Le Grimoire Maudit D'Ewan Don Valliery

Abandonne-moi

Le temps n'est pas éternel, il s'enfuit comme le sable entre nos doigts, et lorsqu'il n'est plus là, il ne nous reste rien : qu'un vide immense dans lequel on se noie.

Je n'arrive pas à savoir si j'ai peur ou si je suis pressée que cette histoire arrive à son terme. Après tout, Ewan est la source de tous mes problèmes, sans lui, ma vie aurait été différente.
Lorsqu'il s'en ira pour toujours, que deviendrai-je ? Est-ce qu'il sera facile de me reconstruire ? Aurai-je une maison, un travail, des amis et, qui sait, une famille ? Ou alors serai-je seule ?
C'est difficile de s'imaginer sans souvenirs, sans passé, sans racines auxquels se raccrocher. Quelles seront mes premières pensées dans cette autre vie ?

Voilà les questions qui ne cessent de me tourmenter depuis que Prêmélas est revenu. Bien sûr, il avait eu droit à un véritable interrogatoire dès qu'il avait franchi le seuil de la maison, mais ses réponses n'étaient pas celles auxquelles nous nous attendions. Étais-je rassurée de savoir que tout allait "pour le mieux" ? Ou étais-je terrifiée en comprenant que l'aventure s'arrêtait ici ? Je ne saurais même pas vous répondre.

~ ~ ~ Flashback ~ ~ ~

La porte d'entrée s'ouvrit, laissant apparaître un adolescent en costume du XVIIIe siècle recouvert de neige, un sourire triomphant sur les lèvres. Il tenait sous le bras le fameux tableau que tout le monde cherchait.
La première réaction d'Ewan en l'apercevant fut de l'étrangler. Heureusement, je parvins à lui faire cesser ce massacre en m'exclamant que nous ne savions même pas ce qu'il s'était passé et que le garçon était peut-être innocent.
- Oui, c'est vrai, j'ai abandonné ton frère mais c'était pour la bonne cause ! Se défendit l'Omniscient.
Il s'était prit un coup de poing dans la figure avant d'être amené à s'expliquer :
- En fait j'ai eu une vision lorsque je me suis pris les pieds dans un trou - Ewan l'insulte - et c'est seulement là que j'ai compris que Yami ne détenait pas la clef de l'énigme. En fait, elle voulait simplement nous empêcher de mener à bien notre mission, parce que, par je ne sais quel sortilège, le tableau est sorti du miroir pour se retrouver à l'aiguillage des morts. Peut-être une dernière volonté de Judicaël ?
- Et comment es-tu allé là-bas ? L'accusa le benjamin.
- J'ai mes relations, pas besoin de vous faire un plan complexe vu que j'ai simplement fait ce que vous m'aviez demandé : rechercher votre Porte de l'Enfer et la ramener. Esquiva brillamment le plus jeune.
- Je ne te fais pas confiance, le nain. L'avertit le prince.
- Je n'ai jamais prétendu à une telle chose, mais vous feriez mieux de vous habituer à moi, parce que je vais partager la vie de votre aîné. Sourit malicieusement le devin.
- Mon frère va divorcer de toi dès qu'il aura le tableau. Se moqua le plus grand.
Un large sourire s'était dessiné sur le visage du plus petit, qui lui demanda :
- Qu'est-ce que vous pariez, beau-frère ?
- Je ne suis pas assez fou pour faire un pari avec l'Omniscient. Répliqua sèchement le démon.
Pour sa propre satisfaction, l'enfant du Destin sortie un papier noir qu'il avait précieusement gardé dans sa poche. Il le tandis, euphorique, à Ewan.
Celui-ci écarquilla les yeux en dépliant l'objet. Je jetai un coup d'œil par-dessus son épaule, et ce que je vis me laissa muette de stupeur : Satan avait signé, acceptant leur union !
- Tu l'as manipulé psychologiquement ! L'accusa le monarque en colère.
- Vous connaissez mal Lucie, ça me déçoit. Avait rit le télépathe.
- Je refuse de croire que mon frère à accepter cela, c'est tout bonnement impossible ! S'écria de nouveau le prince.
- Rien n'est impossible, mon beau-frère, vous irez en discuter avec mon mari à son réveil. Ça va être très drôle ! S'amusa Prêmélas.
Bien sûr il avait fait exprès d'utiliser le vocabulaire du mariage pour énerver le Kaïm.
Personnellement cette révélation me choquait aussi, c'était assez saugrenu d'imaginer le Diable avec la bague au doigt. Mais après tout, si cela le rend heureux...

J'eus un sentiment de solitude soudain. La famille d'Ewan s'agrandissait, de ma place d'humaine je ne pouvais m'empêcher de trouver cela beau et émouvant.