Épate-moi

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Un léger sourire s'était dessiné sur les lèvres pâles de l'empereur des anges. Et quand il souriait, cela n'annonçait rien de bon. Il regardait à travers l'immense verre de la salle d'observation, la Terre - plus précisément le manoir Don Valliery - d'un air satisfait.
Tout se déroulait pour le mieux, sans qu'il n'ait besoin de se salir les mains. Finalement, il devait avouer que cette humaine n'était pas aussi inutile qu'il l'avait pensé. Bien sûr, il ne lui accorderait l'accès au paradis pour rien au monde : à cause de cette ignorante la dague angélique s'était quand même retrouvée dans les mains de Satan !

Valérian se retourna lentement, en retrouvant son éternel grimace. Son maître de guerre, Kayron, était sagement posté devant la porte, attendant les ordres de son supérieur.
- Peuh, nous allons commencer par envoyer une petite lettre aux crasseux d'en bas. Lança-t-il avec mépris.
Son interlocuteur sourit avec cruauté et lui répondit en faisant une révérence raffinée :
- Bien sûr, Votre Grandeur.

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J'étais restée assise dans le salon. Cela faisait bien deux heures que j'étais seule et qu'Ewan n'était pas revenu. Judicaël, quant à lui, était parti à la recherche du prince de l'Enfer.
Est-ce que j'avais bien fait ? C'était la question qui ne cessait de tourner en boucle dans ma tête.
Je triturais sans cesse mes mains à cause du stresse, les regardant s'accrocher, se tordre et jaunir d'un œil captivé.
F

inalement, je pris l'initiative de partir à la recherche de la bibliothèque du manoir, espérant oublier tous mes soucis en me noyant dans une bonne lecture.

La demeure était silencieuse, comme si aucune personne n'y vivait. Ses murs étaient froids, m'ordonnant de partir, ses intentions étaient mauvaises, me mettant en garde.

Depuis le début cet endroit me menaçait. Il était maudit.

Je pressai le pas, descendant des escaliers, traversant d'autres couloirs interminables, puis poussai une grande porte de bois vernis. Derrière, se trouvait de longues étagères aux couleurs sombres sur lesquels une quantité astronomique de livres étaient posés. Je parcourais chaque rayon, lisant les titres de chaque ouvrage, un par un. Il y avait beaucoup de livres anciens, je pouvais le deviner par leur couverture abîmée par le temps. Dans l'ensemble, néanmoins, ils étaient en bonne état. Même si je doutais que quelqu'un les ait tous lu, je supposai que Judicaël devait s'occuper de la propreté de ceux-ci. Il fallait avouer qu'il faisait un travail remarquable à lui seul, surtout dans une aussi grande bâtisse.
Je laissai mes yeux traîner, ne trouvant pourtant pas mon bonheur. Les romances me plaisaient beaucoup auparavant, mais dans ma situation actuelle je n'avais aucune envie de me retrouver dans une de ces histoires d'amour trop optimiste, dont l'héroïne était absurdement niaise. Je n'avais pas la force de réfléchir pour un polar. Je ne voulais pas m'embarquer dans un récit réaliste trop déprimant, et en même temps je ne voulais pas lire quelque chose de fantastique. Au final, il n'y avait pas grand chose qui m'intéressait. Je continuai toutefois de déambuler entre les bibliothèques, avec l'infime espoir de trouver la pépite.

Soudain, mon œil fut attiré par un ouvrage assez épais à la couverture entièrement noir.

Je m'en approchai lentement, tendant ma main avec précaution, comme si je faisais quelque chose de mal. Puis une fois saisi, je le tirai vers moi.
Je le tins d'une poigne hésitante, lisant le titre d'un regard curieux. Il fallut que je m'y prenne à trois reprises pour comprendre. Mais au final, l'information atteignit mon cerveau :

"La Bible Satanique
l'Apocalypse selon Lucifer"

Est-ce que cela aurait du me suprendre ? Je ne fis rien. Après tout, nous étions dans un manoir de démons, il n'est donc pas étonnant de voir des ouvrages relatant leur histoire en ce lieu. Mais ce qui n'est pas normal par contre, c'est le fait d'être allée m'asseoir sur l'un des fauteuils en velours de la pièce en gardant cet objet sous la main.
La curiosité est un vilain défaut, mais hélas, ma volonté est bien faible.
Il y avait dessiné sur la couverture l'étoile satanique dans une couleur rouge assez effrayante, qui représentait un bélier.
Je ne devrais pas y toucher. Je ne devrais même pas être attirée par ce livre. Mais je l'ai fait : je l'ai ouvert.

Le Grimoire Maudit D'Ewan Don VallieryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant