Le Grimoire Maudit D'Ewan Don Valliery

Destine-moi

Nous restâmes tous muets.

Judicaël s'enfonça dans le canapé, avec l'air le plus désespéré du monde. Quant à Ewan, il laissa échapper un lourd soupir qui en disait long sur sa pensée.
- Prêm', tu sais bien que nous ne pouvons pas faire cela. Tentai-je de lui expliquer.
Il fit la moue.
- Tu m'as demandé ce que je voulais, je t'ai répondue. Je ne négocierai pas plus. S'entêta t-il.
- Il nous faudrait son accord, et justement, il n'est pas là. Lui expliquai-je.
En réalité, il y avait plein d'autres problèmes, mais la liste était si longue qu'il était préférable de ne lui montrer que le plus évident. Cependant, l'Omniscient ne se démonta pas et resta fixé sur son objectif. Il ne comptait pas se faire entourlouper :
- Je ne vous aiderai donc pas. Conclut-il.
- Et si je dévore ton âme maintenant, tu préfères quoi ? Le menaça alors Ewan qui venait de se lever.
Il s'avança vers l'Arymas, qui souriait grandement, d'un air vraiment sombre.
Je me dépéchai de barrer le chemin du prince, afin d'éviter un acte malheureux.
- Prince Ewan, la violence ne résoudra pas notre problème ! L'arrêtai-je.
- Tu seras étonnée de voir combien de personnes cèdent sous la torture, Anna. Me répondit t-il.
Je fronçai les sourcils pour lui montrer que je n'allais pas abandonner comme ça.
- Nous devons trouver un moyen d'accéder à sa requête, même si elle paraît folle ! Lui dis-je avec détermination.
- En une journée ? Rit-il cyniquement.
- Il nous reste ce soir et cette nuit ! Positivai-je. Nous serons condamnés, sinon.
Le majordome décida de prendre part à la conversation, étant autant concerné que nous par cette histoire :
- Qu'on lui tape dessus et qu'on en finisse !
Je me retournai vers lui, en colère, et le sermonnai :
- Vous n'allez pas vous y mettre non plus, Judicaël !
- Entre mourir en défendant mon prince ou mourir sous la colère de Sa Majesté, j'ai vite fait mon choix. Argumenta t-il.
- Ne soyez pas aussi fataliste ! M'exclamai-je.
Ewan ajouta :
- Il a raison de l'être.
Comprennant que je n'arriverai pas à raisonner mes deux compagnons, je décidai de me retourner vers Prêmélas. Celui-ci était totalement serein, et les menaces du monarque semblaient le déranger le moins du monde.
- Prêm', je t'en pris, tu dois nous aider ! Le suppliai-je.
- Je n'aide personne, petit papillon, lorsque je ne trouve pas quelque chose qui puisse m'intéresser. Me réctifia t-il.
Cette fois, le prince de l'Enfer perdit patience : il attrapa violemment l'adolescent par le col et le souleva dans les airs avec un regard meurtrier. Pourtant, le garçon sourit de plus belle.
- On va utiliser une autre méthode puisque la douceur ne fonctionne pas... Gronda le Kaïm.
Paniquée, je m'exclamai :
- Prince Ewan, posez-le immédiatement !
- Judicaël, écarte Annabelle, je vais m'occuper de cet insolent. Lui ordonna le roux.
J'eus à peine le temps de lâcher un "quoi ?" d'indignation, que le majordome m'attrapa le bras d'une poigne de fer pour m'éloigner de la scène. Je me débattus en m'écriant qu'il ne fallait pas lui faire de mal, mais mes protestations furent vaines. Ils étaient des démons après tout, à quoi devais-je m'attendre ?
- Vous êtes pitoyable, Ewan, vous n'arrivez pas à la cheville de votre frère aîné ! Se moqua l'enfant, sans s'apercevoir qu'il venait d'allumer une dangereuse lueur dans les yeux du seigneur.
- Et toi, sale nabot, tu es incapable de te défendre. Lui cracha le plus grand.
D'un mouvement sec et brutal il jeta Prêmélas sur le parquet, ce qui provoqua un bruit sourd. L'Arymas se mit à quatre pattes, en éclatant de rire, et se releva lentement.
- Vous ne pouvez même pas dévorer mon âme : je ne suis pas humain ! S'esclaffa de encore le plus jeune.
Il n'eut pas à attendre bien longtemps la réponse du démon à sa provocation : Ewan s'approcha à nouveau de lui, d'une seule enjambée.
- Va crever avec mon frère, le nain. Siffla t-il.
Toutefois, il ne s'était pas attendu à ce qui allait suivre :

Prêmélas lui retourna une gifle !

Cet enfant était totalement inconscient ! Je me figeai sur le coup de la surprise, pâlissant à vue d'œil. Même Judicaël avait eu un geste de recul !
- Ne parle pas de Lucifer ainsi, en face de moi. Le menaça l'Arymas avec un regard foudroyant.
Sa témérité me fit trésaillir !