Trouble-moi

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Point de vue Prêmélas

Je regarde au loin, vers l'imposant manoir qui me fait face.
Un sourire hystérique vint étirer mes lèvres, lorsque je songeai à tout ce qui allait se dérouler dans ce lieu maudit.
J'avais tiré les cartes de tarot, et être tombé sur l'arcane sans nom m'avait... Comment dire ? bouleversé ?

La connaissance, c'est ce qui vous attire, comme si cela vous promettait la lumière. Hélas, la détenir vous détruit.

Est-ce que j'ai envie d'agir ? C'est une étrange question, car je n'ai jamais vraiment pensé par moi-même.

Est-ce que j'ai aimé des gens ? Ou n'était-ce pas une illusion de mon esprit ? Difficile à dire.

Je revins à moi lorsque je me rendis compte qu'une traînée froide venait de glisser le long de ma joue.
Je l'attrapai de mon index.

Une larme.
Est-ce que je souffre ?
Est-ce que j'ai peur ?
Est-ce que c'est ce sentiment d'impuissance qui me nuit encore et toujours ?

Je relevai les yeux vers le manoir et me mis à rire avec démence, coupé parfois par des sanglots.

Je le savais, et je n'y pouvais rien : car bien plus d'une personne allait trouver la mort et le désespoir dans cette demeure...

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Point de vue Annabelle

La lame entre mes mains me fixait d'un air sarcastique. Ses reflets d'argent m'éblouissaient par leur beauté, comme s'ils me signifiaient que je n'étais pas digne d'eux.
Une part de moi m'encourageait, me félicitait pour cette nouvelle détermination qui allait peut-être m'offrir la rédemption, tandis qu'un autre côté pleurait dans son coin, déçu, affligé. Cette voix me disait "Où es-tu Annabelle Roseboise ? Toi l'enfant si pure et gentille que j'ai connu ?"

Hélas, seul un grand silence lui répondait. Est-ce que je serai vraiment assez forte pour transpercer la peau d'un homme, ou plutôt d'un démon, à l'aide de cette dague ? Est-ce que ma victime mourra sur le coup, ou parviendra-t-elle à riposter ? Et si c'était moi qui mourrais ?
Je me mordis la lèvre inférieure espérant chasser toutes ces sombres pensées, et relevai la tête vers mon sauveur - dont je ne connaissais même pas le nom - et lui dis :
- Je vais le faire.
- Peuh, tu pourras parler quand il sera bel et bien mort. Me répondit-il de son air dédaigneux.
- Mais, dites-moi, me questionnai-je soudain, que dois-je faire après l'avoir tué ?
- Jette l'arme du crime dans une rivière, ainsi nous pourrons la récupérer : il ne doit y avoir aucune trace d'ange dans les parages. M'expliqua t-il.
- Pourquoi donc ? M'étonnai-je.
- Parce que ce sale morveux de Satan entrerait en guerre contre nous, et, même si je suis certain de notre victoire, je n'ai pas envie de gaspiller mon précieux temps pour lui.
Je tiquai brusquement :
- Mais ça veut dire qu'il va s'en prendre à moi ! M'outrai-je.
- Peuh, tu comprends seulement maintenant ? Ton cas est désespéré et ton seul salut est la mort. Avec un peu de chance, l'autre Crasseux sera tellement en colère qu'il te tuera rapidement sans te torturer plusieurs années. Me dit-il comme s'il parlait d'un pique-nique.
- Quoi ! M'exclamai-je scandalisée. Mais c'est injuste !
- Tu iras te plaindre à l'autre clown du destin. Répliqua mon interlocuteur.
- C'est qui ça encore ? L'interrogeai-je.
- Un gosse insupportable et inintéressant. Me répondit l'ange pour couper court à l'interrogtoire.
- Mais si je meurs et que je me retrouve en Enfer ? Sat... Enfin Lui, pourra me torturer pour l'éternité ! M'écriai-je horrifiée, n'osant pas prononcer le nom du Diable.
- Si tu parviens à te débarrasser du rouquin infernal tu auras la bénédiction angélique et les portes du paradis s'ouvriront à toi. Me rassura t-il.
- Mais reste que je n'ai pas envie de me "faire torturer quelques années" !
Il soupira lourdement, comme si je devenais de plus en plus insupportable à ses yeux. Finalement, il fit apparaître entre ses mains un petit flacon fermé, qu'il me tendit :
- Qu'est-ce ? Lui demandai-je.
- De l'arsenic. Rapide et efficace. Me répondit-il nonchalamment.
Je regardai le petit objet d'un œil blême. Alors voilà mon sort ? Est-ce que je devais me résigner ? Est-ce que j'étais condamnée ?
- Tu peux accepter mon marché en pleine conscience des conséquences, ou tu peux refuser et connaître un sort sûrement plus funeste. C'est ton choix. Me mit-il au pied du mur.
Je dus prendre ma décision, contre mon gré.

Le Grimoire Maudit D'Ewan Don VallieryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant