Chapitre 15 Tome 2

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Harry

Le bouclé attrapa le dernier ravioli présent dans la boîte de conserve et jeta le récipient vide un peu plus loin. Il s'essuya négligemment les doigts sur son pantalon et baissa les yeux sur Louis qui dormait, sa tête posée sur ses cuisses. Il remonta la couverture jusqu'au menton du plus jeune et se mit à lui caresser les cheveux lorsqu'il le vit froncer les sourcils. Des larmes perlaient encore sur ses cils, les faisant briller dans la pénombre.

Il regarda sa cheville maintenant emprisonnée dans un bandage de fortune et la culpabilité présente dans sa gorge s'amplifia. Il s'était blessé pour lui, avait tué pour lui, et avait manqué de mourir un nombre incalculable de fois pour lui. Et surtout, il avait perdu une partie de son âme pour lui.

Ce sentiment lui était plus que familier. Celui de se dire qu'il était à l'origine de tant de morts qu'il ne méritait même plus d'être encore en vie. Au cours des années il avait appris à vivre avec, à refouler ses sentiments et à se rendormir immédiatement après qu'un de ses cauchemars soit venu le hanter. Mais désormais, il avait peur que Louis ne soit pas capable de faire ce même travail sur lui. Il avait toujours eu ce côté plus humain, plus héroïque que lui, et Harry craignait que ce ne soit cette part de lui qui le fasse sombrer.

Il toucha sa propre plaie recouverte désormais d'un bandage adéquat et eut une lueur d'espoir pendant quelques minutes avant qu'elle ne soit à nouveau balayée par ses pensées. Il n'avait rien dit à Louis par peur qu'il panique mais il savait que la bactérie continuait à faire son chemin dans son organisme. Grâce aux antidouleurs et à l'aspirine qui avaient neutralisé la plupart des symptômes il se sentait bien mieux, mais il savait que c'était semblable à mettre du vernis sur une peinture écaillée. Cela tiendra pendant un temps, mais peut-être pas suffisamment.

Après s'être occupé de leurs blessures respectives Harry s'était pratiquement rué sur la nourriture. Il avait insisté pour que Louis mange également mais ce dernier avait décliné en disant qu'il avait juste besoin de repos. Il n'était allongé que depuis deux minutes lorsqu'il s'était endormi. Et cela brisait Harry de voir que même dans son sommeil il continuait de serrer la jambe du bouclé dans ses bras, comme s'il avait peur qu'il parte à tout instant.

Et que ferait-il si Harry mourait avant qu'ils ne regagnent la base ?

Cette dernière expédition avait montré au bouclé à quel point Louis l'aimait, et il n'avait qu'une peur, c'était qu'il se laisse mourir si le cœur d'Harry lâchait.

Alors ce dernier se jura une chose : il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour arriver à la base avant que cela ne se produise.







"Je t'ai dit de me déposer par terre, Styles !", répéta Louis pour la troisième fois.

"Arrête de râler, on y est presque.", répliqua l'intéressé en resserrant sa prise sur ses cuisses.

Louis souffla de mécontentement avant d'abandonner. Ils avaient déjà marché depuis plus de cinq heures lorsque Louis avait trébuché et s'était rattrapé sur Harry. Ce dernier avait alors insisté pour faire monter son petit-ami sur son dos pour le reste de la route malgré ses protestations. Mais Louis devait bien avouer qu'il n'aurait pas été capable de marcher plus longtemps. 

La veille ils avaient déjà parcouru plusieurs kilomètres avant de s'arrêter dans un village. Ils avaient d'abord cru qu'ils pourraient y trouver une voiture, mais avaient bien vite compris qu'il n'y en avait aucune ici non plus. Ils avaient donc passé la nuit là-bas, profitant des rations qui leur restaient, et étaient repartis le lendemain matin dès les premiers rayons du soleil. 

Ils avaient fait pas mal de pauses au court de la route, mais sa cheville continuait de le lancer même avec les antidouleurs. Le fait qu'Harry le porte lui faisait peur, ne serait-ce qu'à cause de ses propres blessures, mais le voir en aussi bon état le rassurait. Il n'avait pas le teint aussi pâle qu'avant et même s'il semblait toujours transpirer sous son manteau il marchait d'un bon pas. Grâce à la nourriture et à l'eau que Louis avait volé ils avaient pu se reposer une journée entière dans cet appartement à Columbia ainsi qu'une autre journée dans le village qu'ils avaient traversé sans avoir peur que cela ne les affaiblisse. Harry avait pourtant insisté pour qu'ils se remettent en route le plus rapidement possible et Louis ne pouvait que le comprendre : il se doutait bien qu'être loin de sa famille lui pesait à lui aussi et qu'il n'avait qu'une envie, celle de rentrer pour la retrouver.

Only For The Brave [L.S.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant