Le Grimoire Maudit D'Ewan Don Valliery

Explique-moi

Je me sentis me reprendre en main, mais j'étais encore choquée par ce qu'il venait de se passer.
Quelque chose ne tournait pas rond dans cette maison.

Je me demandais vraiment ce qu'il avait bien pu se dérouler, mais quelque chose me disait que je ne le saurai probablement pas.

Et peut-être le valait-il mieux.

J'étais assise sur ma chaise de bureau, en pleine réflexion. Vraiment, tout clochait ici. Je me demandai bien ce qu'on me cachait derrière tous ces mensonges.

Je soupirai.

De toute façon j'étais punie dans ma chambre - comme une enfant, c'est vrai - et je n'allais pas m'en plaindre. Loin de moi l'envie de parler ou juste de voir le visage insupportable d'Ewan Don Valliery.
Pourquoi n'était-il pas comme tout le monde ? Pourquoi moi non plus ?
Et pourquoi avait-il fallu que je m'éprenne de cet homme à l'aura si mystérieuse ?
À croire que là-haut, on m'avait fait une blague de mauvais goût.

J'entrepris de continuer mon écriture là où elle avait été interrompue, en gardant l'esprit un peu vagabond.

Près de trois heures s'étaient écoulés depuis. Il était treize heures vingt.
Il ne sert à rien de vous décrire ce que j'ai fait durant tout ce temps car... Comment dire ? Je n'ai rien fait. Et ça avait le mérite de m'agacer encore plus. Mais bon, ce n'est pas comme si je pouvais faire quelque chose de plus constructif.

Ah, mais je ne crois pas vous l'avoir précisé depuis le début de mon histoire, mais je n'ai pas de téléphone et il n'y a pas de wifi dans le manoir. Tout était resté comme le siècle dernier !
J'avais déjà entendu parler d'un phénomène sur des gens qui vivaient comme à l'époque. Bien qu'étrange, j'avoue que rencontrer une personne ainsi était très surprenant et très enrichissant.
On se sentait un peu dans une bulle, coupé du monde. "En paix" n'était pas le bon mot, car jamais je n'avais connu ce sentiment dans ma vie. Mais si j'avais été une fille "normal" peut-être que j'aurais pu le définir ainsi.

Je commençai à avoir un peu faim, mais je fis taire mon appétit en piochant un livre dans ma bibliothèque.

Comme le temps peut être long...

Mais est-ce que sortir de cette pièce était mieux ? Je ne saurais le dire.

D'ailleurs, je me mis soudain à penser à Judicaël. Le pauvre avait du se faire sévèrement réprimander par son maître, et tout ça par ma faute !
Et s'il le virait ? Oh non, ce serait trop cruel !
Il faudra que je pense à m'excuser quand je le verrais.
Le majordome de la demeure était une personne vraiment gentille sous ses airs froids.
Est-ce qu'il était mon ami ? Peut-être pas sous ces termes, mais "la personne avec laquelle je me sens le mieux" c'était certain.
Je me souvins soudain du regard fou d'Ewan lorsque je lui avais avoué que Judicaël m'avait aiguillé.
Un frisson glacé me parcouru.

Le Don n'était pas capable de lui faire du mal... N'est-ce pas ?

Mais cet éclat dans ses beaux yeux ambrés m'inquiétait.
Au fond, je savais très bien que je ne connaissais rien de cet homme et qu'il pouvait regorger de bonnes surprises comme de mauvaises intentions.
Bien sûr, je priais pour qu'il s'agisse de la première possibilité, mais plus tout ceci avançait, plus je devais me rendre à l'évidence.

Ewan était mauvais.

Quelqu'un pourvu de plein de gentillesse ne m'aurait jamais caché de secrets.
Je ne sais même pas comment il me connaît !
Je ne sais même pas pourquoi j'ai eu le sentiment d'avoir déjà entendu son prénom !
J'ignore comment il est au courant de ma malédiction !
J'ignore pourquoi elle ne le touche pas !
Je n'ai plus aucun souvenir de pourquoi le mal s'est abattu sur moi !