Aide-moi 🔥

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Fuir.

L’atmosphère se refroidit, mon cœur se mit à battre fort et quelque chose s’immisça dans ma tête : une sorte de sifflement insupportable voulant m’affoler… Les yeux sanguinaires de l’inconnu m'épient comme si j’eus été une proie facile à abattre, son expression moqueuse trouvait ma crainte et mon impuissance risible tandis que, par espoir sans doute, je tentai de l’innocenter une ultime fois.

— Que voulez-vous ? Lui demandai-je, apeurée.

— Les personnes de mon rang ne doivent jamais laisser derrière elles une chose qui puisse nuire à leurs ambitions, me conta-t-il. Il se trouve que mon frère, hélas, ait la fâcheuse tendance d’oublier ce principe élémentaire. En tant qu’aîné, me voilà dans l’obligation d’effectuer cette pénible tâche afin de préserver son honneur.

Ma respiration s'accélère sans que je ne puisse la calmer. C’était ouvertement une menace, non ? Il n’y avait pas de doutes sur le fait que je sois la « chose » à faire disparaître, n’est-ce pas ? Mesurant l’ampleur du danger, je fus convaincue de la nécessité d’envisager un plan de secours pour me défendre. Je visualisai rapidement un chandelier en argent sur la cheminée afin de m'en servir comme d'une arme en cas de combat.

— Voulez-vous que j'allume un feu ? Lui proposai-je avec dessin de m’approcher naïvement de ma seule défense.

— Ne cherche pas à te défiler, petite chose, ce serait inutile, rit-il de sa voix grave qui faisait trembler les murs. Il est temps d’accomplir ce qui m’incombe de faire.

Le voyant faire un pas dans ma direction, les yeux traversés d’un éclat assassin, je me précipitai vers mon arme, ne réfléchissant pas à deux fois. La saisissant, je me retournai et sursautai en me rendant compte que mon adversaire était déjà parvenu à ma hauteur. D’un mouvement brusque, j'abat le chandelier sur lui, espérant le faire reculer, ou, tout du moins, l’effrayer. Il intercepte le coup d’une seule main. L’objet atterrit dans l’espace situé entre son pouce et son index. L’homme ne cilla même pas, plutôt amusé par ma réaction. Je repris mon arme et constate avec effarement que le métal était tordu !

— Non… C’est impossible… C’est impossible… Je suis dans un cauchemar… Répétai-je en frissonnant d’effroi.

— Assez joué, petite chose, déclara subitement mon agresseur.

Il se saisit du chandelier, me l’arracha malgré ma farouche résistance, le balança dans la pièce sans jamais détourner le regard, et m’attrapa par le col sans aucune douceur pour me ramener à lui et enfin, enserrer ma gorge.

— Lâchez-moi, je vous en prie, lâchez-moi ! M'écriai-je terrifiée.

— Quel supplice pathétique, railla-t-il en serrant de plus en plus fort ses mains, j’aurais bien voulu te dire que tu me fais de la peine mais ce n’est absolument pas le cas…

Je tente comme je peux de respirer, inspirant difficilement de l’air. J’essaie de le griffer, de le frapper avec mes pieds, d’amoindrir la pression qu’il exerçait sur ma nuque mais mes efforts sont vains. Ses doigts et ses ongles s’enfonçaient de plus en plus dans ma peau, me créant de violentes douleurs. Il était doté d’une force qu’on pourrait qualifier d’inhumaine et mes faibles agitations étaient presque comiques à voir. D’ailleurs, son sourire ne cessait de croître chaque seconde.

— Une dernière prière à m’adresser, petite chose, avant de mourir ? M'interrogea t-il avec sadisme.

Il rectifia son emprise pour me permettre de formuler une ultime phrase.

— Don Ewan, faites quelque chose ! Gémis-je d’une voix éraillée.

— Mauvaise réponse, petite garce.

Le Grimoire Maudit D'Ewan Don VallieryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant