Pouvoir y croire

Chapitre 66 TAÏS

TAÏS

Voila... c'est aujourd'hui...

C'est comme un rêve... un truc qui devait pas m'arriver... qui m'arrive finalement en mieux que tout ce que j'ai pu espérer...

Il y a un an, je me disais que j'étais plus ou moins condamné à chercher dans mon troupeau de poufs celle avec qui j'aurai, un jour, le moins de mal à vivre... J'ai toujours voulu des enfants mais j'avoue avoir commencé à renoncer au concept faute d'envisager de trouver une femme qui pourrait tenir le rôle de mère...

Et il y a eu ce rêve, cette rencontre imaginaire avec Madison, puis la surprise de la croiser dans la vraie vie... et... après toute cette... comment dire? course à l'échalote pour pouvoir l'approcher... Il y a maintenant cette merveille dans ma vie, cette formidable fascinante personne qui me fait l'honneur de m'aimer autant, je le pense, que je l'aime...

Elle est tout ce que j'espérai, elle a besoin de moi, elle est fragile et douce... Mais en même temps, farouche et déterminée... Bagarreuse et courageuse. Et puis, elle est intelligente, rusée, et maline comme tout.

Je suis couché près d'elle. La fenêtre ouverte laisse entrer une douce brise marine. Je la regarde et une fois de plus, je succombe. Elle est si belle, sa belle peau est toute veloutée... Son petit corps est fin mais pas maigre... enfin, ne l'est plus, après le confinement, elle était terriblement amaigrie par le stress et le chagrin...

à présent, elle est juste parfaite avec des formes douces...

Je pose mes yeux sur son visage, si paisible et serein en ce moment. Ses lèvres entrouvertes montrent un peu ses dents. J'ai envie d'y poser les miennes pour sentir leur douceur, mais je me retiens, nous avons une grosse journée devant nous, autant qu'elle se repose.

Oh? Elle doit rêver, elle plisse son mignon petit nez et fronce les sourcils... J'espère que ce ne sont pas ses stupides cuillères à dessert qui la dérangent dans son sommeil.

Sa main navigue sur les draps... Je souris, tout attendri, elle me cherche... me trouve et m'enlace. Toujours endormie, elle se pelotonne contre moi... Moi qui fond... je passe doucement mon bras autour d'elle, elle a maintenant un air comblé... Je suis son rempart contre les cuillères à la con!

C'est exactement ça que je veux être, son rempart, son rempart contre le monde entier. Moi vivant, plus personne ne lui fera du mal, si elle a de la peine, je la réconforterai...

Voilà, en fait c'est exactement ça le mariage pour moi, promettre de veiller sur quelqu'un, promettre que ça sera mon unique but dans la vie...qu'elle soit heureuse... Elle le mérite tellement, elle a déjà tellement morflé...

Mon cœur se fige... tout à coup, l'énormité du job me transperce. Elle me fait confiance pour prendre soin d'elle toute sa vie... avec le lot de salopard, de pervers, de connards, de jaloux, de faux culs qu'elle va croiser... Mon esprit s'égare sur des gardes du corps, des mesures de sécurité... mais mettre quelqu'un en cage, ce n'est pas le rendre heureux...

Elle bouge contre moi et ouvre les yeux, direct dans les miens, dans les tréfonds de mon âme.

- Taïs... quoi?

- rien... repose toi... je t'aime...

Mais mon adorable pompon rose ne va pas laisser ça là, elle se redresse et se pose à califourchon sur moi... oh...

Je me redresse pour m'asseoir, adossé à la tête de lit, ainsi elle est tout contre moi, sur moi. La sensualité de notre position ne l'effleure pas, elle cherche la cause de ma mine paniquée. Ses mains me caressent le visage et les cheveux comme j'adore.

- raconte moi, s'il te plaît, mon étoile...

Son front est contre le mien, ses yeux dans les miens...

- je te regardais dormir, et je... kiffais ma vie, notre relation...

D'un sourire et d'un baiser, elle valide que c'est pareil pour elle.

- puis, j'ai pensé à tout à l'heure...

- oh... et oui... tu vis tes derniers instants d'homme libre, ensuite, il faudra te référer à la convention de Genève.

Comment ne pas rire?

Mais, elle attend une explication...

- je veux passer le restant de ma vie à... faire en sorte que tu sois parfaitement heureuse... et ça... ça m'a paru vraiment difficile, je veux dire, quand on regarde autour de nous...

- stop, stop...

Elle bouge, tout en tendresse, sur moi, mon sexe approuve et se retrouve agréablement niché entre nos deux ventres... oh, c'est pas mal comme ça... cette créature me charme chaque seconde un peu plus... mais elle n'est toujours pas sur un registre sexuel.

- c'est impossible, Taïs.

- quoi?

Je sursaute.

- tu ne peux pas me préserver de tout, de chaque emmerdement, de chaque source de tension, de chaque peine...

- je le devrais.

Voila, ma boule au ventre grossit.

- non, parce que pour arriver à ce résultat, il faudrait me ligoter à un radiateur et ne pas me laisser sortir... il y a aura toujours un con qui va me dire des horreurs au supermarché, Mathis qui se blessera, toi qui aura des problèmes, toutes ses choses qui m'atteignent et qui sont la vie, juste la vie...

- ...

- je n'ai plus peur de tout ça, tu sais pourquoi?

- non...

- pas parce que je me dis que tu empêcheras tout ça d'arriver par magie mais parce que je sais que tu seras là, que quoi qu'il m'arrive, je ne serai plus jamais seule pour affronter toutes ces choses pénibles.

Son air convaincu me rassure un peu.

- et je ferai pareil... toi non plus, tu ne te prendras plus la tête tout seul sur les merdes qui t'arriveront... C'est ça... cette... association de nous deux contre le monde entier que je vais accepter aujourd'hui, pas un... genre de bouclier protecteur contre tout. Il y aura des hauts et des bas, on s'engueulera, on se réconciliera... on s'aimera fort... Si l'un est malade, l'autre prendra soin de lui, si un a des ennuis, on sera deux pour trouver une solution... ça, ça me semblait impossible il n'y a pas si longtemps mais depuis que je te connais, que tu m'aimes et que je t'aime, que je suis si bien dans notre relation, maintenant, j'y crois et ça me rend heureuse... heureuse comme j'aurais jamais cru pouvoir l'être...

Et voilà, elle a pulvérisé ma trouille, elle a raison bien sur...

Je lui souris, elle scanne mon regard, cherchant le moindre doute... et comme elle n'en trouve plus, elle se redresse avec son sourire de déesse, son sourire plein de promesses pour lequel je me ferais couper les deux bras et lentement, s'empale sur moi... Ahhhh...

Je bloque son bassin, je suis tellement bien, tout entier en elle, tout au fond d'elle... Elle a le vert de ses beaux yeux qui s'assombrit. Elle me chuchote à l'oreille:

- tu crois que ça sera toujours comme ça, le sexe?

Je sais ce qu'elle veut dire mais je ne résiste pas au plaisir de l'entendre.

- comment ça, «comme ça»?

- incroyablement délicieux...

Je me sens comme un gagnant au loto... mais je fais un peu 'l'âne', comme elle dit, parce que j'adore quand elle me gronde avec sa mine faussement fâchée.

- non, à partir de ce soir c'est mort, ce sera une fois par mois et encore si, je ne manque pas de pilules bleues.

J'adore aussi quand elle rigole et que je suis en elle... Elle me prend les mains pour se libérer et murmure: ... menteur... avant de m'emmener au paradis.