Only For The Brave [L.S.]

Harry

Nogales, Mexique

Harry

Harry ne savait honnêtement pas à quel moment sa vie avait pris un tel tournant. Il y avait un an et demi de cela il était l'un des attaquants les plus aguerris de leur base. Ses journées étaient rythmées par la chasse, par ses entraînements et par les plans d'attaque qu'il pouvait parfois élaborer avec son oncle.

Et maintenant ?

"S'il-vous-plaît, s'il-vous-plaît, s'il-vous-plaît, on peut aller aux balançoires ?"

Maintenant il faisait des sorties au parc avec son petit-ami, ses sœurs, et Lux.

"Tant que vous ne vous battez pas pour avoir votre tour sur la balançoire comme la dernière fois, oui.", approuva Louis en lançant un regard appuyé à Daisy.

"C'est bon, j'ai compris, ronchonna l'intéressée. Je serai sage, promis !

_Promis, promis, promis !", insista Lux, ne tenant déjà plus en place.

"Je les surveillerai, ne vous en faites pas.", appuya Lottie.

Louis lui fit un sourire entendu et les trois petites filles se lancèrent immédiatement dans une course à celle qui toucherait en premier la balançoire. Le plus jeune leva les yeux au ciel, se doutant par avance qu'elles ne respecteraient absolument pas cette promesse, et Harry lui fit un de ses fameux sourires en coin dont il avait le secret. Lottie ne demanda pas son reste pour partir à la suite des plus jeunes et le bouclé savait que même si elle affirmait le contraire, elle était l'une des plus enthousiastes à l'idée d'être dans ce parc.

Comme à leur habitude ils s'installèrent tous deux sur l'un des bancs situés juste en face des balançoires dans le but d'avoir un œil sur les filles. A peine furent-ils assis qu'ils lâchèrent un soupir d'épuisement. Nous étions samedi après-midi, ce qui annonçait pour eux le début de leur week-end. "Week-end", c'était un concept nouveau pour eux qui n'avaient même jamais eu à se préoccuper de quel jour ils étaient.

Si Harry alternait entre son travail de mannequin et son boulot à la station-service, Louis lui s'était trouvé une place en tant que serveur dans une crêperie. Le bouclé détestait viscéralement l'idée de poser à moitié nu devant un objectif et avait encore plus en horreur le fait de passer une partie de ses journée le nez dans l'essence, mais il ne pouvait que constater l'enthousiasme que mettait Louis dans son travail. Il avait le contact facile avec les clients même s'il n'avait appris que quelques phrases d'usage en espagnol et la propriétaire du restaurant ne faisait que chanter ses louanges.

"J'ai mal au dos.", se plaignit le jeune homme aux yeux bleus en se faisant craquer la colonne vertébrale.

"J'ai mal quelque part, mais je suis tellement fatigué que je n'arrive pas à me rappeler où.", enchaîna Harry en retenant un bâillement dans sa main.

Le bouclé sentit le regard de Louis sur lui et dès que leurs yeux se rencontrèrent ils éclatèrent de rire. Une jeune femme passa à ce moment-là et Harry n'hallucina pas lorsqu'il vit qu'elle était en train de reluquer son petit-ami. En arrivant à Nogales il avait réalisé que rares étaient les personnes ayant les yeux d'une couleur aussi claire que ceux de Louis, ce qui était l'une des raisons pour lesquelles il était particulièrement regardé – bon, d'après Harry le plus jeune était la perfection incarnée, alors cela ne l'étonnait pas réellement. Il aurait d'ailleurs probablement pu devenir lui aussi mannequin s'il avait fait quelques centimètres de plus. Et même si Harry n'aurait pas craché sur un peu plus d'argent il était soulagé de savoir qu'il n'avait pas besoin de passer sa journée à être jaloux à l'idée que de beaux garçons tournent autour de son Louis.