Reina [Terminée]

Chapitre 13 : le retour de Julia

Mardi 21 février 2005 7h30

Je marchais la tête basse, toujours dans mes pensées quand soudain je me cognai contre quelqu'un. Des cahiers et bouquins de cours s'éparpillèrent autour de nous.

— Pardon, m'excusai-je en me baissant pour l'aider à ramasser ce que je venais de faire tomber.

— Merci, me dit une voix féminine lorsqu'on se relevait en même temps.

C'était une jeune fille que je n'avais jamais vue à la fac.

Elle était sublime ! Ses cheveux longs, noirs et lisses, lui arrivaient au niveau des genoux. Ses grands yeux marron ressortaient merveilleusement par l'association du crayon noir et du mascara. Ses lèvres pulpeuses portaient un rouge à lèvres très rouge pour attirer n'importe quel regard.

Je restai planté là à la contempler, bouche bée.

— Tu vas bien ? me demanda-t-elle en me faisant sortir de ma rêverie.

— Euh... oui. Je suis désolée. Je n'ai pas regardé où je marchais.

— Pas de soucis, cela m'arrive souvent. Je suis autant responsable que toi. Je te rassure.

— Tiens, prends cela.

Elle me tendit un sachet.

— C'est un jus de fruits et un chausson pomme pour te remercier.

— Non, merci c'est gentil. C'est ma faute.

— Prends-les, moi j'ai déjà pris un déjeuner et j'en ai plus envie.

— Tu en es vraiment sûre ?

— Tout à fait. C'était par pure gourmandise et puis je m'apprêtai à le jeter.

Je pris le sachet et la remerciai.

Son regard envers moi était persistant. Je ne me sentais soudain plus à l'aise.

— Tu me ressembles beaucoup, c'était... il y a quelques années. J'avais la même coiffure que toi sauf que mes cheveux étaient plus longs. Ils arrivaient aux coudes, me décrit-elle.

— Les miens aussi, mais je les ai coupées, mentis-je.

— C'est bizarre ta façon de parler, l'expression de ton visage, tout, j'ai l'impression de me voir comme dans un miroir dans un passé lointain. Tout ceci fait partie de mon passé à présent. Je n'attirais pas beaucoup les garçons, fit-elle songeuse plus pour elle-même que pour moi. Seul un fut pour moi le grand amour. Et toi, as-tu un petit copain ?

— Euh. Oui.

— Vous vous êtes déjà embrassés ? s'enquit-elle indiscrètement.

— Euh... ou... oui...

— Avez-vous déjà fait échanger plus qu'un baiser ?

— N... non... Juste un baiser...

Mais pourquoi je répondais à ses questions ?

Saleté de fille !

Elle m'agaçait de plus en plus. Je ne la sentais pas du tout. Pourquoi me posait-elle toutes ces questions ? Nous n'étions ni amies ni sœurs d'ailleurs. Je ne la connaissais ni d'Adam ni d'Ève.

— Je t'envie tellement. Je suis revenue exprès pour retrouver mon amour d'enfance. Et je ne repartirai pas sans lui maintenant que ma rivale n'est plus là. Rien ne m'empêchera de reprendre Matthieu ! me dit-elle.

— Tu es, disons... déterminer, fis-je étonnée par tant d'aplomb.

En plus son amour d'enfance s'appelait Matthieu. Quelle coïncidence !