I'm standing in your line

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𝗌𝖾𝗉𝗍𝖾𝗆𝖻𝗋𝖾 𝟣𝟫𝟪𝟪

Derry, Maine.
Pourquoi Joyce avait-elle jeté son dévolu sur la ville la plus ennuyeuse du Maine -d'après Jonathan ? C'était l'équivalent d'Hawkins en nouvelle-Angleterre; petite ville perdu avec des milliers d'hectares de forêts et de friches autour.

En fait c'était une des raisons pour lesquelles Joyce avait choisi Derry: ses similitudes avec Hawkins. On lui avait aussi dit que la ville était très "jeune", elle voulait avant tout que Jane et Will puisse se retrouver à Derry, comme s'ils étaient à Hawkins.

Comme si.

Elle savait bien que ce serait dur pour tout le monde, pour El, comme pour Jonathan et Will.

Comme pour elle-même.

Même si Eleven avait le visage trempé de larmes, c'était Will qui l'inquiétait. Non pas parce qu'il était son fils biologique mais... elle avait ce mauvais pressentiment, celui qu'il devienne comme Jonathan au lycée. Même si son aîné n'en avait pas souffert outre mesure, Will était différent. El aussi, mais Joyce avait dans l'idée que le fait d'être devenu "normale" pourrait l'aider à s'intégrer, et puis il n'y avait qu'à voir à quel point elle s'entendait bien avec Max Mayfield pour comprendre qu'elle pourrait se trouver des amis presque facilement.

✩✩

Will descendit de la voiture, suivit de El qui avançait d'un pas incertain. Ils regardaient autour d'eux, donnant un peu l'impression qu'ils se croyaient dans un rêve -ou plutôt dans un cauchemar.

Mais c'était la réalité. Aussi dure et triste soit-elle.

Ils allaient vivre dans cette petite maison, près d'une forêt et d'une rivière.

Jane s'assit sur le bord du trottoir longeant la maison, laissant les Byers -sa nouvelle famille- sortir les cartons et les meubles du camion. Ils la laissèrent seule et ne lui demandèrent même pas de les aider.

Après tout c'était elle qui avait le plus souffert.

Will et Jonathan se battaient pour savoir qui aurait quel chambre -enfin c'était surtout Jonathan qui essayait de faire naître une quelconque réaction chez son frère.

Jane, la vue brouillée par les larmes crut voir sa meilleure amie, Max.

Mais évidemment, ce n'était pas elle.

Eleven le comprit en voyant les cheveux courts de la jeune fille. Et même si elle aurait du se douter que Max n'avait rien à faire à ici, elle laissa échapper un sanglot.

Et l'inconnue aux cheveux de feu se retourna, surprise.

Aucune hésitation dans les yeux de la jeune rousse lorsqu'elle elle s'assit à côté de cette étrange adolescente pleurant sur le trottoir.

Elle ne fixa pas les joues baignées de larmes de Jane, elle s'assit juste, essayant de ne pas avoir l'air aussi épuisée et triste qu'elle l'était en réalité.

- Salut ! Moi c'est Beverly, mais on m'appelle Bev. Ou parfois Bevvie. lança-t-elle du ton le plus enjouée qu'elle put. Et toi, comment tu t'appelles ?

El ne répondit pas tout de suite, comme si elle réfléchissait, enfin les mots sortirent de sa bouche:
- Je m'appelle Jane, dit-elle d'une voix mal assurée.

Bev hocha la tête et avec ce mouvement tous ses problèmes se remisèrent dans un coin de son esprit; la coupure dans le creux de sa paume, le baiser de Bill Denbrough, ses cartons pas fini, ses récents au revoir... son déménagement le lendemain et même tous les événements de l'été passèrent en second plan.

Elle voulait parlait à cette étrange fille, elle voulait l'aider même si elle ne pouvait pas s'aider elle-même, elle voulait juste faire la connaissance de cette adolescente qui semblait aussi perdue qu'elle, avoir, pour une fois, un "comportement normal de fille".

Alors elle proposa à Jane la première chose qui lui vint à l'esprit:

- Tu voudrais que je te fasse visiter Derry ?

Eleven fut extrêmement surprise par la question et n'y répondit pas. Ce fut Joyce, arrivée silencieusement par derrière qui répondit à sa place:

- Bien sur qu'elle voudrait ! Mais d'abord j'aimerais savoir à qui j'ai l'honneur.

- Beverly Marsh, répondit Bev en se levant.

- Enchanté. Je m'appelle Joyce Byers, elle s'appelle Jane. Jane Hopper (elle lui jeta une coup d'œil entendu en soulignant la différence des noms de famille).

- Ravie de vous rencontrer, répondit Beverly d'un ton polie.

Cette dernière croisa les mains derrière son dos, espérant que l'adulte verrait pas sa main couleur carmin.

Mais c'était peine perdue. Joyce remarqua les gouttes cuivrées tombées sur le passage de l'adolescente et s'inquiéta aussitôt, comme à son habitude.

- Mais !? Tu saignes ! Tu veux rentrer à l'intérieur pour que je te donne quelque chose ?

- N-non, c'est bon madame je- bafouilla Bev en reculant de quelques pas.

Mais Joyce l'attrapa par son bras intact et l'entraîna dans la maison, ignorant les cartons de toutes tailles et se dirigeant directement vers une petite valise blanche posée sur une chaise de cuisine. Beverly eu juste le temps d'apercevoir un garçon maigre à l'air malheureux qui portait un carton lorsqu'elle entra en collision avec quelqu'un d'autre.

- Oh, désolé excuse moi, s'exclama une voix masculine.

- Non, c'est moi qui suis désolée, répondit aussitôt la jeune fille.

- Bon... je m'appelle Jonathan, dit-il, qu'est-ce que tu fais ici ?

Elle pensa qu'il devait avoir une vingtaine d'années. Jonathan avait une allure étrange avec ses vêtements débraillés et son appareil photo pendant nonchalamment à une sangle autour de son cou. Ses traits étaient tirés, ses yeux cernés, il aurait bien put avoir dix ans de plus.

- Hm... je-j'étais avec Jane.

- Oh, fut tout ce qu'il répondit et il la contourna pour aller chercher les derniers cartons.

- Beverly ? Viens là, demanda la voix de Joyce. Ne t'inquiètes pas Jonathan n'est pas très a l'aise avec les êtres humains.

Beverly s'avança et Joyce lui imprégna une compresse de désinfectant -où d'alcool, elle l'ignorait. Tout ce que la jeune rousse ressentit fut le picotement du liquide lorsqu'il entra en contact avec le blessure encore fraîche et elle du se mordre la lèvre pour ne pas gémir.

L'adulte, banda la main de l'adolescente, les mains tremblantes pour une raison inconnue à la rousse.

- Vas y, fais lui visiter la ville présente lui des gens... tout ce que tu veux, lança Joyce après avoir appliqué un bout de sparadrap sur le bandage, pointant Jane du doigt.

Bev acquiesça et se dirigea vers sa nouvelle connexion, parant ses lèvres du sourire le plus vrai qu'elle le put.

take on meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant