God's Shadows -Trahison-

CHAPITRE XX

*Attention, la fin de ce chapitre peut heurter  les âmes les plus sensibles*

08.10.2019

Allen Stevenson School

New York

— Est-ce que tu es sûre que tu vas bien ?

— Oui, ne t'inquiètes pas. Ce doit surement être une intoxication alimentaire. Les épinards n'avaient pas bonne allure. Je me fierai à mon avis la prochaine fois.

— Alana, ce n'est pas drôle. Tu es pâle comme un linge et puis tu n'avais déjà que très peu mangé ce midi. Et puis ne parlons pas de ces maux de tête qui te suivent de manière quasiment hebdomadaire.

— Je vais bien Maureen. Vraiment.

La blonde pinça les lèvres devant son amie au teint presque cadavérique. Elle l'a connaissait depuis leur plus jeune âge et savait donc pertinemment quelle était la limite à ne pas franchir. Elle lui adressa donc un sourire -grimace- afin de marquer sa compréhension et son acceptation.

Les deux jeunes femmes étaient allongées au pied d'un arbre, à l'attente de leur prochain cours. La brise automnale était chaude et elles commençaient à s'agacer contre leurs cheveux qui volaient dans tous les sens. Tous leurs amis étaient en classe alors elles avaient profité de cette heure pour passer du temps seulement toutes les deux.

— Jonathan m'a appris qu'Ethan n'était pas présent en classe ce matin. Tu sais ce qu'il a ?

— Pourquoi serai-je au courant de sa vie ? Nous ne sommes pas amis. Tu le demanderas à Matthew quand nous rentrerons en classe. Est-ce qu'il t'intéresse ? Reprit Alana en redressant la tête. Si son visage ne laissait filtrer aucune émotion, sa voix était d'une froideur surprenante.

— Non ! s'écria son amie blonde, les yeux écarquillés par la surprise. Bien sûr que non, voyons. C'était une simple curiosité. Et puis on ne peut pas dire que son absence passe inaperçue. Je crois bien que c'est devenu le sujet de discussion numéro un de toutes les filles de cet établissement.

La nouvelle ne semblait pas émouvoir d'une quelconque manière Alana qui se recoucha dans l'herbe sans dire un mot. Ses yeux se fermèrent.

Les quelques rayons de soleil percèrent à travers les volets et caressèrent son visage encore endormi. Petit à petit, ses yeux papillonnèrent. Il lui semblait qu'une personne se tenait devant elle, le visage légèrement obscurci. Sa vision se précisa et elle ouvrit complètement les yeux sur l'individu qui était loin de lui être étranger. Les yeux dorés d'Ethan perçaient dans la pénombre, signe qu'il utilisait sa vision nocturne. Alana fit de même sans un mot et elle put discerner le verre encore rempli d'un fond qui pendait dans sa main, appuyée contre l'un des accoudoirs du fauteuil. Il ne semblait pas s'être changé de la veille en vue de sa chemise blanche aux premiers boutons détachés et au nœud de papillon défait. Ils se regardaient. Sans un mot. Les yeux de l'anglais reflétaient tout un tas d'émotions mais il lui semblait parfaitement apercevoir des éclairs tant la colère qu'il lui portait semblait être forte. Ethan porta le verre à ses lèvres et le but d'une traite sans la lâcher du regard ne serait-ce qu'un instant. Puis il se leva du fauteuil et sortit de la pièce sans le moindre mot à son égard.

Les yeux d'Alana s'ouvrirent à nouveau, dirigés vers le ciel aux nuages sans formes distinctes. Pourquoi repensait-elle à ça ? Elle devait se l'enlever de la tête. Mais malgré ça une part d'elle semblait refuser de faire son deuil. Et elle détestait cette part-là.

La salle d'entraînement était totalement vide et silencieuse. Lettia venait de partir se coucher il y a une trentaine de minutes. Il était tard mais Alana ne souhaitait pas se coucher malgré la fatigue évidente qui s'emparait de son corps. L'amazone avait décidé que sa progression avait suffisamment avancée pour qu'elle entame la prochaine partie de la formation. Ce qui n'était pas plus mal car elle commençait à trouver le temps long. Après un dernier coup de pieds dans le sac de boxe, Alana se laissa tomber en soufflant et retient une grimace de douleur lorsque son fessier rencontra le sol dur et froid. Avec lenteur, elle commença à dérouler les bandes de tissus sur ses phalanges ainsi que ses poignets. Les marques sur son poignet se dévoilèrent une nouvelle fois à l'air libre. Les traces violettes commençaient à disparaître avec le temps et ce n'était pas pour lui déplaire. Après avoir rangé l'intégralité du matériel, l'américaine prit les morceaux de tissus dans son poing et éteignit la lumière avant de disparaître dans le couloir.