Chapitre 44 TAÏS

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TAÏS


Il sort de la chambre ...

Il s'en va, Madison et moi derrière lui. Mathis marche de plus en plus vite, ça ne va pas, j'accélère et le chope par la taille.

Il se débat un peu et finit par craquer, il s'accroche à moi et éclate en sanglots convulsifs. Alors, je le serre fort... je sais pas trop quoi faire. Madison valide en me chuchotant qu'il doit évacuer la tension. Elle se cale contre nous et lui frotte le dos. Elle chantonne ce que je devine être le refrain de Belle et Sébastien, ça fonctionne, il finit pas s'apaiser. Je dois avouer que même sur moi, ça a fonctionné.

- pardon.

- oh non, t'excuse pas mon mini pote!! Tu es officiellement un Avenger. Tu as défendu ta maman avec tellement de courage et de calme... en restant poli... je me doute qu'il t'a fallu beaucoup de détermination et d'amour pour elle... je suis tellement fier de toi.

- tu as le droit d'être bouleversé, nous le sommes tous... merci mon grand de m'aimer si fort...

- tu le mérites maman, tu mérites qu'on t'aime fort...

- je suis d'accord.

- je vous aime tellement mon petit et mon grand chéri.

- ah non maman, beurk! m'appelles pas 'chéri'!!

Beurk???  Attend d'avoir 10 ans de plus, mon bonhomme, tu ne diras plus ça!!!

La cadre du service a attendu courtoisement que nous arrivions à calmer notre petit bonhomme avant de venir nous parler.

- bonjour, l'infirmière m'a expliqué ce qui s'est passé quand votre père a retrouvé sa lucidité...

- oui, soupire Madison.

- et bien, nous, ici, on ne veut plus vous revoir. Cet homme va être suivi médicalement, mais vous, vous me signez le papier comme quoi vous cessez d'assumer financièrement pour lui et vous n'avez plus rien à faire ici. Ce n'est pas bon, ni pour votre petit , ni pour vous.

- vous avez raison... Aller, Mad, va signer le papier et on s'en va.

- oui, grince Mathis toujours calé dans mon cou, on s'en va.

Madison, toute pale, suit la dame. J'ai les boules, vraiment, cette fille ne mérite pas tout ce qu'elle se prend dans la figure. Je dépose mon colis sur un fauteuil dans la salle d'attente et je m'accroupis devant lui.

- et toi, mini Avenger, comme tu te sens?

- j'ai tellement de colère dans moi qui arrive pas à sortir que j'ai mal au ventre...

- qu'est ce que tu aimerais faire? Tout à l'heure, Mad a eu besoin d'une glace... qu'est ce qui te ferai du bien, à toi?

Il me dévisage, respire un grand coup et ose... Il ose me dire vraiment ce qui lui plairait, je suis super heureux.

- j'aimerai aller voir ton papa et ta maman, à toi... toi, tu es presque un papa pour moi et eux du coup, ils sont presque mes papy et mamy, tu sais, des vrais, qui sont gentils, font des câlins, jouent avec moi...

- ça te ferait plaisir qu'on aille manger à Aups, ce soir?

- oh, mais c'est trop tard, ils doivent pas avoir prévu...

Ah, l'éducation en mode petite souris de Madison ...

- attends mon bonhomme tu vas voir!

Et je chope mon téléphone, je le mets sur haut parleur.

- .... allô? Maman?

- oh, salut mon chéri? Ça va?

- ben, pas bien justement.

- comment ça 'pas bien'?

- le papa de Madison a retrouvé sa lucidité et sa méchanceté... Mad est avec la cadre pour signer la décharge comme quoi elle n'assumera plus pour lui, et j'ai là, un petit gars tout bouleversé qui a défendu sa maman comme un tigre...

- il est trop adorable ce petit bonhomme...

- il me dit que ça lui ferai du bien de vous voir, papa et toi, puisque vous êtes des genres de grands parents pour lui mais, je cite 'des gentils qui font des câlins'...

- et alors? tu attends quoi pour sauter dans ta voiture et venir?

Voila, maman me râle dessus mais le zigoto sur sa chaise a retrouvé la banane.

- il voulait pas croire que vous seriez d'accord en étant prévenus si tard...

- passe le moi.

Je coupe le haut parleur et lui tends le portable. Il répond à maman par de petites onomatopées toutes émues.

- oui d'accord... heu, mamy... c'est vraiment gentil... oui... hey, Taïs, elle dit qu'on a qu'à dormir chez eux ce soir... mais, y a école demain c'est le dernier jour, je dois aller récupérer mes affaires et donner un cadeau à ma maîtresse.

Je remets le haut parleur.

- on va faire ça maman, tu as raison. Et toi, asticot, tu iras à l'école seulement l'après midi...

- est ce que maman va être d'accord?

- on va lui faire, tous les deux, nos gros yeux suppliants, elle va dire oui... on passe chercher trois affaires à l'appart et on arrive. Merci maman.

Elle demande encore ce que Mathis veut manger. Il réfléchit et finit par choisir Poulet frites avec une tropézienne en dessert... tiens alors là, mon repas de gosse préféré...

- voilà ta maman... t'es prêt pour les gros yeux suppliants?

Lui et moi, on se prépare. Madison s'arrête net devant nos figures...

- heu, vous faites quoi?

- on te fait nos gros yeux suppliants... explique Mathis, très sérieusement en accentuant sa mimique, hey, Taïs, fais lui le coup des fossettes.

Et elle se prend quatre fossettes et deux regards de chien battu... enfin, un chiot et un chien...

- pourquoi vous faites ça?

Elle se marre.

- pour que tu dises oui... s'il te plaît maman...

Son regard va de son fils à moi, j'ajoute: 'dis oui, on va attraper des crampes'...

- aller OK, rigole t elle, n'allez pas choper des crampes de fossettes, je dis oui.

- hourra!!! maman! t'es la meilleure!!

- j'ai dit oui à quoi?

- on va chez Sacha et Lola, ils sont mes papy et mamy de cœur, c'est Lola qui l'a dit et j'ai besoin de câlins de papy et mamy, parce que eux, ils sont gentils!!

- on va y dormir, Mathis loupera l'école demain matin seulement... ça doit pas être grave, c'est le dernier jour... il pourra récupérer ses affaires et il a parlé d'un cadeau pour sa maîtresse...

- mince!! On a rien acheté!!!

- oh maman... c'est vrai, on n'y a plus pensé...

- pas de problème, demain matin, tu iras avec ta 'mamy de cœur' à sa boutique et tu choisiras des fleurs... elles sont supers les fleurs de ma maman, elles sont supers fraîches et restent belles longtemps.

D'accord, j'ai l'air d'un gosse de trois ans tout enamouré de sa maman quand je dis ça, mais c'est la vérité!

- alors dépêchons nous d'aller chercher nos pyjamas et nos brosses à dent!! décrète ma merveille, avant de me chuchoter à l'oreille qu'elle est impatiente de découvrir le lit où j'ai rêvé d'elle la première fois...

Pouvoir y croireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant