Détruis-moi

31 3 2
                                    

Son expression devint soudain plus glaciale que jamais auparavant. Il lâcha un rire tranchant qui m'effraya.

Non, je ne voulais pas que ce soit vrai !

Un éclat sadique traversa ses magnifiques prunelles, ce qui me fit reculer de quelques pas.

- Enfin. Dit-il. Tout ceci devient enfin intéressant...
Il se pencha sur son bureau en croisant ses mains sous son menton, arborant un sourire des plus malveillant.
- Dites-moi que c'est faux. Le suppliai-je.
- Quoi donc ? Allez lâche-toi, trésor, j'attends ce moment depuis longtemps !
- Ma famille ? Lui demandai-je.
Il s'imita en train de réfléchir puis d'avoir un éclair de lucidité.
- Ah ! N'est-ce pas ces deux humains méprisants que j'ai fait brûler comme un magnifique brasier ? C'était un spectacle tout à fait époustouflant, mon talent m'ébahit moi-même, tu n'as pas besoin de me remercier. Me répondit-il avec suffisance.
Mes yeux s'ouvrirent grands alors que mon cœur se serra violemment.
- Vous... Vous avez tué... Ma famille... Bégayai-je.
Il parut agacé par mon comportement.
- Arrête de faire le disque rayé et dépêches-toi : je sais que tu as bien d'autres questions à me poser auxquelles je me ferai une joie de te répondre. Me pressa t-il comme un gamin gâté.
- Ce livre ? Fis-je en mal.
- Et oui tu m'as libérée, trésor. C'est fou ce que peut faire le journal d'une puissance telle que moi dans les mains d'une sale humaine comme toi ? Sourit-il machiavéliquement.
Ses mots me transperçaient comme des poignards, mais je me fis violence pour ne pas fondre en larme devant sa méchanceté. Il n'attendait que ça.
- La malédiction ?
- Une démonstration de mon incroyable force. N'est-ce pas impressionnant ? S'émerveilla l'inconnu face à moi.
- Qui êtes-vous ! M'emportai-je.
Il secoua son doigt en signe de négation devant moi l'air très amusé.
- Ta ta ta, pas si vite ! Ce sera la dernière question celle-ci. Une autre. Me remballa t-il.
- Qu'est-ce que vous voulez de moi ? Pourquoi moi et pas un autre ? Quels son vos projets ? Lançai-je.
Il y avait beaucoup trop de questions et de sensibilité dans mon âme pour les poser une à une et encaisser toutes ses réponses sans broncher.
Mais Ewan ne l'entendait pas de cette oreille :
- Trop de questions, trésor, organises-toi. Ne pressons pas le temps alors qu'il devient enfin distrayant ! Me dit-il.
- Que voulez-vous de moi ? Lui demandai-je alors.
- Toi ? Tu es le jouet le plus amusant que je n'ai jamais eus ! J'adore énormément te voir souffrir car tu es adorablement expressive... Là, par exemple, ta tête est vraiment magnifique !
Il pointa mon visage décomposé par la douleur en se moquant.
"Jouet" voilà ce que je retenais. Je n'étais rien de plus que cela...
Comme je ne disais plus rien il se renfrogna :
- Allez, poses-moi une autre question ! Si tu n'es pas assez forte pour juste apprendre cela, qu'est-ce que ce sera quand je te dirai que ça fait quatorze ans que je t'observe te faire maltraiter, avec plaisir ?
Je reculai d'un pas, en devenant livide sous le chagrin et en empêchant mes larmes de couler.
Comme je me taisais, il décida d'enchaîner :
- Tu veux savoir pourquoi je fais ça ? Parce que je déteste ta race ! L'Humain est la pire créature de la Terre et j'espère pouvoir l'éradiquer de mes propres mains un jour. Il fallait juste que je parvienne à venir dans ton monde et... Oh, dommage ! C'est tombé sur toi !
Il rigolait comme un enfant, s'amusant grandement à me blesser.
- Tu étais si naïve et innocente ! La proie parfaite ! Si tu savais comme ça m'a réjoui de te voir t'effondrer durant toutes ces années... S'extasia le Don.
La seule chose que je pouvais faire était de le fixer débiter tant d'horreurs sans rien dire.
Je n'avais pas les mots.
J'avais la tiraillente envie de m'enfuir loin de lui, loin de ce monstre qui me faisait tant de mal.
Mais pour aller où ?
Je n'avais rien ni personne, mon propre corps me faisait souffrir !
Il examinait ma réaction avec une satisfaction sanglante et continua :
- J'ignore comment tu as mis la main sur mon Grimoire maintenant, mais je savais que cela finirait par arriver un jour ou l'autre. Après tout, tu es dans la demeure du Grand Ewan : il est évident qu'elle regorge de pouvoirs en tout genre.
Il s'arrêta avec un air plus sérieux et m'interrogea :
- Parmi toutes ces questions qui taraudent ton esprit, je suppose que tu te demandes où je vais la journée ?
La seule chose qui franchit mes lèvres fut :
- Le sang.
Il retrouva son sourire malsain.
- Ah oui, c'est vrai ! Et bien oui, figures-toi que je m'hydrate au sang. Et la journée je me nourris de l'âme de tes congènaires ! Non, ce n'est pas une plaisanterie : disons que j'ai un régime alimentaire très spécial... Dis-donc, c'est ton cœur que j'entends battre d'ici ? Se moqua t-il.
Je serrai les dents et les poings, pour calmer les tremblements qu'il percevait très bien.
- Tu sens très bon trésor, tu sens la délicieuse odeur de la peur, et j'adore ça ! Me confia t-il avec un regard fou.
- Vous êtes... Cannibal ! M'écriai-je horrifiée.
Il éclata d'un rire sombre et psychopathe.
- Oh non, trésor, je ne le suis pas ! Je suis bien pire que tout ce que tu peux imaginer !
Je sentis mon instinct de survie s'agiter, mais je lui suppliai de se taire. J'étais condamnée, alors autant qu'il avoue tout :
- Ce livre, qu'est-ce que c'est ? Lui demandai-je en pointant l'objet toujours dans mes mains.
- On appelle cela un "spiritus geminae", toutes les créatures comme moi en possède un. C'est un peu comme une arme unique à chacune des personnes, malheureusement le "spiritus geminae" est assez incompris car il ne varie pas selon notre rang social ou notre force. Certain son utile et puissant et d'autres de véritables poisons pour leur maître. Personnellement, le mien qui semblait anodin était finalement utile ! Se réjouit-il.
J'essayai veinemement d'assimiler toutes les choses importantes qu'ils me disaient mais ma tête me brûlait comme une bombe à retardement. Un feu invisible me rongeait de toute part, m'empêchant d'avoir les idées claires et l'esprit lucide.
- Pourquoi m'avez-vous gardé en vie ? Pourquoi ne pas m'avoir violenté jusqu'à la mort comme l'aurait fait l'humanité ? M'embrouillai-je.
Il laissa échapper un soupir avant de se lever.
Il s'avança de sa silhouette grandissante vers moi, et jamais, il ne m'avait autant parut dangereux.
- Vois-tu trésor, mon but est de te faire souffrir. Le problème là-dedans c'est que la mort, cette chose qui effrait tant de gens ne te fait pas peur : tu l'attends patiemment car elle est pour toi l'ultime paix. Si je te tuais, non seulement je ne pourrais plus jouer avec tes sentiments, mais en plus je t'accorderai cette chose que tu veux plus que tout au monde. Voila pourquoi je te garde en vie : mais n'y vois aucune marque d'affection ! Gronda t-il.
- Judicaël, dans tout cela ? Bredouillai-je.
En vérité, je ne voulais pas savoir ce qu'il allait me répondre.
- Judicaël est dans le complot depuis le début, il sait toutes ces choses sur moi que tu ne connais pas, il sait pourquoi tu es ici et quels sont mes plans. Et si tu veux savoir, il est loin d'être comme toi : ce n'est pas un humain.
Alors lui aussi était un ennemi... Comment avais-je pu être aussi aveugle ?

Le Grimoire Maudit D'Ewan Don VallieryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant