Chapitre 74 TAÏS

41 5 0
                                    


TAÏS


Il doit être vraiment tard mais j'arrive pas à partir... Quand le lion en haut de la colonne sera seul sur sa place face à la lagune, tu seras vraiment mort Tim, pauvre lascar paumé...

Les personnes venues ce soir ont été vraiment correctes, nous avons communié en mode fêtards mais respectueux...

Les derniers viennent me demander un selfie... bien sur... on retire brièvement nos masques pour la photo et voilà, la dame se marre et en demande un autre masqués en souvenir de cette période particulière... Voilà madame et bonne soirée.

Madison vient passer son bras autour de ma taille, il est plus que l'heure d'aller au lit, bien sur ma merveille, je vais vite aider à ramasser le bordel et je te suis.

Oh... pour ça aussi les gens ont été cools, les gobelets sont dans des sacs poubelles, Debbie y a mis les bouteilles, tout est net... Jo est sidéré, comme tous les vénitiens, il est plus ou moins convaincu que le monde entier veut ensevelir sa ville sous les graffitis et les détritus...Ben, tu vois tonton, parfois les êtres humains se révèlent meilleurs qu'on le pense... Et ce soir, ça fait du bien...

Nous croisons les employés communaux réquisitionnés aussi étonnés que nous du respect dont on fait preuve les gens. Ils seront au lit plus tôt que prévu ceux là.

Papa me chope et me serre dans ses bras... C'est pas fréquent mais tellement réparateur.

- sacré hommage, je suis fier de toi mon fils...

- c'est bien ce que tu as fait pour sa mère...

Oui maman...

Ça craque dans moi, je leur parle de mon pote qui a perdu sa mère à cause du covid...

Le casse cou que je suis, a pris cette semaine la mesure de la douleur de perdre un proche et c'est compliqué... Compliqué d'imaginer le vivre et compliqué d'imaginer infliger ça à ceux que j'aime...


Il est temps de se séparer...


Finalement, la famille ne résiste pas à l'appel de la Sérénissime, ils resteront encore un peu.

Papy nous donne les clefs de notre nouvelle maison, mamy sort de son sac une petite pochette avec quelques papiers et ajoute que, après demain, il y aura un camion de déménagement en bas de chez Madison, ils emballeront et ramèneront chez nous tous ce qu'elle et Mathis voudront.

Ma merveille invite tout le monde à manger chez nous le premier samedi de leur retour. Je ris parce que repartir d'ici est toujours difficile... les excuses pour rester sont infinies...

Nous nous mettons les voiles demain matin. Motoscafi à 10h30...

Le chemin du retour vers notre logement est beaucoup moins joyeux que pour la fête de jeunes... En même temps, je comprends ce que ma merveille m'a dit le matin avant qu'on se marie: j'ai de la peine mais sa main dans la mienne et son silence complice me fond du bien...

Je ne suis pas seul face à la perte de mon pote... et ça change tout...

Pas seul du tout... une fois chez nous, un mignon petit bonhomme arrive dans notre chambre, son pyjama spider man me fait sourire.

- qu'est ce qui te ferait moins de tristesse? Me demande t il vraiment sérieusement.

Son air déterminé qu'il a piqué à un certain pompon de ma connaissance ne laisse aucun doute, quoi que je réponde, il fera de son mieux pour me le procurer... Madison sort discrètement de la salle de bain.

- rien ne fera revenir Tim, et puis, il ne le souhaitait pas... mais depuis que je vous connais, ta maman et toi, je sais exactement ce qu'il me faut pour me sentir bien...

- une glace? Je te prête mon doudou-couverture si tu veux?

Il croise mon regard ironique et comprend: 'oui OK, je laisserai maman laver ma couverture qui sent le renard'...

- ce qui me fait me sentir mieux, c'est vous deux... est ce que vous auriez du temps pour un câlin?

Évidement!

Je me retrouve allongé sur le lit, avec Mat et Mad chacun d'un coté de moi... On s'endort comme ça... enfin, pas tout à fait, un petit mouvement contre moi me tire de mon demi sommeil, Mathis file discrètement chercher son doudou-couverture. Je fais semblant de dormir quand il revient. Il fait attention à ne pas me le coller sur moi, s'enroule dedans et s'endort la tête sur ma poitrine en mode chaton frileux trop trop adorable.

Je me réveille seul au lit... Des bruits de vaisselles et de discussions m'indiquent que ma famille déjeune...

mmmm... ma famille...

Mon téléphone sonne... Mia...

Elle a vu ma vidéo cache cache et suivi aux infos la mort de Tim et notre soirée hommage, elle veut me dire qu'elle est triste pour moi. On parle un peu de ma performance aux gondolini,  je sens qu'elle n'ose pas me mettre en boite. Je demande des nouvelles de bébé Lili et raccroche.

OK, je boude... autant assumer...

La journée passe en un éclair et nous voilà dans un taxi à Roquebrune Cap Martin. Nous avons donné l'adresse notée sur les papiers de Papy et Mamy puisqu'ils sont restés à Burano.

Mathis reconnaît la ruelle, et nous montre un portail en fer forgé, on ne distingue pas la maison, perdue dans la végétation méditerranéenne.

Le taxi s'arrête effectivement. Madison est pétrifiée d'émotion, Mathis la tire par le bras. Je chope nos sacs et cherche quelle clef va ouvrir ce majestueux portail. La plus grosse, en fait, directement sortie de Harry Potter!

Je referme et abandonne les sacs. L'allée descend vers la mer. On prend le temps de savourer, la vue une fois passé le premier lacet est somptueuse. On voit la maison, blanche et pierre, un parc, la piscine et en bas, la mer... Mathis ne parle que de sa chambre.

Mais on n'ira pas plus loin... Madison tremble, je la prends dans mes bras.

- bienvenue à la maison mon merveilleux petit pompon rose.

- .... la maison...

Bon, je la soulève et suis notre mini guide qui a du prendre la foudre!! Je l'oblige à attendre un peu et fait d'abord le tour de la maison, terrasse coté mer, coté jardin bien ombragée et bien sur coté piscine... piscine à débordement en deux bassins sur deux restanques... whaou!!! Le bassin du bas à l'air vraiment profond, le plongeoir à l'étage au dessus me le confirme...

Tout à gauche à travers le grillage, une femme me salue.

- bonjour, je m'appelle Marjolaine, je suis la personne embauchée par votre grand mère pour m'occuper de vous. Mon mari Gilles également, il a eu des problèmes avec le système de filtration de la piscine, il est parti avec le technicien changer la pièce défectueuse. Mais cela ne vous empêche pas de vous baigner si vous le souhaitez.

Madison retrouve un peu de self contrôle et salue cette nana qui a l'air sympa. Elle nous montre la maison de fonction qu'ils occuperont tant qu'ils travailleront pour nous.

Elle m'indique qu'elle a lavé le sol et laissé la baie vitrée face à la mer ouverte. Nous allons donc passer par là.

Le salon est immense, baigné de lumière... La vue est à tomber. Au fond, coté jardin, la salle à manger est complètement ouverte par des vitres. Et coté piscine, la cuisine est très grande, toute en pierre.

À l'opposé de la salle à manger, une voûte donne sur deux pièces vides et une suite digne d'un film hollywoodien. Fenêtre coté jardin et baie vitrée coté mer. Lit immense, coin bibliothèque cosy, salle de bain de star et deux grands dressings...

Mathis crie qu'il veut absolument nous montrer sa chambre. On capitule et on le suit. Madison glisse sa main dans la mienne. Son sourire ferait pâlir le soleil.

On retraverse le salon et découvrons à coté de la cuisine, des toilettes, une pièce placard et un escalier de quatre marches qui donne sur un couloir. Trois portes, trois chambres sous le toit.

Pouvoir y croireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant