CHAPITRE XLIII

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(Eleonore)

C'était un chaos sans nom. Depuis qu'Alana avait déclenché les hostilités en se jetant sur Ethan, tout était parti en vrille. Les épées avaient été sorties et en un quart de secondes, c'était un véritable champs de guerre. Eleonore avait à peine eu le temps de réaliser ce qui se passait qu'elle se retrouvait aux côtés de Tyler. Il avait tenu absolument à rester avec elle. Eleonore avait parfois l'impression qu'il n'avait pas pleinement confiance en ses capacités de combat, bien qu'il prétende le contraire. Elle n'avait peut-être pas de pouvoirs destinés à l'attaque mais elle n'était certainement pas manchote.

Ses yeux s'éclairèrent soudainement puis ses habits disparurent pour laisser placer à une grande tunique violette et à de fines sandales. Elle porta la main à son cou et arracha son collier qui se durcit dans sa main jusqu'à ne former plus qu'un long bâton d'acier fabriqué par les soins de Mark. Eleonore fit tourner son arme dans les airs puis le redescendit le long de son corps, un air déterminé sur le regard.

Maintenant

La voix claire de Tyler se fit entendre dans sa tête et elle le vit courir vers le adversaire avant de faire de même dans l'autre sens. Après une vingtaine de mètres, ses genoux s'abaissèrent et c'est à ce moment-là qu'elle se sentit absorbée. Eleonore prit une impulsion qui la propulsa dans le ciel et leva son bâton au dessus de sa tête. L'attaque créa une onde de choc qui balaya tout sur son passage sur un rayon de plusieurs mètres. La poussière et les cendres tourbillonnait autour d'eux, les forçant à plisser les yeux. Eleonore dévisagea Julian qui se dépoussiérait, quelques égratignures sur le visage.

— C'est tout ce dont vous êtes capables ? Je dois avouer être quelque peu déçu. Je ne sens presque rien.

— Tout comme nous, le contra Tyler, sa main posée l'épaule de sa compagne.

— Ton dévouement envers la Pythie est remarquable. Mais tellement vain.

— Nous formons une équipe. Tu ne pourras jamais comprendre cela.

— L'amour est éphémère. Un jour heureux et le lendemain, tout s'effondre. Il peut être autant une force qu'une faiblesse. La plus grande des faiblesses.

— Nous ne serons que plus fort tant que nous restons ensemble.

— C'est ce qui vous mènera à votre perte. Pourquoi aimer alors que seule la mort vous attend à la fin de cette guerre ?

— Nous survivrons. Nous nous battrons jusqu'au bout et nous vaincrons.

Julian éclata d'un rire clair et surprenant véritable. Eleonore se figea en croisant son regard bleuté et fou. Il la fixait d'un air moqueur, comme s'il savait quelque chose dont elle ignorait l'existence.

— Vous allez mourir. Même si vous devez gagner cette guerre, vous ne vous sortirez pas tous vivants. Tu le sens n'est-ce pas Pythie ?

Il disait vrai. Ce changement était tout récent mais c'était vrai. Cela avait commencé par un grand vide, une sensation de froid presque blessant à l'intérieur de sa poitrine. C'était comme si elle avait senti la mort ce jour-là et elle avait vite compris ce que cela signifiait. Le destin s'était mis en marche ce jour-là, lui annonçant des pertes. Elle ne savait qui ni quand mais la sensation s'amplifiait au fil des vies qui allait périr au cours de cet affrontement. Mais ça elle ne comptait le dire à personne. C'était son fardeau.

— Vois-tu ma chère, il se trouve que nous sommes semblables toi et moi. Mes ancêtres avaient un don pour sentir les âmes en peine et fin de vie. Je peux te dire qui d'entre vous ne survivra pas.

God's Shadows -Trahison-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant