Pouvoir y croire

Chapitre 77 MADISON

MADISON

On vient nous secourir...

Un soulagement immense me submerge. La femme médecin demande de quoi nous souffrons.

Taïs parle du trauma crânien de mon loulou, expliquant que c'est des suppositions puisque faute d'électricité à l'hôpital, ils n'ont pas pu faire de radio. Il ajoute que lui, il a la jambe démise-remise à l'arrache et qu'il ne serait pas contre un peu de morphine ou même juste un verre de scotch. Moi, j'ai mal au dos, j'ai du me coincer un nerf en me penchant pour choper Océane quand Maria l'a lâchée en s'écrasant contre le mur. Elle regarde la petite.

Alors, j'explique.

Le problème va être l'alimentation puisque sa maman l'allaitait ce que moi je ne pourrai pas faire...

Elle parle dans son casque très vite, je suis incapable de comprendre ce qu'elle dit mais je vois le visage de Taïs s'éclairer. Il demande en anglais à pouvoir parler au lieutenant colonel... et à son tour, explique la situation, explique qu'on ne veut pas voler un bébé... Apparemment, de l'autre coté, ça passe bien.

- OK, on va vous évacuer rapidement, ils s'organisent pour votre bébé... on doit juste lui trouver à manger... venez...

Le militaire aide Taïs à marcher, Mathis donne la main à la doctoresse. Et moi, je bloque.

- on ne peut pas laisser sa mère pourrir ici.

- bien sur, on vous installe et le sergent reviendra avec un sac mortuaire, le corps sera incinéré à bord.

- à bord?

- porte avion de l'US NAVY.

- oh...

Taïs sourit et articule en silence 'tonton Ben à la rescousse'. Dans l'appareil, Mathis est allongé sur un brancard avec un capteur clipsé au bout du doigt, Taïs également, le dos un peu surélevé. Moi, je m'assois avec la petite aux bras, elle doit être épuisée, malgré le bruit, les odeurs et toute cette tension, elle ne pleure plus, juste elle est accrochée à mon tee shirt... pauvre bébé...

Le sergent revient bientôt avec un sac noir, il le pose derrière nous. La femme médecin le remercie d'être aller chercher le corps et lui explique que nous avons besoin de biberon et de lait premier age. Il la regarde comme une martienne, elle lui désigne un endroit en bas alors que nous décollons. Il sera hélitreuillé ce pauvre sergent pour aller vandaliser une pharmacie et revenir avec un gros cabas plein de trucs pour bébé, il n'y connaît rien alors il a pris de tout. Il a assuré, il y a des couches, du lait, du gel lavant, une tétine, même un doudou, des petits bodies, une bouillotte, différents biberons avec des tétines diverses... je le félicite et je suis soufflée de le voir rougir comme un collégien.

Ah, les américains...

Le ciel est plein hélicoptères, Ben ne serait jamais venu juste pour exfiltrer sa famille. Et puis, Taïs s'inquiète pour Cameron resté au club aventure, bon c'est dans la jungle en retrait des plages mais quand même, Ben va aller vérifier que son fils va bien, c'est logique.

Je n'ai pas le droit de me lever mais l'envie est grande de venir me blottir contre mon étoile. Il a droit à son injection de morphine. Le pilote nous annonce que nous serons à l'abri dans 10 minutes.

- tu as dit oui?

J'ai peur qu'il n'ai pas vraiment réfléchi. Il me sourit et hoche la tête.

- pourquoi?