- C'est le chaos dans ma ville, viens visiter ma tête... Chantonna t-il doucement, un stylo et un bout de papier griffonné et plié sur le genou.
- Bon alors Feu, tu te stoppes méja ? Vas-y viens faire une tipar, on va relancer là !
Framal le sortit de ses pensées. Il se reconnecta à la soirée, aux gars, à l'ambiance autour de lui. Pourtant, une partie de lui occupait quelques unes de ses méninges à autre chose.
Cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait pas parlé à Lou. Deen avait arrêté de se plaindre et d'en parler, peut être qu'elle allait mieux. Elle avait en tout cas arrêté de boire et ressortait un peu, pour aller en cours. Alpha ne revoyait pas la couleur de son disque dur, elle avait dû fumer toutes les séries et tous les films de son téra.
Il était prit de culpabilité. Et à chaque fois qu'il revoyait Deen, son souffle se coupait. Il se sentait déferler. Presque rien ne s'était passé, mais ce 'presque' le tuait.
Après plusieurs jours à se tourmenter, il préféra finalement avouer à Deen la soirée chez Lou et lui. Prit de regrets, il se flagellait. Lui qui avait arrêté de boire pour être maître de ses actes, il n'avait pas pu rester maître de ses émotions. Il avait avoué à Deen avoir bu pour l'accompagner. Puis finalement il avait bu pour lui-même, pour sortir de sa cage, se libérer des contraintes de ses peurs. Il avait avoué avoir ri aux éclats avec Lou, l'avoir faite parler, s'être amusé à la chambrer. Il avait avoué l'affection qu'il ressentait pour elle avant ce soir là, cette affection fraternelle qu'il se devait de l'écouter, et d'être présent pour elle dans ces moments. Il avait avoué ses remords d'avoir tout perdu à cause de la faiblesse de ses pulsions, des pulsions inexplicables, trop soudaines, qu'il n'avait pas pu analyser ni contrôler. Il avait avoué s'être réveillé et libéré de ces pulsions après avoir vu l'état dans lequel il avait plongé Lou. Il l'avait blessée, sans réellement le vouloir. Il avait avoué toute la culpabilité qui s'était abattue sur lui au moment où il l'avait revue, sortir de la salle de bain, les yeux gonflés, et le visage défait, triste. Il avait avoué que le seul fait de l'embrasser, avec passion, pendant 120 secondes seulement, avait suffit à détruire la confiance qu'elle avait en lui, le respect qu'il avait pour lui-même, et surtout la confiance de son frère, lui, Deen. Il avait avoué qu'il n'arriverait pas à se pardonner cette erreur, et qu'il ne pourrait pas enlever le remord qu'il ressentait. Il espérait seulement le pardon de son frère. Le pardon pour un acte impardonnable.
- Frère... Finit par dire Ken. Répond moi, cogne moi...
Seuls assis sur les toits, pendant que les cris et les hurlements des autres gars arrivaient à leurs oreilles depuis la fenêtre ouverte, Deen bouillonnait. Il bouillonnait car ce n'était pas la première fois qu'un frère faisait traîtrise. Ken le savait. Il était bien placé pour se juger, lui qui avait auparavant été anéanti par la traîtrise d'un de ses anciens frères aussi. Perché sur les toits, il remettait en doute ses sons, l'album du groupe, la tournée qui allait bientôt débuter, mais le plus important : sa relation avec l'un de ses meilleurs amis.
- Tu lui as reparlé depuis ? Dit-il en brisant finalement le silence.
- Non, pas depuis dix jours, répondit Ken.
- Pourquoi ?
Il hésita quelques secondes. Pourquoi ? Il était perdu.
- Je sais ap. Je crois que j'essaie encore de comprendre comment on a pu en arriver là. Comment j'ai pu en arriver là.
Deen était calme. Il attendait. A vrai dire, il n'avait plus trop à dire. Perdu entre la déception et le soulagement, celui d'être au courant. Cela expliquait quelque peu le changement de comportement de Lou ces dix derniers jours, qui s'ouvrait de nouveau un peu plus à lui et s'était calmée, avait recommencé à suivre ses cours, doucement. Mais elle n'avait rien dit, elle ne lui avait rien dit.
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Tout commence à l'Iris 𑁋 Deen Burbigo
General FictionDeen Burbigo 𑁋 L'Entourage 𑁋 Saboteurs ❝ 15 octobre 2004 - 23:30 Cité des Iris, Marseille. Assise sur la marche devant les portes de l'immeuble, des jeunes dealent à quelques dizaines de mètres plus loin. La gamine est seule, attend, fixe, o...