Chapitre 17

561 69 29
                                    

Depuis notre petite mise au point, Holly est un peu plus détendue et nos séances de travail commencent à ressembler à celles que nous avions avant les vacances. Même si je fais bien attention à n'aborder aucun sujet personnel, je me trouve plus décontracté à l'issue des deux heures passées chez elle. Holly a recommencé à s'asseoir à côté de moi et mon bégaiement s'adoucit. Hier, elle a placé son pied sous ses fesses pour mieux se redresser et m'indiquer des éléments sur mes fiches. Mes yeux suivaient le mouvement de son index mais mon esprit était déjà ailleurs. Son parfum envahissait tous mes sens, elle était si proche l'espace de quelques secondes mais je n'ai pas bougé. J'ai seulement apprécié son léger abandon en souriant doucement.

Elle me laisse progressivement retrouver la place que j'occupais et je savoure chaque petite victoire. Mes pâtisseries ont à nouveau ses faveurs, elle ne résiste plus à la tentation sucrée. J'ai donc repris mes habitudes en cuisine pour lui préparer des gâteaux inédits rien que pour elle. Hier, elle m'a fait remarqué que je visais constamment juste en choisissant les saveurs. Je me suis contenté d'acquiescer sans lui avouer que c'est ma façon à moi de lui montrer que je fais attention à elle, malgré ce qu'elle peut en penser. Son rire a également de nouveau résonné, j'ai été moi-même surpris de la violence de la tempête que cela a déclenché dans ma poitrine. Holly s'est même autorisée à me taquiner quand ma langue a fourché. Je suis resté sage, j'ai ri avec elle mais je n'ai pas surenchéri.

Et je pense pouvoir dire aujourd'hui que mes efforts ont payé. Elle a compris que je respectais ses choix même si je ne les approuve pas. Elle a vu de ses propres yeux que je suis capable de ravaler mes envies pour la rapprivoiser. Elle a accepté de me laisser l'approcher et je ne boude pas mon plaisir. Même si je suis constamment en train de faire attention à ce que je dis, ce que je fais.

Vous n'imaginez pas la largeur de mon sourire quand Holly a poussé la porte du pub lors de sa pause méridienne en début de semaine. Elle n'avait pas remis les pieds ici depuis notre altercation sur le parking de l'école et je ne lui en avais pas reparlé. Mais secrètement, j'espérais qu'elle soit de retour très vite pour ensoleiller mes journées. Lorsqu'elle s'est timidement installée à sa table habituelle, j'ai laissé Abbi se charger de sa commande et je me suis contenté de lui apporter un dessert. Un dessert qu'elle n'avait pas réclamé bien sûr mais qui a su se faire une place dans son coeur. Une mousse légère à la crème de marron, des framboises givrées et un biscuit croquant pour soutenir l'ensemble. Elle a fermé les yeux en dégustant la première cuillerée. J'ai serré mon poing en signe de victoire en voyant sa gourmandise se pavaner.

Ce midi, elle a même prolongé sa pause mais je ne sais pas si c'était vraiment volontaire. Après s'être régalée avec un gratin de légumes et un éclair griotte/citron, elle a sorti un tas de feuilles qu'elle a corrigées pendant un long moment. Ses cheveux, retenus sur son crâne grâce à un stylo négligemment positionné, se sont amusés à lui chatouiller le cou. Le petit pli entre ses sourcils est revenu et ses lèvres ont adopté la moue qu'elle fait quand elle se focalise entièrement sur quelque chose. Elle était si concentrée que lorsqu'elle a relevé le nez sur l'horloge, ses yeux se sont arrondis de surprise et ses lèvres ont laissé échapper un juron. Elle a remballé ses affaires et a disparu à la vitesse de l'éclair.

Nos interactions se font un peu moins nombreuses, c'est vrai, mais je crois que les jours sombres sont derrière nous. Holly ne craint plus ma présence et je pense même pouvoir dire qu'elle apprécie ma compagnie. Plus les heures passent, plus sa joie de vivre et son espièglerie sont de la partie.

En descendant du bus en ce mercredi après-midi, je croise les doigts pour que son humeur soit toujours au beau fixe. Je consulte l'heure sur mon téléphone, seize heures cinquante trois. Mila doit avoir terminé ses devoirs. Elle est sûrement dans les pattes d'Abbi. Je ris doucement en imaginant ma patronne ne pas savoir comment se débarrasser de mon petit démon qui insiste toujours pour l'aider à porter les plateaux remplis de verres.

HollyciousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant