Envie-moi 🔥

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Ewan était d'une pâleur maladive suite à ce choc émotionnel. Ses yeux trahis ne pouvaient fuir la réalité, fixant malgré lui notre complicité outrageante. Par pure jalousie, le monarque s'emporta :

— Voici une scène des plus pathétiques ! S'exclama-t-il d'un air sarcastique et haineux.

Judicaël et moi nous retournâmes brusquement dans sa direction, ne nous apercevant seulement maintenant de sa présence. Aucun de nous ne comprit la raison de sa colère.

— Aurions-nous fait quelque chose qui déplaise à Sa Seigneurie ? S'enquit poliment le majordome qui se détacha de moi et qui remit une distance raisonnable entre nous.

— Épargne-moi tes fausses manières, Judicaël, tu sais très bien ce qui ne va pas ! Rugit le roux réellement blessé.

Le seigneur avait trop de fierté pour se montrer fragile ou pour ne laisser apercevoir qu'une infime partie de son masque d'ivoire fendu par le passé. C'était un homme prétentieux, aveuglé par la rancœur au point de rejeter ses propres erreurs sur les autres. C'est donc ce qu'il fit une fois de plus : il cacha son envie par des reproches en m'accusant d'avoir une relation inappropriée avec son majordome au lieu d'avouer qu'il avait honte d'être incapable de nouer des liens amicaux avec autant de simplicité. Ewan était jaloux. Tout simplement. Le domestique comprit sans peine ce dont on l'accusait mais il ne connaissait pas si mal son maître pour le croire. Cependant, avait-il son mot à dire dans cette histoire ? Judicaël est bien placé pour savoir qu'il est impossible d'arrêter Ewan quand il fait une de ses crises.

— J'ai du mal à saisir les raisons de votre emportement, essaya-t-il tout de même. Veuillez néanmoins nous pardonner ce que vous nous reprochez.

— Sors ! Lui cria le roux, furibond.

Il savait pertinemment que son ami avait vu clair dans son jeu, et cela l'énerve d'autant plus. Finalement, le domestique prit congé suite à une brève révérence. Il me lança un regard qui ne signifiait rien qui vaille en sortant... Maintenant seule face au monarque qui semblait me soupçonner de frivolités avec le serviteur, je restai pantelante. Que devrais-je dire, faire ? En fin de compte le souci ne se posa plus puisque le Don me saisit par le bras pour m'entraîner avec sa suite dans la demeure. Sa poigne n'avait rien de délicate, et je devinais sans peine que je n'allais pas boire un thé en sa compagnie !

— Don Ewan, ce n'est pas du tout ce que vous croyez ! Me défendis-je misérablement.

Il ne prit pas la peine de me répondre : à la place, il ouvrit la porte de son bureau d'un coup de pied et me poussa dedans d'une fureur palpable. L'odeur de cire fondue et de bois brûlé me firent penser quelques secondes à ce qui pourrait être les portes de l'Enfer, mais je revins à la réalité lorsque je dus me retourner pour faire face à ce qui aurait pu en être le gardien.

— Je suis... Déçu ! Cracha-t-il.

— Nous faisions uniquement ce que vous aviez demandé ! Le contredis-je.

— Tais-toi ! M'intima-t-il d'un geste sec de la main. T'entendre me tromper sans scrupule et te voir tenter de sauver votre honneur m'exaspère d'autant plus ! Me prends-tu pour un novice, un homme de bas étage qui n'a pas appris à discerner le mensonge ?

Il secoua vivement la tête, faisant flamboyer sa chevelure.

— J'ai grandi dans l'aristocratie, trésor, j'ai côtoyé un nombre d'hypocrites que tu ne peux même pas imaginé, j'ai moi aussi dû me parfaire d'un visage construit de toute pièce, alors n'essaie pas de m'avoir à ce jeu ! M'avertit-il.

— Je dis la vérité, osai-je prononcer.

Le souverain se retourna dans ma direction, les iris ardents.

Le Grimoire Maudit D'Ewan Don VallieryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant