Chapitre 18

681 74 8
                                    

Les volets étaient baissés, une simple lumière avait réussi à se faufiler à travers. Cette seule lumière qui me permettait de ne pas laisser tout tomber. Je passais mes journées allongées dans ce lit à dormir, à pleurer et à penser. Je ne savais pas combien de temps cela faisait depuis que nous étions rentrés à Astara. Plusieurs jours en tout cas. Peut-être même quelques semaines. 

Les premiers jours n'avaient pas été particulièrement compliqué. Je dormais quand nous étions arrivés dans cette ville et je m'étais réveillée quelque temps plus tard par Valda qui changeait mes blessures dans la chambre de Artan. Je n'avais pas quitté son lit depuis ce jours à part pour aller au toilette ou pour me laver et il fallait qu'on me force pour que j'y aille. Les premiers jours je dormais toute la journée puis je me réveillais en plein milieu de la nuit par les cauchemars qui hantaient mon subconscient. Artan se levait alors pour me calmer et je me rendormais quelques temps plus tard de fatigue. Il avait installé un canapé dans sa chambre où il dormait chaque nuit tandis que je dormais sur son lit. J'avais entendu sa mère le sermonner une fois en lui disant de dormir dans un lit mais il lui avait répondu qu'il ne voulait pas me laisser seule.

Ces derniers jours, c'était beaucoup plus compliqué car je ressentais moins la fatigue. Je dormais beaucoup plus qu'un adulte en bonne santé mais il y avait des heures où je restais éveillée et je détestais cela. Je redoutais ces heures car je me rappelais tout ce que j'avais vécu. Mais je redoutais également les moments où j'allais dormir car les cauchemars ne quittaient jamais mes nuits. Peut-être que c'est parce que je redoutais tellement ces moments que je causais les cauchemars mais c'était mon quotidien désormais.

Je me retournais sur le dos et regardais le plafond. Je me sentais fatiguée mais impossible de m'endormir. Je resserrais un peu plus la couette autour de moi. Il faisait plutôt chaud aujourd'hui mais je ne ressentais que du froid. La porte grinça signifiant que quelqu'un était en train de rentrer dans la chambre. Je me mis doucement sur le côté de sorte à être dos à la personne qui se faufilait dans la pièce. Cela ne pouvait être que deux personnes. Valda, qui s'occupait chaque jour de moi en vérifiant mes blessures et en changeant les pansements sur les plaies qui n'avaient pas encore complètement cicatrisées. Apparemment elle avait fait des études pour devenir infirmière mais n'avait jamais exercée en dehors de la meute. Ou alors c'était Artan qui venait vérifier que j'allais bien. Dans les deux cas, je ne voulais voir personne. Je ne voulais parler à personne.

J'entendais les pas s'approcher de moi et Artan apparut dans mon champ de vision. Je détournais le regard et fixais un point à côté de lui en ne tenant pas compte de son regard inquiet. Cette lueur inquiète n'avait jamais quitté ses yeux depuis qu'on s'était retrouvé. Je ne voulais pas la voir. Je ne voulais pas qu'il s'occupe de moi. Je voulais juste qu'on me laisse tranquille. J'aurais préféré voir de la colère ou de l'indifférence dans ses yeux car j'aurais pu continuer à être en colère contre lui et à le mettre dans le même sac que tous les loups garous. Je me posais trop de questions par rapport au fait qu'il prenne soin de moi et j'avais beaucoup trop de choses en tête pour avoir à penser à cela en plus. Il me prit la main mais je la dégageais de son emprise et me retournais de l'autre côté pour être dos à lui. Je l'entendis souffler doucement puis s'asseoir sur un coin du lit.

- Il fait beau aujourd'hui, dit-il. Le ciel est bleu, il y a un léger vent et on entend les oiseaux chanter. Tu aimais tant écouter les oiseaux chanter.

Il essayait chaque jour de me faire la conversation même si je ne répondais pas. Je lui en étais reconnaissante car même si je détestais ces moments, cela me permettait de rester humaine et de garder un semblant d'interactions. Je serais sûrement devenu folle si j'entendais seulement ma propre voix dans ma tête chaque jour ainsi que celles qui hantaient mes cauchemars.

Trust (T.2 de Believe)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant