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DJINNIYA :

PARTIE 11 :

FATIMA KANE

Il faisait nuit noire, on marchait lentement et silencieusement. J'avais l'impression que chaque pas que je faisais me prenait encore plus d'énergie. Ma mère me tenait la main mais je sentais quand même la peur monter petit à petit. L'envie de ne plus y aller me guettait. Le mutisme du cimetière me donnait envie de prendre mes jambes à mon cou. Je me faisais violence pour ne pas regarder aux alentour, je gardais ma tête baissée et ma mère se contentait de ne pas perdre de vue le vieux et me guidait par la même occasion. Je sentais qu'elle avait peur mais ne voulait pas le montrer. Malheureusement les émotions nous trahissent souvent.

C'était la peur qui me tenaillait et maintenant c'est au tour du regret. J'aurais dû écouter mon père. On a sauté sur ce vieux juste parce qu'il a dit qu'il avait une solution face à mon problème mais maintenant qu'on est là, je me rends compte qu'on a vraiment été imprudente. Maman dit qu'elle lui fait confiance car il a l'air bienveillant mais ne dit-on pas que l'apparence est souvent trompeuse ? Je ne sais pas quoi en penser. Et puis quoi que je dise ou que je pense, je crois qu'il est un peu tard, on est déjà là avec lui.

Maman s'arrête brusquement, je lève la tête et vois qu'elle regardait au loin le vieux qui lui aussi s'était arrêté. Elle me regarde puis me demande d'hâter le pas. C'est trop me demander, je n'ai même pas l'énergie nécessaire pour faire des pas de plus. Je me repose sur elle depuis qu'on a commencé à marcher.

-Fais un effort s'il te plait murmure-t-elle. Plus tôt on fera ce qu'il demande, plus vite on se débarrassera de cette chose qui est en toi. D'accord ? Finit-elle d'un ton rassurant

J'acquiesce et obtempère. Nous marchons cette fois ci un peu plus vite pour atteindre le vieux qui attendait patiemment. Il ne bougeait pas et nous regardait fixement. Sa position me faisait penser aux sculptures qu'on voit dans les musées. Ça m'a toujours fait peur et aujourd'hui encore plus. Nous arrivons enfin à lui et sans m'y attendre il me tient la main. Un hoquet de surprise s'échappe de ma gorge. Il me regarde intensément puis regarde ma mère avant d'abandonner ma main pour poser les siennes sur mes épaules de toutes ses forces pour m'aider à m'assoir. Presque automatiquement, j'ai voulu me lever mais il insista pour que je reste assise. Il demande à ma mère de se mettre à l'écart afin qu'il puisse faire son travail. Ma mère tente de me rassurer avec son regard mais hélas ce n'était pas suffisant. J'étais terrorisée.

Tandis que je fermais les yeux, je sentais le vieux tourner autour de moi. Je ne pourrais pas dire combien mais je sais qu'il a tourné plusieurs fois autour de moi. Et plus il tournait, plus je me sentais étourdie. Il m'a demandé de me mettre à genoux mais la fatigue était beaucoup trop présente. Je voulais partir d'ici et vite.

-Maman ....Je ....veux....partir

Je réussis à dire mais elle n'a pas répondu. Comme s'il attendait que je dise cela pour réagir, le vieux finit par s'arrêter.

-Je vais invoquer Djinniya , si tu ne te souviens plus de rien ça sera normal.

Il s'adressait surement à moi mais je ne l'écoutais qu'à moitié. Je veux juste partir d'ici. Je me sens tellement fatiguée.

-Yoroussiba , Santanaria , kantassiba , anyibaria

Immobile derrière moi, Ils répétaient sans cesse ces mots. Il me verse quelques choses sur la tête, je lève celle-ci et cherche de l'air pour mieux respirer. Il enchaina avec autre chose qui cette fois ci me fit vomir quelques minutes plus tard. J'eus l'impression que mes intestins allaient sortir pour de bon. Je ne voyais pas bien mais ce qui sortait de ma bouche était plus noir que du charbon. Une forte douleur me paralysa le corps, je tombe immédiatement comme si quelque chose ou quelqu'un m'avait poussé de toutes ses forces. Je ne pouvais ni parler, ni bouger. Mes paupières deviennent de plus en plus lourds, impossible pour moi de les contrôler.

DjinniyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant