Chapitre XVI : Le festin des Nains

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« Ils chantaient et riaient [...], et vous vous dites sans doute que cela ne tient pas debout. Non pas qu'ils s'en soucieraient le moins du monde : ils ne feraient que s'esclaffer davantage si vous le leur disiez », Le Hobbit, Chapitre III. 

* * *

La compagnie s'éparpilla dans la grange située non loin de la maisonnée. Quasiment vide, Bilbo supposait qu'elle avait servi à entreposer d'anciens outils de travaux agricoles. L'odeur d'humidité lui chatouillait le nez, mais il s'y accommoderait, comme tous les autres. Il se retourna lorsqu'il entendit Bofur émettre un grognement de dégoût lorsqu'Oïn détacha le tissu entourant la jambe d'Alyson. Celle-ci serra les dents quand le Nain enleva les pétales une par une, collées au sang qui se déversait lentement de la blessure.

- Ça s'infecte, fit le Nain en plissant le nez.

- C'est bon, j'ai ! S'exclama Kili en accourant dans la grange, des plantes et des instruments de médecine. L'humain m'a donné ce qu'il fallait.

- Kaïne, intervint le Hobbit. Cet homme s'appelle Kaïne.

- Comment le savez-vous ? Demanda Dwalïn, les bras croisés sur son torse.

- Je lui ai demandé, répondit Bilbo sur le ton de l'évidence.

Bofur alluma une bougie pour éclairer la blessure. A ses côtés, le Nain malentendant prépara les soins, nettoya la plaie comme il pu et posa les pétales. Alyson serra les poings et s'enfonça presque les ongles dans la peau, sentant une sensation de brûlure sur sa chaire à vif.

- Qu'est-ce que ça donne ? Intervint Thorïn en revenant dans la grange, Fili à ses côtés.

- C'est vraiment laid, répondit Oïn en bandant la jambe avec un nouveau morceau de tissu. Il lui faut beaucoup de repos et changer régulièrement les plantes.

Ecu-de-Chêne s'agenouilla près de leur guide et lui posa la main sur l'épaule en signe d'encouragement. Alyson se contenta de cligner des yeux, incapable de prononcer un seul mot.

- Bon, le périmètre est sûr pour le moment, enchaîna Thorïn. Mais quelqu'un montera la garde cette nuit. Je n'ai aucune confiance en ce Kaïne.

La compagnie approuva les propos de leur chef. Quant à Bilbo, il n'avait pas encore d'avis sur leur hôte. Il espérait seulement, du moins pour le moment, qu'un bon repas chaud leur serait servi et qu'il passerait une nuit paisible ; chose qu'il n'avait plus le luxe de connaître depuis son départ de son trou de Hobbit.

* * *

Les yeux remplis de curiosité, Bilbo Sacquet observait chaque recoin de la maisonnée. Lorsqu'il était encore dans la Comté, imaginant le monde à travers de nombreux livres remplissant sa bibliothèque, il avait entendu bien des choses sur le monde des Hommes ; leur culture, leurs savoirs, leurs technologies. Il imaginait ce vaste monde comme un endroit rempli de merveilles, cachant maintes curiosités que beaucoup ignoraient. Mais en observant cette petite et vieille maison dégageant une légère odeur de poisson pourri, le Hobbit était quelque peu déçu. Cette odeur lui titillait une nouvelle fois les narines et il dû se forcer à ne pas éternuer.

Assis aux côtés d'Adeline, la fillette aux cheveux dorés, le semi-homme attendait avec impatience le potage que leur avait préparé Kaïne, en échange de quelques pièces que Balïn lui avait donné peu de temps avant. Autour de la table, les Nains semblaient tous aussi impatients que lui et Dwalïn tenait ses couverts, prêt à dévorer le repas dès qu'il serait servi dans son bol.

- Tu n'es pas un Nain toi ?

Bilbo se tourna vers Adeline et esquissa un sourire en voyant les sourcils froncés de la petite humaine.

Le Hobbit : À la reconquête de soi [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant