Lundi 24 mars 2016Les Tarterêts, Corbeil-Essonnes (91), 4 h 20
_ Mais c'est qui ces meufs ?
_ Des anciennes tchoin à Gagarine, elles ont fait ça gratos en plus.
J'avoue, c'est pas bien de se moquer mais j'ai pu m'en empêcher quand Tarik m'a dit qu'il avait une carrière de rap solo derrière lui. Après qu'on a grignoté, et que j'ai accepté de monter sur le toit avec lui, je me suis assise sur sa chaise pliante et on a commencé à parler de tout et de rien, principalement des souvenirs d'enfance et surtout beaucoup de moment silencieux où lui se contentait de fumer son joint et moi de regarder la ville derrière lui. Il m'a raconté quelques gaffes qu'il avait faites avec Nabil quand ils étaient petits, du moins avant qu'il ne soit obligé de changer de voie et de grandir trop vite. Il m'a aussi parlé de son petit frère Yanis à qui il compte offrir le monde selon ses dires, et de sa belle-mère Sarah, mais très brièvement. En contre parti, je lui ai parlée de comment j'avais grandis avec ma grande sœur Allah Yerhamha, et de ce qu'on aimait faire plus jeune, j'ai aussi abordée quelques histoires avec les jumeaux, qui me manque beaucoup. Aujourd'hui, c'est sûr, j'irais les voir en sortant du travail. On a tellement pas vu le temps passer, et adeptes de la nuit que nous sommes tous les deux, on s'est trouvée à parler de nos première expérience dans nos travails respectifs, ce qui m'a amenée à regarder un de ses vieux clips où il est entouré de trois meufs.
_ Heureusement que l'autotune est arrivé en tout cas, souriais-je en verrouillant mon téléphone, t'avais les cheveux hyper court en plus.
_ On va vraiment parler de mes cheveux ?
_ Non, même pas, c'est juste que je t'imaginais pas avec une coupe courte.
_ Ouais , ben maintenant tu m'as vu, répondit-il en se tournant vers moi, tu devrais peut-être aller dormir non ? T'es censée sauver des vies, je crois ?
_Tu devrais peut-être songer à mettre du respect sur mon métier non ? Ce n'est pas parce que ton ancienne psy était éclatée que tu dois me mettre dans le même panier.
_ Tu commences à être fatiguée, se lève-t-il en me tendant l'une de ses mains, azy vient je te raccompagne.
_ Et toi alors ? Tu vas aller chercher les autres ?
_ Ouais, enfin les survivants plutôt.
_ J'ai pas vu Casper une seule fois de la soirée, souriais-je en y repensant, ce fou veut venir s'installer chez moi en plus, c'est mort, je vais me retrouver avec des sous-vêtements qui ne sont pas à moi.
_ Aucune de ces meufs qu'il baise ne sait où il habite, je crois que même les gens du quartier pensent qu'il vit chez nous.
Je ne sais pas d'où lui vient cette habitude, mais ce qui est sûr, c'est qu'il n'est jamais chez lui, je me demande pourquoi d'ailleurs. En dehors de ça, j'aurais jamais pensé qu'il était aussi joueur avec les meufs, ce n'est pas du tout l'image qu'il dégage aux premiers abords, mais faut croire que les apparences sont trompeuses. On descend tous les deux les escaliers de son immeuble, resserrant ma veste sur mon corps parce que putain ce qu'il fait froid, quelle idée aussi de faire une escapade nocturne en plein milieu du mois de mars sur le toit, c'est beau, c'est apaisant, ça m'a fait du bien mais j'ai les doigts gelés. Il me raccompagne jusqu'à chez moi, sans un mot, profitant juste du silence avant que tout le monde ne se lève et que l'obscurité de la nuit ne se dissipe.