Chapitre 37 : Un mental d'acier ✓

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M A S O N 

Nous sommes toujours dans cette même pièce. Rien n'a changé, à part qu'ils nous ont détachés et enlevés les cordes qui nous retenaient ainsi que les chaises. Mais nous sommes enfermés à double tours sans aucun échappatoire.

Nous sommes sales, fatigués, épuisés... Ça fait bien longtemps que j'ai perdu la notion du temps. Depuis combien de jours, mois, années sommes-nous ici ?

Les personnes qui nous tiennent en otage ne nous parlent pas et tant mieux car je ne suis pas d'humeur à converser avec eux.

Depuis que nous sommes arrivés, nous n'avons pas été autorisés à prendre de douche. Je vous laisse imaginer l'odeur qui emplit la pièce exiguë. C'est un mélange d'urine, de saleté, de transpiration. Je pense que nous nous sommes tous habitués à la puanteur, mais à chaque fois, l'homme grand et baraqué qui nous apporte le peu de nourriture dont nous avons droit, fronce les sourcils et retrousse son nez dès qu'il ouvre la trappe en bas de la porte.

Nos repas ne sont que des bouillis dont on ne devine le goût d'aucun ingrédient. Nous n'avons le droit qu'à un seul repas dans la journée. Un seul bol de bouilli par jour que nous sommes obligés de nous partager en six avec une bouteille d'eau que nous devons nous partager également.

J'apprécie que les Miller fassent toujours en sorte que Nate mange un peu plus que nous. Il doit grandir et je ne voudrais pas qu'il ait des carences.

Les journées sont longues et nos esprits sont mis à rude épreuve. J'ai bien crû que j'allais péter un câble plus d'une fois. Je me demande sans cesse si je vais pouvoir revoir la lumière du jour.

La femme nous avais expliqué qu'elle faisait dans le traffic d'enfants. Mais apparemment, les affaires ne marchent pas fort. Premièrement, nous sommes toujours tous les six ensemble, et deuxièmement, j'ai cru comprendre qu'il y avait d'autres personnes dans le lieu où nous nous trouvons qui sont dans la même situation.

- Tu crois que Casey pense à moi ? me demande soudainement Jason qui est assis à mes côtés.

- Sûrement oui. Ça semblait bien se passer entre vous, non ?

- Oui, super bien. Je sais qu'on ne parlait pas souvent de notre relation mais on s'entendait vachement bien. Et puis on aimait se chamailler tous les deux, même si ça ne faisait pas longtemps qu'on sortait ensemble. Peut-être qu'elle m'a oublié ? Ou qu'elle est passée à autre chose ?

- Tu crois vraiment qu'une fille pourrait oublier Jason Miller ? je lui demande en plaisantant pour essayer de le rassurer.

Il rigole légèrement avant de répondre en haussant les épaules :

- Elle n'est pas comme les autres filles.

Je le regarde sans rien dire, je ne m'étais pas rendu compte qu'il en pinçait autant pour cette fille. Jason a le regard triste et fixe distraitement un point sur le mur.

- Et toi, comment te sens-tu vis-à-vis de Summer ? me demande Connor en s'approchant de nous.

Je souris doucement, elle me fait le même effet à chaque fois que je pense à elle. Elle me calme et m'apaise, c'est elle qui me retient de péter un câble et de perdre pied. Elle me manque tellement ainsi que son sourire, ses rires, ses mimiques... J'aimerais tellement pouvoir la serrer dans mes bras et l'embrasser encore une fois.

- Elle me manque énormément. J'espère qu'elle est en sécurité.

- Oui moi aussi, répond Connor en hochant la tête.

- Comment tu fais pour être toujours aussi calme ? je lui demande.

- Comment ça ?

- Depuis que je te connais tu es toujours calme et réfléchi, tu ne prends jamais une décision sur un coup de tête.

- Je n'ai pas toujours été comme ça tu sais...

Connor relève la tête lentement pour me regarder dans les yeux. Son regard et son sourire en coin sont tristes. Il reprend son discours d'une voix plus douce :

- Après la mort de mes parents j'ai gardé mon calme comme je le faisais d'habitude jusqu'à leur enterrement. Je n'avais encore ni pleuré, ni crié ou quoi que ce soit d'autre. Mais par la suite, je n'ai plus supporté personne. Les inconnus m'insupportaient, mes profs puis mes amis et même mes frères et ma sœur. Je me suis beaucoup renfermé sur moi-même, jusqu'au jour où j'ai décidé que je n'en pouvais plus et que j'ai tenté de me suicider.

Connor s'arrête dans son discours. Je le regarde bouche bée, sans savoir quoi dire.

- J'allais... J'allais prendre une dose beaucoup trop élevée de médicament, mélangé à de l'alcool. Heureusement que Brodie est entré dans ma chambre à ce moment-là. Le pauvre, on lui en a tous fait voir de toutes les couleurs...

- Pourquoi ? je lui demande simplement, peut-être bêtement.

Il comprend de suite le fond de ma question.

- Pour moi c'était le seul moyen de revoir mes parents et de mettre fin à ma souffrance.

Plus personne ne parle pendant un moment. À vrai dire, nous n'avons plus la tête à discuter et ce n'est pas comme si nous avions beaucoup de choses à nous raconter.

Il n'y a aucune fenêtre dans l'endroit où nous nous trouvons. Seule une lumière artificielle éclaire la pièce. Elle s'éteint la nuit et se rallume le jour. Enfin c'est ce que je crois, la lumière est sûrement un autre moyen de nous faire perdre toute notion du temps.

Alors que j'allais m'endormir, des coups et des bruits stridents se font entendre. Notre attention est totalement focalisée sur ce qu'il se passe à l'extérieur. D'habitude il n'y a aucun bruit.

La porte de notre cellule s'ouvre avec fracas, une lumière nous aveugle instantanément et nous oblige à plisser les yeux. Une voix d'homme crie au-dessus du vacarme :

- Ils sont là ! Je les ai trouvés ! 

Mes 5 frères et moi (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant