Chapitre 11 Explications

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Lundi 20 février 2005 7h20

Dès mon arrivée en classe, tous mes camarades me regardaient avec un regard moqueur. J'avançais à petits pas, le coeur serré en repensant à ce qui s'était passé hier. Cependant, je ne pouvais pas rester chez moi et simuler une maladie quelconque. Ma mère l'aurait tout de suite remarqué. Je posais mes affaires sur la table et à peine eus-je tiré la chaise pour m'asseoir que
Sonia s'avança vers moi avec son air hautain, les mains croisées devant elle.

— Je t'avais prévenue de te méfier de cette Angelina.

_ Comment es-tu au courant ?

_ Quoi ? tu ne sais pas que toute la classe était invitée ?

— Si... si elle a fait ça, c'est sûrement pour quelque chose. Je... je suis sûr qu'elle n'a pas fait ça pour rien, tentai-je de me convaincre par la même occasion.

— Pfff, c'est ça qui m'énerve chez toi ! Arrête de jouer la gentille et viens avec nous pour que nous donnions une bonne leçon à cette Angelina de Wolker ! Elle se croit toute permise, tout ça parce que sa famille a un titre de noblesse.

— Non. Je suis désolée, mais ça n'est pas mon genre de faire du mal aux autres.

— Quoi ? Même après l'humiliation d'hier soir, tu ne comptes pas riposter ? s'étonna Sonia.

— Non.

— Ma chère Reina, ton pacifisme te mènera à ta perte.

— Ce n'est pas grave.

Je savais pourtant que Sonia avait un peu raison.

— Tss, tu es vraiment ennuyeuse... je comprends pourquoi Matthieu t'a larguée.

— Qui a largué qui ?

Cette voix ? Non ce n'est pas lui. Je me tournais vers l'entrée. Matthieu avait prononcé ces mots.
Il se tenait debout devant la porte et me regardait. Ses inséparables lunettes de soleil dormaient paisiblement sur ses cheveux. Plus ses pas se rapprochaient de ma table, plus je voulais disparaître. Je jouais nerveusement avec mes doigts. Il ne se trouvait plus qu'à quelques mètres.

— J'ai à te parler, me dit-il.

— Je n'ai rien à vous dire.

— Viens avec moi. S'il te plaît.

Je ne bougeais pas de ma place.
Matthieu vint jusqu'à moi, prit ma main et m'entraîna dehors, dans la cour de récréation, à l'écart de toute oreille indiscrète. C'était  quoi son problème encore ?

— Tu... tu vas bien ? me demanda-t-il.

Tu vas bien ? Était-il sérieux lorsqu'il me posait cette question saugrenue ? C'était cela qu'il voulait me dire ? Ou bien voulait-il me faire encore plus de mal ?

— Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Vous osez venir me voir comme ça, comme si de rien n'était, après m'avoir ignoré durant toute une semaine ! Et je ne parle pas de me faire ridiculiser durant votre somptueuse fête d'invitation de mariage ! Moi qui croyais que vous étiez différent des autres, mais au contraire, je me rends compte que vous n'étiez pas différent des autres. Vous avez fait semblant tous les deux d'être mes amis... Ça ne vous suffisait pas que l'on me colle des chewing-gums dans les cheveux, qu'on me coupe les cheveux sans mon autorisation, que l'on me frappe, hein ? J'ai voulu arrêter mes études à cause de cela, mais j'ai continué parce qu'il y avait vous, Angelina et Guillaume. Mais vous avez été les premiers à m'avoir poignardé dans le dos. Le seul qui ne m'ait encore rien fait, c'est Guillaume... Voilà, c'est dit.
Matthieu me dévisagea abasourdi par mes propos. Peut-être ne s'attendait-il pas à ce que mes propos soient aussi véhéments.

Reina [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant