A cet instant, cela la remplit d'une intense tristesse. Du moins cela y ressemblait. Elle fut touchée, piquée dans le cœur, de ne pas savoir exprimer les plus élémentaires des émotions humaines. Ses peurs, ses angoisses, ses crises de panique et de tétanie, tout ressurgissait. Elle se renfermait à nouveau dans ses ténèbres. Plus rien autour ne lui semblait réel.
- Il s'est passé quoi t'à'l'heure, quant on était sé-po à l'Arsenal ? Demanda le grand frère depuis son lit. T'avais l'air ailleurs.
Elle ne répondit pas.
- Lou ?
Devant son mutisme, il ne cessa de l'observer. Elle avait gardé une attitude bizarre depuis qu'ils s'étaient tous posés devant les murs de l'Arsenal après les cours. Elle s'était repliée sur elle-même, pensive, et comme terrifiée par ses propres pensées. Toujours silencieuse, elle sortit à peine par moment quelques onomatopées, mais il comprit vite qu'elle n'était plus connectée au monde. Pour une raison ou pour une autre, il retrouva la jeune fille qu'il avait rencontré il y a quelques mois, muette, observatrice, seule.
Il comprit qu'il n'obtiendrait gain de cause en essayant de lui parler. D'un geste, il se redressa, assis sur son lit, attendit quelques secondes, observant toujours sa jeune colocataire couchée dans son lit de fortune, à ses pieds. Il releva la couverture qui lui recouvrait tout le corps, se glissa dessous près d'elle, la serrant fort au passage, et remis la couverture sur eux.
- Mykee... Avait-elle très faiblement sorti, de sorte qu'il ne pu peut être même pas l'entendre.
- Oui ma belle, je suis là.
Il resserra le petit corps contre lui, l'entourant complètement de ses bras. Elle était cachée sous la couverture, le visage plongé dans le torse du jeune homme. La chaleur était intense et, comme dans un soulagement, la jeune fille se détendit enfin sous son étreinte.
- J'ai peur... Que tout ça recommence.
Uppercut, se fut comme un coup de poing en plein dans le thorax qu'il se prit en oneshot.
- Je laisserais personne t'obliger à y retourner, j'te promet. C'était un déchirement pour lui de ne pas pouvoir évincer ses craintes.
- Mais je peux pas rester pour toujours ici Mykee... J'ai pas le droit... Sa douce voix était tremblotante et à peine perceptible.
- Zarma, arrête de penser à ça. J'te promet que si je recroise ta mère et qu'elle te touche je fous le zbeul.
Il ne réussit pas à la convaincre suffisamment pour lui décrocher un sourire. Même si il ne la vit pas, il sentit qu'elle était toujours inerte au monde, déconnectée, perdue dans l'obscurité.
- Mykee ? Dis... Ça fait quoi d'aimer ?
Alors celle-ci, il ne s'y attendait pas ! Mais pourquoi elle demandait ça, tout d'un coup ? Un peu déboussolé, il répondit.
- Ben... Quand t'aimes, t'as envie de protéger. Tu te sens bien avec, mieux. T'oublies un peu tes problèmes.
Elle réfléchit, longuement, au sens de ses mots, cherchant dans sa mémoire les 13 années qui l'avaient précédée.
- Je crois pas que j'ai déjà aimé...
- C'est pas grave, t'es pas obligée d'aimer. Tu pouvais pas trop, avec ta reum...
- Je crois pas qu'on m'aie déjà aimée non plus.
Après un court silence, une réflexion intérieure, sur les derniers jours de prises de tête, et après l'envie de ne plus se la prendre à ce sujet, il lâcha finalement l'affaire, fatigué.
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Tout commence à l'Iris 𑁋 Deen Burbigo
General FictionDeen Burbigo 𑁋 L'Entourage 𑁋 Saboteurs ❝ 15 octobre 2004 - 23:30 Cité des Iris, Marseille. Assise sur la marche devant les portes de l'immeuble, des jeunes dealent à quelques dizaines de mètres plus loin. La gamine est seule, attend, fixe, o...