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                 NDEYE CODOU

Il était à peu près 7h lorsque j'ai commencé à ressentir de la fatigue. La nuit d'hier faisait sans doute partie de l'une des pires nuits de mon existence. C'est comme si mon cerveau s'était juré de me torturer en me rappelant sans cesse ce moment d'humiliation. Je me disais que je l'avais peut-être cherché. Je me suis mise à nue devant lui espérant que cela changerait un peu les choses mais pendant un court instant ma mémoire a oublié comment cet homme était. Je l'ai cherché car je savais qu'il me détestait et cela depuis qu'on était petit. Pourquoi cela changerait aujourd'hui ?

J'ai honte. J'ai honte de dire que je commençais à apprécier ce baiser. Je pleurais, seule dans ce taxis qui me ramenait chez moi. Je ne pleurerais pas seulement de tristesse, je pleurais de colère. Je n'étais pas seulement en colère contre lui, je l'étais contre moi-même. Une sensation horrible qui m'a donné envie d'en finir. Ce mélange de sentiments qui animait mon être m'ont fait comprendre à quel point Abdoulaye avait le contrôle sur moi. Personne à part lui n'arrivait à me mettre dans cet état. J'avais promis de ne plus penser à cette histoire mais je craquais souvent et je commençais à l'appeler. Malheureusement ça ne changeait jamais grand-chose. Au contraire cela avait réussi à plus me tourmenter qu'autre chose car je savais qu'il ignorait délibérément mes appels et cela me mettait hors de moi. Je me sentais minable, impuissante et la cerise sur le gâteau : je sentais mon estime de soi descendre.

Ce que je ressens pour lui n'est pas saint et ça ne le sera jamais. Si je me marie avec lui, même pour faire semblant je risquerais de devenir folle.

Je crois qu'il est temps que nos parents sache que nous c'est impossible.

Sur ces pensées, je me suis endormie. Lorsque je me suis réveillée, j'ai vu que je n'avais dormi que 2h.Ca ne suffisait pas mais il m'était impossible de dormir encore, je me suis donc levée pour prendre ma douche. Ceci fait, je me prépare, prie puis part rejoindre ma mère qui, je savais, était déjà dans le salon en train de prendre son petit déjeuner.

Dès que je suis rentrée dans la pièce, elle a commencé à râler.

-Je t'avais pourtant dit que c'est toi qui allait cuisiner aujourd'hui. Tu devais te réveiller à 7h pour sortir la viande. Tu sais à quel point ça prend du temps pour la décongeler et la faire cuire.

-Ma s'il te plait , j'ai vraiment mal à la tete.Je n'ai pas dormi hier soir

Elle s'adoucit un peu et remarque enfin les cernes sous mes yeux.

-Qu'est ce qui se passe ? Pourquoi tu n'as pas dormi ?

Je ne sais pas si c'est une bonne idée de lui en parler mais il faut que je le fasse pour qu'elle comprenne un peu la situation. Je lui ai expliqué comment Abdoulaye m'a traité hier en me chassant de chez son frère et en me criant dessus. J'ai bien évidemment omis le moment où il m'a embrassé.

Contrairement à ce que je m'attendais, ma mère a réagi calmement.

-Que veux-tu qu'on fasse maintenant ? Tu sais à quel point ce mariage est important pour la famille. Je sais que votre relation est un peu difficile mais tu ne penses pas que tu devrais un peu supporter ? Essayer de le comprendre et de prendre soin de lui ? Les hommes sont comme des enfants, il suffit de prendre soin d'eux pour qu'ils descendent de leur égo et t'obéissent comme tu le voudrais.

-Je crains que tu ne comprenne pas maman.Cet homme ne me déteste pas , il me hait.Crois moi ce qu'il m'a fait hier sera la plus petite chose qu'il me fera quand on sera marié.Je veux bien aider papa et l'ntreprise mais je tiens à ma santé mentale et je mérite beaucoup mieux qu'un homme qui me traite comme une chienne.

DjinniyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant