Le Grimoire Maudit D'Ewan Don Valliery

Emmène-moi 🔥

Le Don qui me tenait dans ses bras, ma sœur qui avait tenté de me tuer, ma famille qui m'avait reniée... C'est un tableau d'une tristesse presque ironique. Sur le moment, bien sûr, j'avais le sentiment qu'un nouveau futur rempli d'opportunités s'ouvrait à moi, que j'avais une chance, même infime, que tout s'arrange. Si seulement je m'étais souvenue qu'il ne fallait pas que j'espère... Pauvre innocente de moi que j'étais, qui n'a pas su ouvrir les yeux et comprendre ! Après tout ce temps où la vie m'a mise en garde contre lui : et me voilà, niaise et naïve entre ses bras... Le Don a toujours eu toutes les cartes en mains : c'est lui qui tenait les rennes dans l'ombre depuis le début et qui faisait avancer les pions de l'échiquier comme il lui plaisait. Rit bien, Ewan, tu es le plus fort.

Comment en suis-je arrivée là, me demandais-je ? Après toutes ces années à me plier aux services de ma sœur pour qu'elle me garde sous son toit, je venais de tout briser pour me jeter dans les bras d'un inconnu qui, chaque instant, devenait plus mystérieux. Cependant, je me sentais tellement plus légère, tellement plus en paix ! C'est comme si après toutes ces sombres années je voyais le bout du tunnel ! Je n'avais aucune garantie que mon futur serait plus clair, mais je voulais croire, juste une fois, à la chance. De toute façon, je n'avais plus le choix : Ewan était mon dernier espoir. Je me serrai contre lui dans un élan de peur et il se positionna devant moi comme pour me protéger. Je fus intensément émue par ce geste que personne n'avait jamais fait pour moi.

- Qu'est-ce qui nous donne le plaisir de votre visite Don Ewan ? Fit innocemment Clarissa.

Richard venait d'arriver. Sa réaction en découvrant mon protecteur fut pour le moins troublante :

- Don Valliery, le Don Valliery !

Son visage blanchit d'un seul coup tandis qu'il se pressait de faire la révérence ! Mais nom de nom, que se passe-t-il ici ?

- Je suis venu rechercher mon Annabelle, répondit-il calmement.

Ils restèrent bouche-bée quelques instants avant de reprendre leurs esprits.

- A-ah bon, bredouilla ma sœur. Mais pourquoi vous acquitter de cette pénible tâche ? Subir cette sale...

Elle fut coupée par le ton tranchant du Don :

- Votre Seigneur a-t-il besoin d'une explication pour vaquer à ses devoirs ?

- Non, pas du tout ! Se défendit immédiatement mon beau-frère.

Mais mon cerveau était resté bloqué sur "seigneur". Cette fois, ça devenait franchement inquiétant ! Étais-je la seule personne sur cette planète à ne pas le connaître ? Enfin, en y repensant, il est vrai qu'à notre première rencontre il m'avait rappelée quelqu'un, mais de là à être totalement à côté de la plaque ! Il faut vraiment que je tire cette histoire au clair le plus rapidement possible ! Néanmoins, pour le moment, j'avais un problème plus important à régler. Deux choix s'offraient à moi : rester avec ma famille et mourir à quatre-vingt-dix-neuf pourcent, ou suivre un homme dont j'ignorais tout et qui était à la fois effroyablement attirant, mais aussi, terriblement effrayant. En réalité, avais-je vraiment besoin de me poser la question ? Vu l'avidité avec laquelle je m'accrochais à ses vêtements, il aurait été difficile de retourner sa veste... Et puis, j'avais l'espoir. Pour la première fois depuis longtemps, trop longtemps. Qu'importe ce qu'il se passerait, si je suivais Ewan, mon avenir serait forcément moins tragique que le sort que me réservait ma "famille". Pauvre de moi, j'ignorais qu'il y avait des choses bien pires que la mort en ce monde...

Je suis restée derrière Don Valliery, trop faible pour me défendre moi-même, trop lâche pour affronter le danger. Était-ce de la lâcheté ? Durant toute ma vie j'ai dû subir l'antipathie de toute l'humanité. Personne n'est capable de se relevant intact sous le poids d'un pareil fardeau. Je compris tristement que je n'avais plus la force de me battre, alors, en me sentant étrangement en paix, je décidai de laisser ma vie entre les mains de mon mystérieux protecteur.