Chapitre XLI

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Dimanche, 8h j'ai mis mon réveil pour récupérer au plus tôt mon tel: je n'ai même pas eu le temps de prévenir Emma hier lorsqu'ils m'ont pris mon tel, elle a dû grave s'inquiéter. Je descendais donc rapidement les escaliers, et faillit par la même occasion faire une cascade digne du monde cinématographique ! Je pris donc mon téléphone et me préparai une tartine de Nutella que je remontai directement dans ma chambre. Ma mère disait sans cesse "pas de nourriture dans les chambres" mais je crois qu'au point ou on en est je peux briser cette règle. Puis au moins elle m'engueulerait peut-être pour autre chose qu'au sujet de mon orientation sexuelle. Je m'empressai donc d'envoyer un message à ma tendre bien-aimée.

"Coucou, je suis désolée mon amour mais mes parents m'ont confisquée le tel hier soir et j'ai pas pu t'envoyer de messages... J'espère que tu t'es pas trop inquiétée (vu tous tes messages je dirai que si, pardon) : je t'aime. Julie"

Elle ne répondait pas tout de suite contrairement à son habitude, en même temps on est dimanche, dernier jour de vacance donc elle devait encore dormir. D'ailleurs, encore quelques heures et je serai enfin en route pour la retrouver; j'avais pris le train de 14 heure donc un dernier repas avec ma famille de détraquée et je serai libre.

"Mon ange ne t'excuses pas tu n'y es absolument pour rien. Tes parents m'épuisent. Nous en parlerons quand tu reviendras parce que je me doute que ça ne doit pas être facile pour toi tout ça donc en parler derrière un écran ce n'est pas fou fou. Je t'aime aussi, vivement que tu sois dans mes bras. Emma"

*

-Allez viens manger. Me supplia mon père à la porte de ma chambre

-Ok mais juste parce que je crève la dalle, non pas pour passer du temps en compagnie d'une famille homophobe; je tiens quand même le préciser.

-Ok ok ok si tu veux. Se résigna-t-il

Baptiste et ma mère étaient déjà attablés; je les rejoignais sans grande joie.

-C'est bon madame nous fait l'horreur de sa présence ?

Mais quel âge avait-elle dans sa tête pour me provoquer sans arrêt ? J'optai pour le silence en ne répondant pas: elle finirait bien par se lasser, non ? Enfin je l'espère tout du moins.

-C'est bien à 14 heure le train ? Me questionna mon père pour me faire parler

-Mmmh.

-C'est censé dire oui ?

J'inclinai la tête en guise de réponse. Si je ne parlais plus à ma mère je ne parlerai pas non plus à mon père. Il le mérite aussi peu qu'elle. Je ne pensai qu'à la petite bouille d'Emma que j'allais bientôt retrouver, ça me permettait de ne pas déprimer dans cette ambiance de mort.

"Sourie tu vas retrouver ta chérie; tu crois que tu pourrais me présenter des couples lesbiens qui chercheraient un mec pour un plan à trois ? Penses au fait que je t'ai soutenue surtout"

J'arrivais à peine à retenir un rire, mon frère était chiant mais drôle; son message a suffi à me rendre un peu plus de bonne humeur.

"Tu sais en général être lesbienne signifie être entre filles, mais promis j'essayerai de t'arranger des coups ne t'inquiètes pas bg."

-Bon allez finit de préparer tes affaires, on part d'ici 15 minutes, vaut mieux prendre de l'avance c'était toujours la merde les bouchons.

Ouff sauvée par le gong comme on dit ! Je m'empressai de retrouver ma chambre, rangeai mes derniers livres dans ma valise: du Baudelaire, de l'Apollinaire et de l'Eluard; avec ça je ne risque pas de m'ennuyer durant le trajet. Je passai aussi vite fait par la salle de bain pour me maquiller légèrement, j'avais l'air d'une toxico avec mes yeux rouge de fatigue et de tristesse. Sans compter les cernes et mes ongles rongés de stress. Il faut dire que c'était tout moi ça.

-C'est bon tu es prête ?

-Oui j'arrive.

-Ok je descends tes valises, on doit partir dans 2 minutes.

Bon le moment était venu; moi qui pensais que quitter une nouvelle fois ma famille m'arracherait le cœur... Au moins ce sera une chose positive à toute cette histoire, j'étais plutôt heureuse à l'idée de partir très très loin d'ici et de ma famille de dingue.

-Bon retour trou de balle. Me lança mon frère

Je lui adressai un clin d'œil ainsi qu'un petit sourire en réponse. Ma mère n'était même pas là. Ce n'était pas plus mal finalement. Le trajet avec mon père restait d'être d'une ambiance palpable. J'entrai donc dans la voiture d'un pas clairement peu décidé.

-Tu sais ce n'est pas facile pour elle non plus il ne faut pas lui en vouloir.

-Tu sais on n'est pas obligé de se parler surtout.

-Mon dieu Julie arrête tes enfantillages.

-Ah parce que tu te mets toi aussi à jurer ?

-Arrête.

-Non je ne sais pas je demande puisque vous avez l'air d'être des pros pour vous cacher derrière la religion dans cette famille.

-Ne dis pas de bêtises.

-Tu vois tu n'as absolument aucun argument car tu sais pertinemment que j'ai raison ! Maman a merdé. Mais tu as également merdé  papa.

-Tu veux que je te dise quoi ? Tu es en internat maintenant, on ne te verra que quelques fois par an or ta mère et moi vivrons ensemble durant toute l'année. Je ne vois pas à quoi ça servirait de me disputait avec elle alors que toi tu seras à Paris.

-Donc tu préfères laisser ta fille souffrir juste parce que tu n'as pas le courage de t'opposer à ta femme ? Non parce que si tu partageais sa vision des choses par rapport au fait que je sois avec une fille je l'aurai compris mais là ce n'est même pas le cas; tu ne sais juste pas assez tes choix ! C'est toujours maman qui décide de tout dans la famille et tu le sais très bien.

Je n'eus pas l'ombre d'une réponse, le reste du trajet se passa dans le plus grand des silences. C'est fou comment on peut être fermé. Heureusement nous arrivions devant la gare.

-Je suppose que ça ne sert à rien que je t'accompagne jusqu'au quai ?

-Tu supposes bien papa, au revoir.



Aime-moi. [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant