d'apaiser les tensions mais on se croyait clairement dans un Western, mais qui dégainera son arme en premier ?

*

-Bon je crois qu'il faut briser la glace on ne peut pas faire comme si de rien n'était.... Commença Marine

En effet nous avions passé tout le repas dans un lourd silence. On fixait tous notre assiette comme si se regarder allait nous tuer.

-Que veux-tu que je dise ? Répondit froidement ma mère

-Bah je ne sais pas, ce que tu ressens, quel est ton état d'esprit actuellement etc.

-Mon état d'esprit ? Pour moi ça ne sert à rien d'en parler. C'est complètement débile pour une simple mode de sortir avec une fille mais comme toutes les modes ça passera, ce n'est qu'une passade.

-Tu n'as pas lu ma lettre ? On ne devient pas lesbienne, on née lesbienne. Je l'ai toujours su. Depuis mon plus jeune âge et j'ai 17 ans donc dis-toi que cette "passe" n'est toujours pas passé en 17 ans de ce fait je ne vois pas pourquoi elle changerait un jour.

-Et puis même elle n'a pas besoin de changer. Enchaîna doucement ma sœur 

-Taisez-vous. J'ai déjà regardé y'a une bonne psy à 10 minutes d'ici donc faudra s'organiser quand tu redescendras ici.

-Je n'irai pas.

-Ce n'était pas une question.

-Et je m'en fous complètement.

-Tu es malade. C'est une maladie. C'est Adam et Ève, on a jamais entendu parlé de Ève et Ève parce que ce n'est pas NATUREL, tu comprends ça ?

-Non. Je t'interdis d'utiliser la religion comme excuse. Sur tes photos de mariage tu étais enceinte ! Pas de rapport avant le mariage ça te dis quelque chose ? Et coucher dans l'unique but de procréer aussi non puisque tu es une si grande croyante ?

Ok mon ton était bien plus qu'irrespectueux mais elle me m'était vraiment hors de moi. J'avais les larmes aux yeux d'entendre de telles horreurs dans la bouche de la femme qui m'a mise au monde mais je ne me rabaisserai pas à pleurer, je vais lui tenir tête.

-En fait tu as peut-être raison, ce n'est pas une maladie. Non c'est sûr j'aurai préféré que tu aies le cancer plutôt que tu sois gay. Au moins j'aurai eu une petite chance de te soigner alors que là je vais devoir vivre avec l'idée que tu ne te marieras pas, que tu n'auras pas d'enfants: ta vie ne sera qu'abomination.

-L'adoption ça existe. Le mariage pour tous est également passé. Cesses donc ne vivre coincée dans ton époque; la société évolue.

-Parce que tu prévoies de te marier ? Mais quelle honte. Ne compte pas sur moi pour venir, je promets que si tu te maries avec une femme je ne serai pas là. Et ne parles pas d'adoption ! Un enfant a besoin d'un père et d'une mère. Élevée par deux femmes il ne sera pas stable. Ce n'est pas NORMAL.

-Mais putain combien de gosses ont été élevés sans leur père parce que il a pris la fuite avant sa naissance ?????

-Surveilles ton langage. C'est cette manipulatrice qui t'a appris à parler comme ça ?

-Attends tu parles de Emma là ?

-Peu importe son nom, elle t'a retourné le cerveau.

-STOP. Criai-je. Tu veux savoir ? Même en primaire quand toutes les filles parlaient de garçon, moi j'avais les étoiles pleins les yeux. Non pas par les garçons dont elles parlaient mais par ces même filles qui étaient émerveillées par eux. J'ai passé toute ma primaire à rêver de Mathilda. Tu te souviens ? Je t'en parlais tout le temps. Je dirai pas que j'étais amoureuse parce que je n'étais qu'un gosse mais j'avais une forte attirance innocente pour elle. Au collège j'étais amoureuse de ma meilleure amie. J'ai mis du temps à me l'admettre mais je suis lesbienne et je l'ai toujours été, j'avais juste peur d'être jugée par la société, par mes amis. Mais au final jusqu'ici tout le monde l'a bien pris à part toi maman.

Je ne mettais pas mon père dans le même sac car jusqu'ici il n'avait tenu qu'un long silence donc je ne savais pas encore ce qu'il pensait mais il n'avait pas l'air aussi en colère que ma mère.

-Attends parce que tu es entrain de dire que tu l'as crié sur tous les droits ? Ohlala mais je ne pourrai plus sortir, on va me regarder comme la mère d'un pd. Deux personnes du même sexes qui s'embrassent ça me dégoûte et je suis sûre de ne pas être la seule dans ce cas là donc il faut arrêter de faire les choqués.

-Maman tu pars trop loin ! S'imposa ma Baptiste

Baptiste et moi on ne s'entendait absolument pas mais sur le coup je fus vraiment touchée qu'il intervienne.

-Quoi ? Tu vas me dire que pour toi c'est normal deux personnes du même sexe qui s'embrasse ? Oh et puis non ne réponds pas, je suis la seule personne assez honnête pour dire que Julie me dégoûte, l'imaginer avec cette pute me donne envie de vomir.

C'était Emma qu'elle qualifiait de "pute" là ? Je. Je n'arrivais plus à respirer. Ou plutôt si. Je ne le pouvais que trop. Ma respiration s'était nettement accélérée. Mon cœur battait la chamade. Mes jambes tremblaient. J'eue l'impression que ma tête allait exploser. Je rassemblai le peu de forces qu'il me restait pour courir dans les toilettes.

-Voilà bravo tu as gagné ! Rétorqua Marine à ma mère

Je les entendais poursuivre la conversation mais enfermée dans les toilettes je ne distinguais pas les mots. J'avais la tête qui tournait. Comme une impression d'être en plein badtrip. Qu'est-ce-que j'ai fait ? Pourquoi ne suis pas comme les autres ? Je dégoûte ma propre mère. Je me dégoûte. Je n'avais presque rien mangé durant le repas et pourtant j'avais comme... Je sais pas trop comme une boule qui bouchait ma gorge. J'avais envie de vomir. C'est horrible. Je sentais une goutte couler le long de mon front. J'étais en trans. Mes larmes étaient si abondantes. Aucun moyen de me calmer, merde.

Aime-moi. [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant