Cela devait faire 10min que Deen se tenait muet, à l'écoute du silence de la chambre. Il ne cessait de regardait son portable dans sa main, prêt à bondir sur le prochain appel de Lunah. Il n'espérait que trop qu'elle rappelle. Pourquoi cette longue absence, puis un appel soudain, et plus rien depuis ? C'était à ne rien y comprendre. Puis cette chambre... Cette chambre qui sentait son odeur vanillée... Il devenait fou. Il entendait des bruits, il s'imaginait vaguement les souris dans les murs, qu'il avait dû réveiller en se fracassant dessus et qui grattaient par moment. Il ne tenait plus dans cette chambre, vide. Son odeur était là, elle devait être là, mais elle n'y était plus.
Il sortit de la chambre pour atterrir à nouveau devant l'entrée où tous les gars s'étaient rassemblés, autour des deux gorilles, encore maintenus au sol. Au nombre qu'ils étaient, ils n'avaient pas beaucoup de chance de se relever.- T'es qui pour Lunah ? Pourquoi vous l'avez embarquée ce soir ? T'es pas au courant que sa daronne c'est une kalbah qui la tape ? Oh, la con de ta mère, tu réponds ?! Deen assena un coup de pied sur la tempe du gars qui vacilla un peu.
- Tu me demandes qui je suis ? Elle t'a pas parlé de moi cette petite pute ? Ahh quand je vais la revoir... Il marqua un temps, sachant que le jeune en face de lui bouillonnait de rage. J'suis son père. Et la ''raleba'' comme tu dis, fais gaffe à toi, c'est ma femme ouais. Il cracha un peu de sang. T'as cru que tu pouvais, toi, embarquer la p'tite et faire d'elle c'que tu veux dans ton p'tit coin ?
- C'que j'veux ? T'es un fada toi.
Sa mâchoire se crispa à le voir tel qu'il était. C'était donc lui son père ? Lunah lui avait beaucoup parlé de sa mère, de ses coups, de ses crises, de ses folies, de la maladie qui la faisait complètement disjoncter. Elle n'était pas un danger que pour Lou, elle l'était pour elle-même. Elle s'arrachait les cheveux, elle se tailladaient les bras et les cuisses lorsque Lunah s'enfermait dans sa chambre, lorsqu'elle craquait. Elle la faisait constamment culpabiliser, pour tout et pour rien. Pour tout ce qui pouvait ne pas lui arriver, puisqu'il ne lui arrivait plus rien. Elle ne sortait jamais de l'appartement, trop anxieuse d'être à l'air libre. Et les rares personnes qui avaient osé frapper chez elle au début pour se plaindre du bruit, elle leur avait bondis dessus et tapé à coups de poings dans le couloir, avant que Lunah n'intervienne et la traîne dans l'appartement. C'était toujours ce même schéma : ses crises commençaient, sa colère montait, et Lunah devait la calmer.
Deen avait entendu maintes et maintes histoires sur sa mère, une folle, une violente. Mais Lunah n'avait jamais trop dit sur son géniteur. Il n'était pas mieux que sa mère, mais il était parti tôt. Elle lui avait déjà dit qu'elle le revoyait, mais rarement, sans trop dire où ni comment. Il n'avait jamais insisté, attendant toujours que ce soit elle qui fasse le premier pas. Et elle avait fini par complètement lui faire confiance. Enfin c'est ce qu'il pensait.
Cette confrontation avec son géniteur le troubla, il n'avait que peu d'informations sur lui. Mais il était vraisemblablement toujours en contact avec sa mère.- Tu réfléchis trop gamin. T'as vraiment cru que tu pouvais te tirer avec la gamine comme ça ? Ahh puis avec un arabe en plus ! On sait comment vous-
- T'oses même pas l'appeler par son prénom fils de ! Il lui fracassa à nouveau un coup de pied.
Son visage rebondit même sur le sol tellement le coup était parti rapidement. Le nez complètement en sang, il cracha dans un fou rire diabolique sa haine contre lui.
- Qu'est-ce t'as gamin ? T'es tombé amoureux ? Tu croyais que j'allais te laisser la fou-
Un autre coup dans le ventre le coupa dans son dialogue.
- On est pas tous comme toi et ta chienne là, à être complètement fada et à la taper ! Elle est bien avec oim ouais, parce qu'elle est en sécurité, ce qu'elle a jamais connu avant !
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Tout commence à l'Iris 𑁋 Deen Burbigo
General FictionDeen Burbigo 𑁋 L'Entourage 𑁋 Saboteurs ❝ 15 octobre 2004 - 23:30 Cité des Iris, Marseille. Assise sur la marche devant les portes de l'immeuble, des jeunes dealent à quelques dizaines de mètres plus loin. La gamine est seule, attend, fixe, o...