Chapitre XX : Rencontre avec un batelier

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« - Refaites ça, et vous êtes morts.

- Excusez-moi, mais vous êtes de Lacville si je ne me trombe pas. Le bateau que vous avez là, il ne serait pas à louer par hasard ? »,
Bard & Balïn, Le Hobbit : La désolation de Smaug.

* * *

Alyson était de nouveau seule. Elle ne se plaignait pas et une partie d'elle-même lui disait qu'elle avait pris la bonne décision. Jamais la Compagnie avait été aussi proche de la Montagne Solitaire et elle ne doutait pas de leur réussite. Demain, les Nains et leur Maître Cambrioleur seraient à Esgaroth ; ville poissonnière installée sur le lac au pied de la Montagne. Bientôt, Thorïn serait proclamé Roi et Erébor retrouverait sa puissance d'antan. Sa beauté ne serait plus un simple souvenir douloureux, mais une réalité tant recherchée.

Ces certitudes avaient aidé Alyson à quitter la Compagnie ; mais cela ne rendait pas les choses moins douloureuses. Leur dire adieu avait sans doute été une des décisions les plus difficiles à prendre.

La mutante enjamba un tronc d'arbre et leva la tête pour faire face au soleil. Elle resta immobile un moment tout en se remémorant les derniers jours en compagnie des Nains et du Hobbit.

Retrouver sa vie d'ermite ou éviter le monde des Hommes avaient été de bien faibles excuses que ses anciens compagnons avaient pourtant cru. Du moins, elle l'espérait. Mais la vérité était tout autre.

Et cela la terrifiait.

Alyson n'avait pas aimé ce qu'elle avait ressenti lorsque Thorïn lui avait annoncé leur départ, ni la sensation qu'elle avait éprouvait pour leur dire adieu. Alyson s'était attachée à ces petits bons hommes ; chose qu'elle ne pouvait accepter. Les quitter était la seule solution pour les effacer peu à peu de sa mémoire.

C'était, du moins, ce qu'elle espérait.

* * *

Assis sur le ponton, les jambes se balançant lentement au-dessus de la rivière, Thorïn regardait l'arme dans ses mains, dont il ne pouvait détacher ses yeux. Ses pupilles scrutaient chaque détail. Alyson lui avait donné Hauxylia juste avant qu'elle ne les quitte quelques heures plus tôt. Pourquoi un tel cadeau ? Dans son esprit, une épée de cette importance n'était pas une chose que l'on pouvait ainsi donner, comme un vulgaire bibelot.

Le Nain soupira. Il regrettait de ne pas avoir assez insisté pour qu'elle reprenne Hauxylia. Incapable de savoir s'il la reverrait un jour, l'arme lui rappellerait à chaque instant la dette qu'il avait désormais envers la mutante.

Or, Thorïn ne supportait pas d'être dépendant de quelqu'un.

Quelle image donnait cela de lui ? Un faible ? Un futur roi médiocre ? L'honneur était une chose qu'il chérissait et pourtant, il n'avait pas réussi à refuser le cadeau de son amie, malgré ses nombreuses tentatives.

Le Prince nain serra les dents et posa l'arme à ses côtés, le regard dans le vague. Il ne savait plus quoi penser.

Thorïn tourna la tête lorsqu'une ombre s'allongea près de lui. Kili s'assit à son tour et posa son regard sur son oncle. Ce dernier fronça les sourcils, méfiant. Les pupilles de son neveu semblaient briller d'une lueur remplie de malice, et son sourire en coin ne faisait que confirmer ses craintes. Le Prince nain se tourna une nouvelle fois pour découvrir Fili à quelques mètres, qui s'empressa de détourner les yeux lorsque les pupilles glaciales de son oncle se posèrent sur lui. Thorïn bougonna dans sa barbe devant tant de futilité avant de s'apprêter à se lever pour se réfugier dans la grange, loin de leurs regards indiscrets. Mais avant qu'il n'ait pu replier ses jambes, Kili posa sa main sur le pommeau d'Hauxylia et regarda son oncle comme pour obtenir son approbation. Ce dernier hocha la tête sans quitter son neveu des yeux.

Le Hobbit : À la reconquête de soi [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant