Chapitre 1 Rencontre

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Lundi  1 janvier 2005

Avez-vous déjà ressenti ce manque de vide en vous ? D'être comme une inconnue pour vous-même alors que vous vivez dans un lieu depuis longtemps, depuis si longtemps que vous pensez que vous allez vous attacher à ce monde ? Moi qui ai toujours cru que tout ce que je vis en ce moment, dans ma classe, était la plus pire des choses qui puisse m'arriver, j'avais tort. En parlant, ça vous est déjà arrivé d'être traité comme une moins que rien tout ça à cause d'une simple question d'argent ?  Eh bien moi, si. Et je peux vous assurer que c'est bien la plus pire des choses. Surtout, lorsqu'il est question de sentiments.

Je me pose depuis toujours cette question : est-ce qu'une fille comme moi a un avenir ?

Je m'apprêtais à entrer en classe et à subir l'attention malsaine de certaines personnes que je ne pouvais considérer comme des humains.

J'entrai et je rejoignis ma place habituelle, proche du tableau, tout en sentant des regards moqueurs autour de moi. Des filles, loin derrière moi, me lancèrent des boulettes de papier qu'elles avaient confectionnées. Et moi, sur ma chaise, je me recroquevillais et pleurais intérieurement. Mon cœur souffrait.

Je sentis tout d'abord leur sourire de connivence. Puis leur rire s'entendit de loin. Acte de méchanceté qui m'était encore destinée, je suppose. Car je ne m'étais pas retournée afin de vérifier que c'était bien à moi qu'elles s'adressaient.

Je commençais à en avoir ras le bol de cette vie. Mais comment leur dire d'arrêter lorsque l'ont n'avait même pas confiance en soi-même ? Hélas, ce n'était que des bêtes sans cœur.

Elles se levèrent, se dirigèrent  vers moi, saisirent mon sac et vidèrent le contenu sur le sol. Je ne réagis pas.

— Alors Reina, on s'ennuie ? Rigole l'une des filles en mâchouillant son chewing-gum.

— Arrête, ne prononce pas ce nom. N'oublie pas que son nom c'est Miss POUBELLES, ricana l'autre de plus belle.

Elles étaient aux nombres de trois, une rousse dont le nom était Sonia. Elle était grande, taille mannequin, pas forcément belle, mais pas moche non plus. Elle portait toujours une robe longue ornée d'une ceinture en satin. Ils sembleraient que ce soit elle le chef de la bande si je puis dire. Il suffirait qu'elle dise un mot pour que les deux autres s'y exécutent. La seconde s'appelait Annie, c'était une Asiatique aux yeux légèrement bridés. Ses cheveux ressemblaient à un rideau de soie noir couvrant sa tête. Elle était toujours fidèle à son style et portait souvent des minis robes à volant toujours surplomber d'une veste en jean. La dernière était une petite blonde du nom d'Angelina, elle, muette comme une carpe, ne disait jamais rien. La plupart du temps, elles sont plus lorsqu'elles viennent m'attaquer. Cependant, les autres ne font qu'exécuter l'ordre de ces trois-là. Ce ne sont que des sbires soumis à eux.

— Ouais, t'as raison, fit Annie en plaquant son chewing-gum dans mes cheveux.   

Elles partirent ensuite sans demander leur reste. Les autres dans la salle ne faisaient que regarder la scène de loin. Pourquoi ils n'agissaient pas ? Tout simplement parce que ça leur amusait qu'une personne se fasse martyriser.                                                                                       

Je m'agenouillai pour ramasser mes cahiers et mon livre de math qu'elles avaient renversés. Je passai ensuite ma main droite dans mes cheveux pour arracher le chewing-gum qu'elles avaient collé. Mais celui-ci persistait à rester englué dans ma mèche. Je pris alors mon ciseau qui se trouvait sur ma table et d'un geste légèrement brusque, je coupai à hauteur de l'objet maudit. En même temps, leur rire s'accentua et résonna bruyamment dans l'ensemble de la salle.

Reina [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant