take on me

talking away

𝗃𝗎𝗂𝗇 𝟣𝟫𝟫𝟢

Mike prit son sac dans son armoire et saisit dans la foulée quelques vêtements.

Ça y était.

Il avait pris sa décision; aujourd'hui même il fuguerait. Rien ne pouvait l'en empêcher. Il était esseulé et triste, presque rien ne le retenait à Hawkins, clairement pas Dustin et Lucas, ni même sa famille.

De toute manière, ce n'était pas comme s'il n'arriveraient jamais à le retrouver.

Il n'y avait pas beaucoup d'endroits où il aimerait fuguer... ça au moins ils le savaient.

Durant les deux dernières années, il était devenu invisible -enfin plus qu'il ne l'était déjà- même aux yeux de sa famille et ses amis... l'entrée au Lycée ne lui avait pas réussi.

Il y avait eu la presque dissolution de l'A.V club, aussi.

Toute cette merde lui avait brisé le cœur.

Alors à quoi bon rester plus longtemps ici à se morfondre ?

Il n'était que l'ombre de lui-même, joues creuses, teint pâle. Il n'y avait plus cette petite lueur dans ses yeux.

Ses cheveux avaient poussés, ils lui tombaient en boucles désordonnées autour des oreilles. Parfois, ils les lissaient pour qu'ils retombent sur ses épaules.

Il avait grandit, bien sûr. Il était devenue plus osseux qu'il ne l'était à quinze ans, avec des longs doigts fins de pianiste.

Il hésita, voyant sa guitare électrique posée dans un coin dans sa chambre.

Évidemment, il voulait l'emmener. Mais les guitares n'étaient pas l'objet le plus pratique à emmener lors d'une fugue.

✩✩

Ses parents étaient partis pendant quelques jours, profitant des vacances que prenait Nancy avec Robin et du fait qu'Holly était parti la veille dans une colonie ou un camp, Mike ne se souvenait plus.

Les Wheeler n'avaient pas vraiment à s'inquiéter d'une éventuelle fête que leur adolescent de dix-sept ans pourrait organiser. En fait s'ils auraient du s'inquiéter c'était de retrouver le grand brun mort dans une baignoire rougie par le sang.

Mike sortit, son énorme sac à dos accroché nonchalamment à son épaule droite, l'étui de sa guitare dans sa main gauche.

Il vérifia une dernière fois qu'il avait bien son argent et que la maison était fermée à clé.

Il regretta durant l'espace de quelques secondes de ne pas avoir passé son permis comme Max l'avait fait dès qu'elle avait eu 16 ans.

Résigné, il prit le chemin de la gare routière chargé de sa guitare.

Mais a peine eut-il fait dix mètres qu'il entendit le frottement caractéristique des roues d'un skate sur la chaussée.

- Max, lâcha-t-il, d'une voix agacée, sans même s'arrêter ou se retourner.

- Si t'avais pas ta guitare j'aurais juré que c'était une fugue, lança la jolie rousse.

Le jeune homme s'arrêta au mot fugue, pris par surprise, si bien que Max avança de quelques mètres sans se rendre compte qu'il s'était arrêté.

Mike, qui n'avait jamais vraiment bien su mentir, fut bien obligé d'admettre la vérité.

- Comment tu as pu deviner ? demanda ce dernier au moment où elle se retourna.

- Mais... attends, tu vas vraiment fuguer ? Avec ta guitare ?

Max essayait tant bien que mal de garder son sérieux, mais ses yeux parlaient pour elle.

- Il y a rien de drôle, Maxine.

- C'est toi qui le dit. Je t'accompagne, continua-t-elle, en prenant son skate à la main.

- Non.

- Si.

- Tu sais même pas où je vais ! essaya-t-il de la dissuader.

- A Derry, répondit-elle sans une once d'hésitation, je suis pas conne Mike. Viens, on prend ma voiture.

L'adolescent grogna un peu, mais l'idée de pouvoir faire le chemin en voiture fut tellement tentante qu'il se tu.

✩✩

Mike, assit sur le lit de Max, ne cessait de lui poser des questions.

Un peu soulagé de ne pas avoir à traverser plusieurs états seuls, il ne voulait tout de même pas que son plan soit compromis par la disparition d'une deuxième personne.

- Tes parents s'en apercevront ?

- Pas avant quelques jours... au pire je peux laisser un mot disant que je suis partie avec Lucas et Dustin.

Ces derniers avaient pris la décision d'aller camper quelques jours au fin fond de la forêt d'Hawkins.

- Et Lucas ?

- Je l'ai quitté.

Mike eut besoin de quelques secondes pour digérer l'information. Après trois ans, une trentaine de disputes et deux nuits à leur actif ils lui avaient toujours semblé éternellement soudé.

Mais il était vrai que tout comme lui, Max s'était éloignée des deux autres garçons depuis l'été fatidique de '88.

- Tu sais très bien que mes parents ne font plus très attention à moi... pour l'instant ils sont partis, comme les tiens. Quand ils rentreront ils croiront que je suis avec Lucas, puis ils s'inquiéteront peut-être... ça nous donne au moins deux semaines si tout ce passe bien, expliqua Max. Et toi ?

- Mes sœurs ne sont pas là... mes parents sont hier partis pour presque deux semaines. Et comme les tiens, ils ont arrêtés d'essayer de me parler... je dirais au moins deux semaines, pareil.

- Plus le temps qu'ils signalent notre disparition et qu'il fassent le lien entre nous. Depuis Hopper, la police est larguée de toute façon.

- Donc presque trois semaines ? demanda Mike, plein d'espoir.

- Je pense, oui, si on a de la chance. Je suis prête.

Elle avait pris un grand sac rouge et y avait glissé différents vêtements ainsi que quelques comics.

- Attends... on pourrait avoir besoin de nourriture pendant la route, non ? Si on veut arriver le plus vite possible... et où est-ce que ça dormir ? Ça me dérange pas de dormir dans la voiture après.

Il la regarda d'une étrange façon et sortit:

- J'y avais pas trop réfléchi en fait.

La jeune fille leva les yeux au ciel et alla ouvrir la porte du frigo. Elle y prit des sandwiches emballés et un pack de bière.

- Mike, me regarde pas comme ça, c'est que de la bière, dit-elle lorsqu'elle vit son regard réprobateur.

Il secoua la tête et sortit de la maison des Mayfield, pour mettre ses affaires dans la vieille Camaro de Max, l'ancienne de Billie qui avait était retapée.

Max ne put s'empêcher de fixer la porte de l'ancienne chambre de Billy avant de sortir. La dernière fois qu'elle avait voulu fuguer, a treize ans, c'était en partie de la faute de son demi-frère.