Chapitre 16 TAÏS

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TAÏS


Cette Debbie est une connasse, une sale connasse, la pire connasse de l'univers. Je devrais être peinard dans ma case au bord de l'océan et voilà qu'elle me tape une crise et détourne une fête de merde vers ma planque.

C'EST QUI LE PATRON, BORDEL DE MERDE??

Après, je reconnais qu'elle sait m'amadouer, la beuh qu'elle m'a fait livrer juste après mon arrivée est excellente, mon hamac sur le terrasse au bord de l'océan va bien... là, les rouquines psychopathes se font moins oppressantes.

Même si... Stop j'avais dis que j'y pensais plus...plus jamais...

Je suis arrivé il y a deux jours et j'ai pas bougé de la terrasse sauf pour pisser et bouffer, dans une semaine, je fais 100 kilos... On est vendredi, demain soir le troupeau des emmerdeurs va débouler, mon coach en premier avec des nouvelles de Mike qui vont me faire chier... Il a perdu le procès, il n'aura pas de dommages et intérêts. Je ne suis pas si con... pour lui filer des tunes après sa trahison, il ira se brosser mais il doit galérer... voilà, ça me fait déjà chier... et puis, les journalistes, les starlettes, les you-tubeurs de seconde classe qui vont chercher à me séduire...

... fatigue...

J'ai fini mon joint, je regarde le soleil se coucher avec une emmerdeuse rousse qui ne veut pas sortir de ma tête... je suis un peu stone, je vais dormir un peu...

- y a quelqu'un?

- ... non, barrez vous...

Pas moyen de dormir tranquille, merde il fait nuit. J'ai dormi longtemps.

- Taïs?

- absent, foutez moi la paix!

- est ce que je pourrais entrer?

- MERDE!! MEEEEERDE!! NON, NON et NON!!

- s'il te plaît.

- je ne veux voir personne, foutez le camp.

Ah ça y est, et ben, y en a qui sont long à la détente. Je regarde l'océan, la lune se reflète dedans c'est vraiment joli, je distingue la queue d'une baleine... j'adore ces animaux...

Un bruit sourd me sort de ma rêverie, quelque chose est tombé sur le bois du sol de la terrasse. Un sac de voyage???? Je lève les yeux et constate que j'ai trop forcé sur la fumette. Madison est là devant moi, et ses cheveux sont d'un joli rose dégradé vers le violet.

- putain je rêve éveillé maintenant, c'est de la bonne la beuh malgache!

- c'est vraiment moi, chevrote la créature.

- ah ouais, et si je te colle un pain, tu vas pas disparaître peut être?

Là, elle recule et croise les bras sur sa poitrine en mode défensif paniqué.

- OK, t'es réelle...

Merde, Madison se tient devant moi, et je viens de la menacer...

Heu oui, au fait, je suis fâché.

Je m'extirpe de mon hamac, et je constate que je ne suis pas si cuit puisque je tiens debout et que rien ne tourne.

Je suis fâché. C'est vrai.

Je me cale en face d'elle, je croise les bras et j'attends, j'attends... elle est juste venue pour me regarder ou bien?

Je suis fâché mais j'aime bien son regard sur moi... et puis, elle tremble...  je lui envoie un regard encourageant... je ne sais plus si je suis fâché ou inquiet de ce qu'elle est venue me dire...

Je la vois se secouer, elle va parler, elle ouvre la bouche, la referme, lève la main et me sort:

- attend, j'avais réfléchi à ce que je voulais te dire...

Elle est trop belle avec ses cheveux de sirène. Et là, toute mal à l'aise, elle est trop attendrissante.

- viens entrons, il a des moustiques...

- attends.

- OK.

'je suis venue pour te dire que je veux être ta chérie, que je suis malheureuse de t'avoir fait de la peine et que je suis tombée amoureuse de toi'

Ah ouais, mais quitte à parler poulette, autant le faire vraiment. Elle a débité ça comme une tirade apprise par cœur.

- t'es pas crédible... je lui grogne avec ma tête de pauvre con avant de rentrer en la plantant là.

J'entends des pas qui me suivent.

- je lui avais dit que tu ne me croirais pas.

- à qui?

- à Debbie.

- Debbie?

- je l'ai appelée après t'avoir raccroché au nez comme une conne...

- appelée pourquoi?

- parce que Mathis ne pouvait pas croire que tu resterais fâché si je te faisais mes pauvres grands yeux, et que...

Nous y voilà...

- qui est Mathis?

- mon fils de 7 ans.

A présent, elle est toute droite, les poings serrés, comme avant une bagarre. Bagarre qui n'aura pas lieu, je craque, je fais un pas et lui ouvre les bras.

Elle vient se blottir contre moi, comme j'en rêve depuis que je la connais... non comme dans mon rêve...

Et du coup, ça y est, son fils a un prénom, Mathis... Est ce qu'elle va me parler de son handicap?

- il est où Mathis?

- en week-end 'aqualand et quad' trouvé par Debbie... il m'a dit de te dire qu'il promet d'être sage, de ne pas t'embêter et même, si tu préfères, de rester chez ma mère. Mais ça ce n'est pas envisageable...

Il doit pas être si différent si Debbie l'a inscrit pour du quad... ou j'ai mal compris la vieille...

- comment as tu pu croire que je ne le tolérerais pas?

Ah oui c'est vrai, je suis fâché, tu sens bon la vanille, tu as dit que tu m'aimais... mais je suis fâché... un peu...

- ben tu es un homme...

... Ça, je peux pas le nier...

Elle est tout contre moi, elle lève ses beaux yeux vers moi et j'y découvre tellement de douleur.

- et?

- et dans ma vie il n'y en a eu que 6... avant toi, trois au collège, qui m'ont forcée... dont l'un des trois est le géniteur de Mathis... et trois autres depuis sa naissance qui, à chaque fois que je me disais que ma mère me rabaissait pour rien, lui ont donné raison quand ils ont appris l'existence de mon petit bonhomme... j'ai entendu tout ce qu'on peut imaginer depuis 'sale pute', 'traînée' en passant par 'rusée qui cherche à piéger un pauvre type pour lui coller la responsabilité de son rejeton et lui gâcher la vie'... alors quand toi... toi tu as... surgi dans ma vie comme une étoile filante bien trop lumineuse pour ma petite personne, j'ai... pas eu le courage de t'entendre me dire tout ça... parce que toi, je t'aurais cru...

Oh merde!!

- j'ai rien à dire de tout ça, Madison, tu es courageuse, tu es forte d'avoir subi tout ça et d'être encore debout devant moi... j'ai rien à dire de méchant sur toi... oh ma chérie! Ma pauvre chérie!!


Heu, pourquoi j'étais fâché déjà?

Pouvoir y croireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant