Chapitre 25

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Une semaine. Cela fait déjà une semaine que je ne vis plus. Je passe le plus clair de mon temps greffé à mon téléphone, à attendre des nouvelles de Bastien. Dimanche dernier, quand Mila était couchée, je me suis dépêché d'appeler mon meilleur ami. Je lui tout raconté d'une seule traite. Il a été aussi choqué que moi de savoir qu'Ariane était de retour et il s'est tout de suite inquiété pour ma fille. Je lui ai demandé de se renseigner sur elle, de vérifier si tout ce qu'elle m'avait dit était vrai. Il a consciencieusement noté tous les éléments que j'avais à ma disposition et m'a promis de jouer de sa position d'assistant juridique dans un cabinet d'avocat pour mener une petite enquête. Depuis, il me téléphone tous les soirs pour faire le point sur ses trouvailles.

Jusque là, je dois avouer qu'Ariane ne m'a pas menti. Elle travaille bien comme secrétaire médicale dans un cabinet regroupant trois praticiens, elle vit bien avec un homme nommé Alban et elle a bien suivi une cure de désintoxication il y a quatre ans. Il a également joué de ses relations pour vérifier son adresse et son casier judiciaire. Selon Bastien, elle mène la vie qu'elle m'a décrite. Mais il m'a promis de continuer à creuser et de faire encore appel à tous ceux qui pourraient l'aider à trouver une information compromettante, si elle existe.

Ces derniers jours, j'ai aussi beaucoup échangé avec Jacques et Annie. J'ai ressenti le besoin de leur parler, de me confier. Ils étaient aux premières loges lors du départ d'Ariane, ils ont eux aussi vécu la brutalité de sa disparition et les conséquences directes sur ma vie. Ils se sont montrés très soucieux. Annie s'inquiète beaucoup du sort de sa petite-fille de coeur. Jacques, moins expressif mais tout aussi préoccupé, m'a proposé de nous rendre visite dans quelques semaines. Ça m'a fait du bien de me sentir entouré.

Je n'ai pas été très studieux en début de semaine mais Holly ne m'en a pas tenu rigueur. Elle a insisté pour être présente pour moi, elle m'a demandé de la tenir informée, de lui dire tout ce qui me pesait, tout ce qui encombrait mon esprit. Je ne savais que c'était aussi salvateur de partager ses fardeaux. Mais elle m'a montré comment faire, elle m'a donné du temps, de l'espace et des mots. Tout un tas de mots qui m'ont rassuré, qui m'ont permis d'avancer un jour après l'autre. Qui m'ont permis d'arriver à aujourd'hui, ce dimanche matin où ma vie va changer.

J'ai décidé de parler à Mila.

Ariane s'est montrée patiente mais présente. Elle a fréquenté le pub tous les jours de la semaine, a attendu un signe de ma part sans me forcer la main. Elle était comme une ombre dont on ne peut se défaire mais à laquelle on s'habitue. J'ai essayé de la tenir à distance mais ma distance, elle n'en a pas voulu. Tous les jours, je l'ai observée attablée au pub, vêtue de vêtements sobres mais élégants. Je l'ai entendue parler au téléphone avec son petit-ami, je l'ai vue lire tranquillement des bouquins en savourant mes pâtisseries. Je l'ai regardée espérer silencieusement, m'implorer du regard. Et même si j'ai détourné les yeux à chaque fois, j'ai senti cette lame me transpercer le coeur. Parce que je voyais bien qu'elle n'avait rien à voir avec la fille qui est tombée enceinte il y a six ans.

Alors grâce à toutes les recherches qu'a fait Bastien, grâce à la sagesse d'Annie et au soutien d'Holly, j'ai choisi de parler à Mila et de lui avouer la vérité.

En attendant, je suis mort de trouille.

Hier soir, après mon service, Holly nous a rejoints et nous avons passé une douce soirée tous les trois. Elle n'a cependant pas dormi ici pour me permettre d'avoir une discussion à coeur ouvert avec ma fille sans que notre moment ne soit perturbé par sa présence. Même si je sais que son geste n'était guidé que par de bonnes intentions, je n'ai pas aimé lui dire au revoir au milieu de la nuit. J'aurais voulu la garder près de moi, la serrer entre mes bras et calquer ma respiration sur la sienne. Ainsi, peut-être aurais-je réussi à trouver le sommeil. Peut-être que le chatouillement de ses cheveux contre mon torse m'aurait assez distrait pour que j'arrête de m'imaginer les pires scénarios possibles.

HollyciousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant