Chapitre 15 MADISON

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MADISON


Voila, une journée de plus de terminée... J'ai osé demandé au patron de m'augmenter, et je me suis pris un vent, bien sur... je ne sais pas comment je vais m'en sortir... je veux dire m'en sortir dignement sans aller faire la pute pour le gars que maman connaît.

Je quitte ce bar infernal en courant et je fonce récupérer l'homme de ma vie à la garderie. Une fois de plus, je suis en retard, Mathis m'attend sagement, devant l'école, assis sur le rebord du trottoir. Pour lui aussi, c'est un soulagement ce déconfinement. Rester enfermés des journées entières à écouter maman nous déblatérer des insultes et à uriner partout... pour un garçon de 7 ans, c'est pas la joie...

Rien n'est la joie en fait dans sa vie, à mon magnifique petit garçon.

Il est si beau avec ses cheveux châtains clairs ébouriffés et ses yeux verts qu'il a hérité de moi.

Bon, il est tout pale faute de sorties au soleil, plutôt maigrichon... mais c'est la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie... c'est grâce à lui que j'ai survécu au traumatisme de sa conception...

Stop! ne pas repenser aux trois monstres qui m'ont forcée dans les toilettes du collège au début de ma troisième... ne pas penser à ce jeu horrible qu'ils n'ont même pas respecté puisque pour gagner au virginity game, les cinq filles doivent leur laisser prendre leur virginité de leur plein gré... ce qui n'a pas été le cas... J'aurais du mieux me défendre, ne pas les allumer  comme dit maman... La vérité, c'est que je ne souviens pas d'avoir allumé qui que ce soit, juste rasé les murs... j'aurais du les raser encore plus...

Je me secoue et répond à son beau sourire, lui aussi, il a des fossettes... comme mon étoile...

Stop! Ne pas penser à Taïs! Il fera comme les trois garçons qui m'ont plu en 7 ans... Il me dira des horreurs en apprenant que je suis une fille mère, et se sauvera...

Je repense au dernier, Max, un touriste venu en Provence. Je l'ai rencontré l'été dernier. Il m'avait draguée au bar, était revenu, revenu encore... Il m'avait invitée au bal... je me souviens d'avoir cru que je comptais pour lui... comme une andouille.

A la fin de la soirée, il m'avait fait un clin d'œil et demandé 'on va chez toi ou à mon hôtel?' et moi, j'avais répondu naïvement que je devais rentrer et pris mon courage à deux mains pour ajouter que mon fils m'attendait à la maison. J'ai entendu de tout, rien que d'y penser, j'en ai les larmes aux yeux. Voila ce qui arrive si je pense à ma vie privée, j'ai envie de pleurer... et il n'est pas question que mon étoile me dise tout ça, je n'y survivrai pas...

Mathis vient à ma rencontre, il a remarqué ma mine basse, il ne fait pas de commentaire et me fait un poutou. Il a compris depuis le temps qu'il n'y a pas de solution... il est résigné et ça me fait tellement de peine...

Comme toujours, je m'excuse d'être en retard, comme toujours il me dit 'c'est pas grave maman, j'ai mangé mon goûter en t'attendant' et nous partons vers la maison.

Plus nous approchons, plus je suis tendue, juste à l'idée de devoir bientôt ouvrir la boite aux lettres qui regorgera, comme toujours de factures. Justement, Mathis se racle la gorge et m'annonce qu'il a reçu la facture de la cantine et de la garderie.

- tu penseras à prendre les chèques demain en partant.

- oui maman.

Du coup, je me dégonfle et ne m'arrête pas à la boite.

Pouvoir y croireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant