Chapitre 4 - La cause de ses ennuies

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Un sursaut vint le sortir du lit, il n'était décidément plus habitué à se coucher si tôt. Il regarda l'heure : 8:40. Sa grand-mère déjà levée depuis longtemps, elle avait préparé les pâtisseries du petit-déjeuner sur la table et l'odeur du sucré embaumait tout l'appartement. Cela faisait longtemps qu'il ne vivait plus dans les quartiers de Marseille, mais déjà il se souvenait que les voisins aussi bruyants ne lui manquaient pas. Les cris d'enfants, les pleurs de bébés, les cris des parents, les musiques insupportables au maximum, les cours de chant improvisés... On était dans la vie bien active dès le réveil.
Après un rapide coup de vent dans la salle de bain, il quitta le petit habitacle pour aller chercher un peu de nicotine au tabac le plus proche. Dans le couloir, les odeurs âcres de poissons plus-que-grillés l'empêchèrent presque de prendre une bouffée d'air. Elles ne prenaient pas aux tripes, elles s'attaquaient directement aux poumons, bloquant l'entrée d'une air plus pur. On toussait à coup sûre. C'était comme la fumée invisible d'un feu de détresse, qui remonte à tous les étages. Et il y en avait des étages.

- Arg, bordel... Se dit-il en couvrant sa bouche avec le col de son sweatshirt.

Tandis qu'il commençait à descendre le premier étage, il entendit dans la cage d'escalier des voix haut perchées crier et s'insulter. Les cris d'un bébé qui sortaient d'un étage plus haut vinrent couvrir un peu le vacarme rugissant. Alors qu'il continua à descendre les trois étages, défilait une série de nouvelles histoires, avec des enfants qui s'amusaient déjà sur les paliers, cartables sur le dos, attendant que les parents sortent pour à aller à l'école, quelques plus grands qui partaient à peine, en retard, pour rejoindre les collèges et lycées du coin.
Arrivé au palier du rez-de-chaussée, il esquiva les gamins qui courraient de partout. C'était la foire, un jour banal, à 9h du matin.

Ce n'est qu'arrivé devant la porte vitrée de l'immeuble qu'il redécouvrit la même gamine qui ne semblait pas attendre l'école. Il sortit.

- Tu vas pas en cours ?

Elle eu l'air de capter sa voix. Vite, pour une fois. Elle sursauta presque face à la sollicitude soudaine du jeune homme pour elle. Toujours assise sur sa marche, dos à lui, elle devina que c'était lui, à sa voix. Après quelques secondes de réflexion, elle lui répondit.

- J'ai arrêté l'école y a quelques mois... Dit-elle faiblement.

Il s'approcha de la jeune fille et s'assit sur la marche, très proche d'elle.

- Pourquoi ?

Elle ne répondit pas. Il remarqua qu'elle avait légèrement plissé les yeux, le regard perdu dans le vide.

- C'est compliqué.

Il semblait y avoir comme un murmure craquelé dans sa voix. C'était la première fois qu'elle semblait avoir de l'émotion dans ses paroles. Le jeune homme en fut touché.

- Tu veux bouger ? Ici ça ne va faire que passer, avec tous les gamins qui vont sortir et les renpa qui vont rentrer.

Elle acquiesça assez vite. C'était inhabituel venant d'elle, même si parler d'habitude était grossier, il s'en doutait.

Ils commencèrent à marcher le long de la Cité, à la recherche d'un peu plus de tranquillité. A cette heure-ci, beaucoup de cris d'enfants et de parents engueulant leurs enfants résonnaient.
Arrivés à une destination plus calme, il misa à nouveau son attention sur la jeune brune accidentée.

- C'était ta mère hier soir ? Elle a pas l'air facile à vivre comme ça.

- Ouais on peut le dire...

Tout commence à l'Iris 𑁋 Deen BurbigoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant