Chapitre 28 : Un soutien passager ? ✓

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M A S O N 

Ce matin, je me réveille à sept heures. Non, ce n'est pas à cause d'une insomnie, d'un cauchemar ou d'un rendez-vous. C'est fait exprès. Hier, en rentrant du city stade, j'ai été voir Summer dans sa chambre et je lui ai dit que je l'accompagnerais au cimetière aujourd'hui. Je ne lui ai pas laissé le choix, et elle n'a pas essayé de m'en dissuader.

Je n'ai pas envie de la savoir seule au cimetière avec son chagrin et je veux lui rendre la pareille. Je veux être là quand elle aura besoin de moi comme elle a été présente lorsque je n'allais pas bien.

On pourrait penser que je peux comprendre sa douleur car je n'ai moi-même plus de parents, mais ce que nous vivons est différent. Ma mère m'a abandonné et mon père est devenu con. Évidemment, je suis triste de ne plus avoir le même père qu'avant le départ de ma mère, car c'était un bon père, c'est lui qui m'a initié au football et on jouait souvent ensemble le soir après l'école... Cet homme me manque, et j'aurais aimé que Nate le connaisse ainsi.

Et puis, la douleur de perdre ses parents parce qu'ils sont morts est différente. De plus, leurs parents étaient des gens bons, ils ne méritaient absolument pas de mourir aussi brusquement.

Je sors du lit en silence pour éviter de réveiller Nate. J'attrape un jean et un pull au hasard et m'habille en vitesse. Je retrouve Summer qui est déjà dans la cuisine, assise à table, une tasse fumante entre les mains qu'elle ne semble pas vouloir boire.

Je me verse à mon tour une tasse de café et m'installe face à Summer sans dire un mot. Je sens déjà l'atmosphère pesante nous entourer. Ça me conforte dans l'idée que je ne veux pas la laisser seule face à son chagrin.

Je l'observe attentivement, son regard est vide, son expression neutre, elle ne bouge pas d'un millimètre. Elle est statufiée et je parie qu'elle est plongée loin dans ses souvenirs. Je déteste la voir comme ça, j'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas vu la fille souriante, drôle, pleine d'énergie que je connais. J'ai envie de prendre sa douleur et de la supporter à sa place...

Je reste assis en silence à la contempler, je me demande comment faire pour l'aider et je me demande comment cette journée va se terminer.

Au bout d'une dizaine de minutes, Summer sort de sa bulle et semble me remarquer seulement maintenant. Pour la première fois depuis une semaine, elle me parle enfin :

- Je vais m'habiller, je reviens.

Sa voix est éteinte, dénuée de toutes intonations. Ça me fout un coup dans l'estomac que j'ai du mal à m'expliquer. Je hoche la tête, et elle s'enfuit hors de la cuisine. Deux minutes plus tard, elle revient habillée d'un jean et d'un sweat rouge à capuche.

Je nettoie ma tasse tandis qu'elle attrape son sac à main, et nous sortons dans l'air frais du matin.

Avant de nous rendre au cimetière, on fait une halte chez le fleuriste. Summer choisit un bouquet de roses rouges et un d'œillets. Une fois de retour dans la voiture, elle m'explique qu'elle prend toujours les mêmes bouquets. Les roses rouges représentent l'amour qu'elle porte à ses parents, elle me précise que c'était aussi les fleurs préférées de sa mère, et elle m'apprend que les œillets sont les fleurs qui représentent le deuil.

Après ça, elle ne dit plus rien et je la laisse tranquille jusqu'à ce qu'on arrive au cimetière après une heure de route en voiture. Summer ne perd pas une minute, à peine j'éteins le moteur qu'elle marche déjà en direction de la tombe de ses parents.

Je décide de lui laisser un peu d'avance, pour qu'elle puisse être seule le temps qu'elle dépose les fleurs et se recueille. Je marche derrière elle et observe les autres tombes ainsi que les personnes âgées qui arrose les bouquets et nettoie les tombeaux.

Mes 5 frères et moi (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant