Chapitre Seize : Fuis-moi je te suis

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Amelia est allée se coucher, le coeur lourd, après cette entrevue. Cette scène repassait en boucle dans sa tête. Devait-elle se réjouir ou au contraire ignorer Rogue ? Elle avait été hors d'elle. Il dépassait ainsi cette ligne entre elle et lui ? Que devait-elle penser ? Elle n'arrivait plus à réfléchir. Son crâne lui faisait horriblement mal à cause de toutes ses pensées, informations à assimiler et cette situation. Elle était tourmentée, sans aucun doute. Devait-elle se confier ? Ou garder ça pour elle ? Ses émotions en ont pris un coup. Restant les yeux grands ouverts, étendue sur son lit, habillée, elle ne voulait pas se défaire de sa tenue. Sa douceur, sous ses grands airs de méchants, l'avait bouleversé. L'osmose de cet instant passé l'intriguait. Pourquoi sa peau brûler rien qu'à sa présence ? Lui aussi était bouillant. Amelia triturait ses mains au même rythme que son coeur qui palpitait rapidement. Son esprit bafoué par un visage aimant, Rogue, encore et toujours, l'oppressait soudainement. Dans les escaliers, des bruits de pas résonnaient. Amelia se tourna sur le côté en vitesse et ferma ses paupières. La porte d'entrée s'entrouvrit laissant passer de la lumière. Mais personne n'entra.

- C'était chouette, cette soirée... conclut une voix. Amelia reconnut immédiatement celle de son cousin. Je me suis bien amusé et toi aussi... Amelia aussi apparemment ! D'ailleurs elle est où ?

- Elle était partie avec Henry... mais elle est peut-être dans le dortoir... oui elle y est, confirma Hermione en passant sa tête dans l'interstice. Je crois qu'elle dort. Amelia ? interpella-t-elle dans un murmure.

La jeune femme se figea dans son lit pour ne pas manifester son éveil. Elle ne voulait discuter avec personne même pas avec ses amis et son cousin. Amelia versa une larme de colère, de tristesse, d'incompréhension... Un mélange d'émotions la tiraillait. Les sentiments qu'elle portait à Rogue la tuait à petit feu mais aussi le suspens qui tournait autour de lui, de ces Horcruxes, de la future guerre qui ne tardera plus à présent... Hermione entra et regarda Amelia attentivement, toujours en tenue de soirée, en se demandant ce qu'elle avait fait. La fille jeune femme aux cheveux bouclés savait que son amie ne dormait pas mais ne dit rien et partit s'envelopper dans ses draps. Amelia s'endormit à son tour. À peine les yeux fermés, les rayons du soleil attaquaient son doux visage. Elle scruta la pièce où elle vit toutes ses colocataires étendues dans leurs lits respectifs. La soirée s'est vite terminée visiblement. Enfin, Amelia a eu l'impression de faire un bon dans le temps en l'espace de cinq depuis qu'elle s'était endormie. Hermione dormait toujours. Les lèvres de celle-ci formaient un léger sourire de bien-être. Amelia en rêvait de ce moment bonheur. Elle se dirigea vers la fenêtre, la bouche pâteuse et en robe, pour mirer le lever du soleil. Le souvenir de cette soirée tambourinait dans un coin de son cerveau. Cette discussion imprévue en boucle jusqu'à ce qu'on vienne l'extirper de sa rêverie.

- Amelia ? interpella Hermione. Amelia ? Tu vas bien ?

- Je vais bien oui... répondit-elle simplement admirant toujours le paysage.

- T'es sûre ?

- Ecoute, dit Amelia en se retournant vers Hermione, il faut arrêter de vous inquiéter constamment... c'est tellement oppressant ! J'ai le droit d'aller mal, j'ai le droit d'aller bien... je sais que c'est normal entre amis d'avoir de l'inquiétude mais je veux de l'air, trancha Amelia emprise par la colère.

Amelia prit l'initiative de partir à toute vitesse du dortoir en se changeant rapidement. Elle aurait voulu hurler de toutes ses forces mais cela s'est transformé en sanglots. Le tableau de la grosse dame s'ouvrit et la Gryffondor s'enfonça dans les escaliers immenses. En arrivant dans la Grande Salle, où tout était parfaitement remis en place, les élèves la regardaient en chuchotant mangeant leurs petit-déjeuner. Quant à elle, elle s'installa seule à la table des lions d'or. La nourriture apparut sous ses yeux livides. Elle n'avait pas faim. Son estomac restait encore trop noué. Elle triturait ses aliments exposés dans son assiette sans la moindre attention à ce qu'il se passait autour d'elle. Rogue, lui, marchait aux côtés de McGonagall, en plein discussion, en direction de la table des professeurs. Il aperçut la jeune femme, seule. Ce n'était pas une habitude chez elle. D'ailleurs, il la vit s'essuyer les yeux avec le revers de sa manche à plusieurs reprises, sans doute des pleurs. Le professeur de Défense contre les Forces du Mal fronça les sourcils comme si l'inquiétude le guettait. Il observa le moindre faits et gestes de la jeune qui se leva d'un pas lourd, la tête baissée. De toute évidence, Amelia était un état plus déplorable. Cinq minutes plus tard, il termina sa discussion avec la professeure de métamorphose. Il déguerpissait, en faisant voler sa cape noire, à la recherche d'Amelia. Du côté de celle-ci, elle se dirigea vers la sortie du château après s'être posée dans la cour de l'école. Rogue se précipita dans les pas de son élève jusqu'à la rattraper de quelques mètres. Amelia déglutissait car elle savait la présence de son bien-aimé. Elle avança plus vite mais celui-ci serra son avant-bras.

Severus Rogue et Amelia CorwellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant