Vendredi 28 mars 2016118, Avenue du Général Leclerc, PARIS (75), 12 h 05
_ Maintenant ? Y'a Chahrazed qui m'attend pour déjeuner.
_ Tu ferais mieux d'annuler, t'auras pas le temps d'aller la rejoindre aujourd'hui.
Je souffle en fronçant les sourcils, ne comprenant pas trop l'attitude de Monsieur Moulié, d'habitude quand il a un truc à me dire, il me préviens au moins une demie journée avant et là, il me tombe dessus à la dernière minute, surtout qu'on s'est vu hier et qu'il n'a pas du tout fait allusion à ça. J'envoie à contre coeur un message à mon amie, en m'excusant même si je ne sais pas du tout de quoi il veut me parler, je suis sûr qu'elle va m'insulter, mais j'y peux rien, ce n'est pas de ma faute, à chaque fois, je me retrouve dans ce genre de bourbier insolvable et je finis par m'en prendre plein la gueule alors que je suis prise au piège. En plus, ça me soûle un peu parce que je voulais la voir et lui parler de ce qui se passe avec Tarik, je sais qu'elle va me dire qu'elle avait raison pendant au moins une dizaine, mais au final elle va me donner son avis et son avis est vraiment important pour moi, enfin en espérant que j'aurais eu le temps vu que j'avais prévu de lui parler aussi de Djamel et ça ce n'est vraiment pas chose facile.
_ Ça va ? Qu'est-ce qui se passe ? T'as l'air tendu ? Lui dis-je en le suivant dans son bureau.
_ Non, j'aimerais juste qu'on discute et qu'on fasse un peu le point, ça fait longtemps et puis je sait bien que t'as beaucoup de choses à dire.
_ Pourquoi tu t'inquiètes d'un coup comme ça ? Il s'est passer un truc avec un patient ?
_ Arrête de flipper, répondit-il en fermant la porte de son bureau après qu'on y soit entrer, tout se passe bien avec les patients, du moins c'est à toi de me le dire ça, comment ça se passe ?
_ Ça avance ... Chacun à son rythme mais ça avance, que ça soit en arrière ou en avant.
_ Et toi ? Comment tu te sens ?
_ C'est le moment où je dois te dire que tout vas bien mais où tu vas insister jusqu'à me faire pleurer?
_ Pourquoi ? Y'a des raisons pour que tu pleures ?
_ Arrête s'teuplais, soufflais-je doucement commençant à m'agacer, tu sais très bien que c'est bientôt son anniversaire et que ça me fait ça à chaque fois.
_ Regarde, aujourd'hui t'arrives à en parler sans que j'ai à insister sur quoi que ce soit. Ça veut dire que quelque chose a changer non ?
_ La seule chose qui ai changée c'est que maintenant j'ai de quoi m'occuper l'esprit et que je suis obliger de tenir le coup pour mes patients. Et t'es très bien placé pour savoir de quoi je parle.
_ T'as besoin de t'occuper ? Pourquoi ? T'as toujours des problèmes de sommeil ?
_ Un peu moins qu'avant, mais pendant cette période je suis encore plus agité que d'habitude, c'est normal, y'a pas de quoi s'affoler.
_Tu ne peux pas te faire ton propre diagnostic toi-même, me dit-il en croisant ses bras, tu te souviens de quand j'étais accro aux jeux et que je te disais que j'avais le contrôle ? Et ben, c'est exactement la même chose qui se passe maintenant avec toi. Tu es toujours dans une phase de déni, et t'as besoin de temps pour être vraiment lucide sur ta situation.
_ Mais tu veux que je fasse quoi ? Que je te dise que je déteste mes parents ? Que jamais je ne leur pardonnerais et que jusqu'à ma mort, j'aurais la sienne sur la conscience ? Mais ça tu le sais déjà non ? Combien de fois, on en a parlé ?