DJINNIYA
PARTIE 40 : DEUXIEME PARTIE
-Il est temps que tu sois en paix avec toi-même et avec les hommes. On est là pour t'aider à sortir de cette prison dans laquelle tu t'es enfermée. Tu as passé des siècles à te venger et je suis sure que tu sais bien mieux que moi qu'il y'a une vie après la mort, tu ne peux pas continuer comme ça lui dit Cheikh Aidara
Djinniya ricane.
-Mon âme est damnée mon cher homme, cette âme est maudite et je ne veux pas pardonner « aux hommes » comme tu dis. Ma soif de vengeance grandit à chaque fois que je vous côtoie. Je ne cesserais de le dire, les humains sont hypocrites.
-Aussi méchant que sois les hommes, ce n'est pas à toi de décider s'ils devraient vivre une vie descente ou pas. Encore une fois, il est temps que tu te pardonnes et que tu leurs pardonnes, que tu sois en paix avec tout le monde pour pouvoir vivre le restant de tes jours en paix lance Cheikh Fall
-Finissons-en avec cette mascarade, faite ce que vous avez à faire et laissez-moi partir dit-elle d'un ton calme et menaçant
Les imams comme s'ils répondaient à cette requête ont commencé leur récitation et cette fois ci cela dura au moins 2h non-stop. La mère de Fatima elle, avait fini par arrêter de vomir et se contentait de se coucher sur l'épaule de son mari. Cheikh Aidara a demandé à ce qu'elle ne sorte pas encore de la pièce.
Quant à Djinniya, elle ne pouvait visiblement plus résister face à ces paroles d'une grande sagesse. Elle luttait avec son envie de rester et cette douleur qui lui brulait tout le corps. Elle voulait leur tenir tête mais il est indéniable que sa force n'est rien comparée à celle de Dieu. Elle voulait en finir, fuir d'ici pour ne entendre ces paroles qui pourtant n'est que vérité. Elle s'était voilée la face pendant des années alors pourquoi changerait-elle aujourd'hui ? Et même si elle avait décidé de partir et de demander pardon, elle ne pense pas que Dieu lui pardonnerait d'avoir faite ces choses pendant des siècles.
-Maintenant que tu sais encore plus maintenant ce que Dieu a dit sur notre création, le but de notre vie ici, n'as-tu toujours pas envie de te convertir ?
-Je vais sortir mais je vous demande de ne pas m'obliger à me convertir leur dit-elle
-Ta conversion sera comme une garantie de sécurité, on te laissera partir en sachant que tu es sincère et que tu voudras avancer dans ta vie spirituelle. Rien ne nous garantit que si on te laisse partir tu n'importunerais personne.
-Rien ne garantit non plus que si je me convertis, je ne ferais pas de mal à quelqu'un d'autre réplique-t-elle
-Vois-tu c'est là que réside toute la magie de cette belle religion. Si tu sors d'ici convertie, tu auras toute notre soutien. On te laissera partir en se disant que tu feras du bien le restant de ta vie.
-N'est-ce pas là un comportement bien hypocrite ?
-On est personne pour te juger, seul Allah en est capable. Seul Allah sait ce qu'il y'a dans nos cœurs. Tu n'as pas à t'inquiéter, Dieu est clément et pardonneur. Toutes ces années que tu as passé à faire du mal, non seulement Allah va te pardonner mais ces maux vont se transformer en Hassennet
Djinniya malgré son manque de force se tourne difficilement vers Ahmada et lui jette un regard.
-Tu me rappelles Moussa lui dit-elle
Djinniya se posait milles et une question. Tout était tellement confus dans sa tête qu'elle ne savait plus vraiment quoi faire. Elle avait tant essayé de s'échapper de ce lieu pour revenir quand tout se calmerait mais elle n'y arrivait pas. Cette lumière que dégageait ces imams l'empêchait de partir et ces paroles nobles qu'elle essayait d'ignorer tournaient en boucle encore et encore dans sa tête.
Ahmada ne savait pas quoi répondre à cela. Il avait écouté l'histoire de cette créature d'Allah et comprenait plus ou moins ce qu'elle pouvait ressentir même si certaines de ses actions n'étaient pas à féliciter.
-Je vais me convertir mais j'aimerais rester auprès de cette famille. Je ne veux pas retourner auprès de la mienne. Je ne veux pas retourner dans ces montagnes et ce village de mes cauchemars. Cette vie maudite à laquelle j'ai eu droit depuis que je suis née, j'ose dire que c'est en grande partie de leur faute.
-Le pardon sera la clé de ton bonheur et je suis sure que vous seriez heureuse. Allah est là , tu n'es pas seule lui dit Ahmada d'un ton tendre, tellement tendre que Djinniya eu l'impression pour la énième fois qu'elle avait Moussa en face d'elle. Elle avait l'impression ne serait-ce qu'un instant que sa vie comptait aux yeux de quelqu'un.
-Nous allons procéder à une récitation pour te donner la force de te convertir.
Joignant les paroles aux faits, Imam Cheikh Aidara commença sa récitation et Fall s'en suivit. Cette fois, Djinniya n'a pas pu s'empêcher de verser des larmes. Elle pleurait si profondément que même un nourrisson aurait vite assimilé la douleur mais aussi la sincérité à laquelle cette créature voulait aspirer. Elle était perdue, prisonnière de sa rancune et de sa douleur. Elle n'avait personne pour lui rappeler que le tout puissant était là et qu'il pardonnait même le plus meurtrier des criminels.
Toutes les personnes présentes pensaient que Djinniya aurait dû mal à prononcer les mots tant attendu mais sans que personne ne s'y attende :
- Achḥadou an lâ illâḥa illa-llâḥ, wa-achḥadou anna Mouḥammadan rassoûlou-llâḥ murmure-t-elle avant de s'asseoir sur ces pieds comme pour se reposer après ce rude combat
Imam Cheikh Aidara s'arrête et regarde son coéquipier. Ils étaient contents qu'elles finissent par dire ces paroles alors qu'au début sa férocité semblait avoir le dessus sur leur ténacité. Allah les a aidés.
-Comment tu te sens ? Lui demande le père de Fatima
-Humm...Humm...gémit-elle en étouffant ses sanglots. Je me sens bien et mal en même temps. Je me sens mal de me sentir aussi bien après toutes ces choses que j'ai faite. Cette lumière qui est en moi, cette lumière que je vois...je ne comprends pas murmure-t-elle perdue
-Cette lumière n'est rien d'autre le fruit de ta volonté à vouloir changer : ta sincérité. Quel prénom voudrais-tu avoir ?
-Khadidiatou dit-elle sans hésitation
-MashAllah s'exclame-t-il. Nous allons appeler un autre djinn qui s'appelle Mouhamed. Ça fait des années qu'il est maintenant musulman. Il vient d'Inde, lui aussi a eu pas mal d'histoire mais par la grâce d'Allah il accomplit sa religion comme il se doit. Nous allons te mettre en rapport avec lui pour qu'il t'apprenne ce que tu dois savoir sur ta religion. Je vais à présent l'invoquer pour lui parler. Je reviens vite à toi.
Imam Cheikh commence sa récitation pendant une dizaine de minute quand tout à coup :
-As salamou Aleykoum Wa Rahmatullah nous dit Fatima ou la créature qui est en elle, ce qui est sûr c'est que ce n'était pas Djinniya ou Khadidiatou
-Comment tu vas ? demande Cheikh Aidara
-Je vais bien Al hamdoulilah
-Tu as bien vu Khadidiatou ?
-Oui répond t-il
-Je voudrais que tu l'aides à rester sur le droit chemin, que tu lui montres tout ce qu'il y a à savoir sur l'islam. Nous te faisons éperdument confiance pour ce rôle.
-Je ferais de mon mieux in sha Allahu Rabi.
-Qu'Allah te récompense Mouhamed
-Khadidiatou , tu es là ?
Quelques minutes passèrent avant qu'elle ne réponde.
-Oui je suis là. J'aimerais vous demander une chose demande-t-elle à l'imam.
-Oui dis-moi Khadidiatou
-J'aimerais un jour pouvoir m'entretenir avec Fatima et Khadija. Je leur ai fait beaucoup de mal et j'aimerais leur parler un jour. Quand je me sentirais mieux.
-Faites-moi confiance, je veux juste leur parler rassure-t-elle. Je ne leur ferais pas de mal, je ne leur ferais pas peur non plus.
-Nous te faisons confiance Khadidiatou , quand Fatima et Khadija iront mieux nous leur demanderont personnellement si elles veulent entrer en contact avec vous.
-Merci murmure-t-elle
-A présent, nous allons t'aider à sortir.
Ils commencent leur récitation et presqu'automatiquement le corps de Fatima commence à trembler. Elle se couche complément à terre et se met à convulser. Elle a commencé à gémir tel un chien enragé avant que tout ne devienne tout à coup calme comme si rien ne s'était passé.
Fatima ne bougeait plus, elle avait les yeux mi- ouverts mais ne réagissait pas. Son père est venue la soulever quand Cheikh Aidara lui a fait signe que c'était fini. Il l'aide à se lever car elle ne tenait plus sur ses jambes. Elle semblait perdue et ne comprenait pas vraiment ce qu'elle faisait ici. Mais quand elle a vu qu'elle était dans les bras de son père, elle est devenue moins tendue. Elle s'évanouit. Ahmad et son père paniquèrent mais Cheikh Fall le rassura immédiatement.
-Ne vous inquiétez pas, elle est juste fatiguée. Ça fait des heures qu'elle est dans une position pas confortable, elle commence à ressentir les effets. Elle ira mieux si elle se repose bien.
-Merci Imam
-Je vous en prie, nous allons faire des séances de roqya dans quelques jours pour qu'elle aille beaucoup mieux. En attendant chaque matin après la prière de Fajr , il faut qu'elle dise au moins 100 fois « Lâ ilâha illa-llâhu wahdahu lâ sharîka lahu, Lahul-mulku wa lahul-hamdu, Wa Huwa 'alâ kulli shay-in Qadîr »
-C'est aussi valable pour vous tous rajoute Cheikh Fall. Celui ou celle qui le dit 100 fois, Allah le protègera contre les djinns et effaceras ses péchés. Ne le négligez vraiment pas.
-Merci Imams, nous allons tacher de faire cette invocation. Merci pour tout réplique le père de Fatima. Merci à toi aussi Ahmada
-Je vous en prie Monsieur, ce n'est rien. Je vais devoir accompagner les imams. Je viendrai surement à la prochaine séance de roqya in sha Allah
-Nous t'attendrons In sha Allah
Ainsi des jours passèrent et tout semblait aller pour le mieux mais ce n'était que de face. Les problèmes étaient loin d'être fini. Fatima était délivrée de Djinniya et continuait ses séances de roqya avec imam Aidara mais elle n'arrivait plus à vivre sa vie correctement. Sur le plan spirituelle, elle allait on ne peut plus mieux mais elle avait une peur bleue de sortir. Elle est devenue encore plus fragile qu'avant. Elle avait peur de tout et de rien. Elle faisait tout pour ne pas inquiéter sa famille mais il est clair qu'elle n'est plus la même. D'ailleurs, on avait l'impression que depuis cet incident tout le monde avait changé. Sa mère quand elle a compris qu'elle avait été victime de sorcellerie, elle s'en ait voulu d'avoir empêché la guérison de sa fille. Malgré les efforts que son mari fait pour la rassurer, elle ne veut rien entendre. Elle pense qu'elle est la seule coupable de tout ce qui a pu arriver à leur fille. Cette famille est au bord du gouffre.
Elle n'est pas la seule dans cette situation. De l'autre côté, Ahmada n'a pas pu venir voir Fatima depuis qu'elle est guérit, il honorait sa parole de protéger Khadija quoi qu'il arrive. Avec ce qu'il lui est arrivé, sa fiancée a failli perdre la tête. Elle avait d'ailleurs passé quelques semaines à l'hôpital psychiatrique mais par la grâce d'Allah elle a pu sortir en forme, l'air d'aller beaucoup mieux même si la perte de son enfant a laissé un gout amer et une plaie qui n'est pas prête de se refermer de sitôt. Ahmada , Salimata et son entourage fait ce qu'ils peuvent pour l'aider à aller mieux.
En vérité, tout semblait être calme mais la réalité est tout autre, la douleur que les gens ressentaient n'était pas physique mais morale.
Vont-ils s'en sortir ?