Crains-moi

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Des fois, le fait d'être trop gentil vous rend vulnérable. Les autres profitent de votre sensibilité pour vous écraser et être les plus forts.
Mes parents m'ont dit qu'il fallait toujours rester une bonne personne, même si nous vivions dans un monde de brutes.
Mais quand on a tout perdu, même ceux qui nous disaient d'être bon, et tout cela par la faute d'une personne qui vous a écrasé, est-ce que "le droit chemin" vous apporte encore quelque chose ? Y a-t-il encore une raison de le suivre ?
C'est ce que je ne cessais de penser, assise dans ma chambre, en essuyant nerveusement mes larmes.

Ewan ne méritait pas mon chagrin, ne méritait rien de moi.
Je réclamai vengeance.
Mais vouloir et pouvoir ne sont pas la même chose, alors je méditais à un moyen de le nuir même si je devais en mourir.
Au moins, ma vie n'aurait pas été vaine.

Je me relevai, et partis m'allonger dans mon grand lit en m'enroulant dans les chaudes couvertures.
Ewan m'avait offert l'hospitalité mais à quel prix ? Il m'avait offert un peu d'espoir mais dans quel but ?
Étais-je aveugle ou juste perdue ?

Je ne cessais de retourner la situation dans ma tête, inlassablement, au point d'en avoir la migraine. Je me mis à frissonner d'effroi et de solitude, alors je resserai ma couverture contre moi, dans l'espoir de réchauffer mon cœur meurtri.
Il me fallait une solution, n'importe laquelle. Je devais réfléchir posément pour élaborer mon plan de vengeance.
Puisque je n'avais plus rien à perdre autant tout tenter.

Mes yeux fixaient le plafond d'un air mort et lugubre, ils s'étaient assombris pour devenir ternes, presque sans vie. Le plafond blanc me paraissait soudain noir, le soleil n'était qu'un nouveau cycle de la lune, et les murs du manoir, les barreaux d'une prison qui se resseraient jusqu'à m'étouffer complétement.
Pour importe où je tournais la tête : je voyais le sourire cruel d'Ewan s'y refléter. Alors je gardai mon visage droit, mon corps raide, comme si on m'avait enchaîné là.

Qui pourrait m'aider ? Qui pourrait m'entendre crier à l'aide comme une faible ? Qui viendrait me secourir ?

Sûrement pas l'humanité, elle est moi n'avions plus aucun avenir ensemble. Et tout cela à cause d'une seule personne, qui se révélait être un démon, et pas n'importe lequel : le frère de Satan en personne !
Ewan était un prince de l'Enfer. Dur à croire, dur à accepter. Mais que je le veuille ou non c'était un fait irrémédiable auquel je devais faire face.
Trouver une solution qui réglerait tous mes problèmes s'avéraient être une tâche difficile voire impossible. Je ne savais même pas si tuer le Seigneur de Transylvanie avancerait quelque chose à ma vie. En effet, il ne serait plus là pour m'embêter, mais je me retrouverai seule, dans la rue, sans maison, sans argent, sans travail. Je n'étais pas sûre que la malédiction disparaisse avec son invocateur.
Et encore fallait-il être capable d'accomplir la mission numéro un : tuer le prince. Je doutais fortement de mes chances de réussite à cet exercice.
Dans le meilleur des scénarios il me tue, m'offrant enfin la paix, mais à mon avis son esprit d'un sadisme sans limite parviendrait à me mettre dans une situation encore pire que maintenant.

Je serrai les poings, impuissante. Je refusais de pleurer de nouveau, alors je pris parti de la colère en balançant inutilement mon coussin à travers la pièce, d'un geste rageur.

Pitoyable.

Ah, si seulement j'étais quelqu'un d'autre ! Pourquoi faut-il que ça m'arrive à moi ? Les contes de fées ne sont-ils que des mensonges écrits pour nous rendre aveugles et naïfs ?

Pathétique.

Suis-je vraiment encore cet enfant de sept ans qui n'a rien compris de l'existence ? Non, vraiment, je deviens de pis en pis, mon esprit divague.

Le Grimoire Maudit D'Ewan Don VallieryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant