Chapitre 7 : Aéroport

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Mercredi 3 Février 2005, 21H45
Je venais à peine de finir de dîner, seule, que je me réfugiai dans ma chambre. Attablée devant mon bureau, j'essayais d'étudier, toujours un crayon à la main.
Difficile de me concentrer après tout ce qui s'était passé aujourd'hui.
Je soupirai et laissai ma tête retomber sur le bureau. Il fallait que je m'exprime, que je puisse extérioriser tout ce qui me rongeait le cœur. Je reculai ma chaise, ouvris mon tiroir et en extirpai mon journal intime. Ce serait mieux de me vider sur un bout de papier que de laisser ce sentiment de culpabilité me ronger chaque cellule de mon corps, ma tête allait imploser.
Je commençais à gribouiller mon ressenti.

Cher Journal    :
Je regrette, je regrette tellement d'avoir dit des choses horribles à Matthieu, mais il est trop tard. Ce qui est dit est dit, on ne peut revenir en arrière. Pour tout te dire, il avait raison, nos discussions me manquaient déjà. Et lorsqu'il m'a dit qu'il partait... J'ai senti une drôle de sensation. Cela m'a fait comme un choc de l'entendre prononcer ces paroles.
J'ai toujours su dissimuler mes sentiments. Personne ne sait vraiment à quoi je pense lorsque l'on me parle.
Tu sais, j'aimerais m'excuser, mais je ne peux le faire. Je ne sais pas où il est en ce moment et je n'ai pas de téléphone pour l'appeler. J'ai étais froide comme une personne sans sentiment et sans-cœur. Après tout, c'est grâce à lui que j'ai pu apprendre à vivre dans ce monde de sauvage. C'est grâce à lui que j'ai réussi à me faire un peu aimer des autres. Surtout que maintenant, Angelina n'est plus la seule à me parler. D'autres filles de la classe ainsi que quelques garçons m'adressent des mots gentils. J'ai l'impression d'avoir trahi Matthieu, comme si je m'étais servie de lui. Et maintenant que je n'ai plus besoin de lui, je l'ai jeté.
Demain...
Dois-je m'excuser ou faire  comme si de rien n'était    ?
Peut-être qu'il me déteste  maintenant    !

Jeudi 4 février 2005
Matthieu n'est pas venu à la fac ce jour-là.
Pendant la pause entre deux cours, bien que mes nouveaux camarades se tiennent à mes côtés pour discuter, je me sentais seule. Quelques filles me demandaient si je sortais avec Matthieu, d'autres m'interrogeaient sur le vouvoiement que j'utilisais en sa présence alors que nous étions censés être amis. Pourquoi est-ce que je l'appelais Matthieu au lieu de l'appeler Mcloan    ? D'autres se demandaient s'il m'avait présenté à sa famille. Les questions fusaient de parts et d'autres attendant avec impatience les réponses qu'elle leur fournirait.
En fait, personne ne se souciait de moi, de mon état. Aucun n'avait remarqué de la tristesse sur mon visage ou dans ma voix même si j'essayais de le dissimuler. Au final, le seul qui avait su me comprendre, c'était Matthieu, lui, et lui seul.

Vendredi 5 février 2005
Pas plus qu'hier, Matthieu n'était apparu à l'université.
Cette fois-ci, je ne suis pas restée dans la cour de récréation. Répondre aux questions incessantes des curieux me donner envie de m'isoler. J'en avais ras le bol    !
Je m'abritais contre l'arbre qui me servait souvent d'isoloir. C'était l'endroit qui me permettait de m'échapper de tout, et de réfléchir à autre chose.
Ma première rencontre avec lui, Matthieu McLoan, s'était faite en ce lieu.
«    Pourquoi Matthieu n'est pas venu à l'école, aujourd'hui    ?    »
Je voulais m'excuser.
Mes pensées étaient constamment dirigées vers lui.
«    C'est comme si j'étais... j'étais...    »
Non    ! Pas de lui    ! On était juste amis.
«    Juste ami    », songeai-je avec déconcertation.

VENDREDI 6 FEVRIER 2005
Aujourd'hui encore, il n'est pas venu.
Je me sens très bizarre, comme si mon âme était sortie de mon corps. Je me sens vide, triste et seule.
J'ai cette impression comme si Matthieu faisait vivre mon âme. À présent, je suis sûre est certaine...
Je pense que je suis amoureuse de lui    !
Mais, pourquoi faut-il aux êtres humains, au départ de quelqu'un pour se rendre compte que vous teniez beaucoup à celui-ci    ?

9h35
Je me suis réfugié à mon endroit favori, mon endroit à moi    !
Je somnolais sur le banc, quand soudain, je sentis quelque chose me caresser le cou. Je sursautai à ce contact chatouilleux.
Un garçon, qui n'était pas Matthieu, me faisait face avec une feuille d'arbre dans la main.
«    Il est fou ou quoi à faire sursauter les gens comme ça    !    » m'insurgeai-je intérieurement.

— Tu vas bien    ? me demanda-t-il.

— Il me semble ne pas te connaître.

— Mais moi, je te connais, peut-être même plus que tu ne le penses, dit-il énigmatique.

— Comment peux-tu me connaître si tu m'es inconnu    ?

— Je suis Guillaume de Lantine, un ami de Matthieu Mcloan.

— Et que puis-je pour toi    ? fis-je intriguée.

— Pour moi, rien. Mais je suis là pour Matthieu. Il n'a pas voulu que je te le dise, mais en fait, il va partir aujourd'hui à 10H00 pour les États-Unis. Sa mère a avancé l'heure de vol.

— 10h00    ! m'exclamai-je alarmée par la nouvelle.

— Si tu veux le voir avant son départ, allons-y... je t'accompagne, ma voiture nous attend dehors, ajouta-t-il avec un geste de la main vers la sortie de la fac.

— Et pour les cours    ?

— Lequel est plus important pour toi ? Les cours ou Matthieu ?

— Je veux le voir une dernière fois, dis-je après dix secondes d'hésitation.

Une fois dehors, nous pénétrons rapidement dans la voiture. J'attachai prudemment ma ceinture de sécurité.  Guillaume roulait tellement vite que je crus plusieurs fois mon heure arrivée.
Nous venions à peine de pénétrer dans l'immense hall qu'une voix sortie des haut-parleurs prononçait les noms des voyageurs en retard pour le vol à destination des États-Unis. Il nous restait trois quarts d'heure pour voir Matthieu. Celui-ci faisant partie de la liste des absents. On se mit à courir partout espérant qu'il n'avait pas encore enregistré. S'il avait passé la zone douane,    je ne le reverrai plus... sans doute, jamais    !
Nous retournions vers la réception des enregistrements de la compagnie lorsque je le vis accoudé sur le comptoir d'enregistrement. L'hôtesse vérifiait ses papiers rapidement.

— Matthieu    ! m'écriai-je joyeuse en courant vers lui.

Il se retourna rapidement vers moi.
Je le regardai, il me regardait...
Puis sans réfléchir, je le pris dans mes bras. Il hésita quelques secondes avant d'accepter mon étreinte. Je me rendis compte que je n'avais jamais été aussi proche de lui. En vérité, je n'avais jamais été aussi proche d'un garçon. Mis à part Mike, mon ami d'enfance.
Nos lèvres s'étaient scellé l'un à l'autre sans que nous nous en rendions compte.

Alors ce chapitre ?

Reina [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant