Chapitre 39

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PDV Lauren

Je suis entrain d'attendre dans cette salle comme une fois par an depuis que mon frère et ma maman on disparu. Je n'y suis pas de mon plein gré, si je pouvais ne pas venir je ne serais pas là aujourd'hui.
Ça n'a pas changé, autour de moi toujours ces mêmes couleurs fades sur les murs, avec ces même affiches de prévention, " si vous êtes victimes de ces comportements parlez-en autour de vous ". C'est pas ces affiches qui vont nous aider à nous ouvrir au monde et étaler sur la table tout nos problèmes.
C'est pas aussi simple.

Une femme d'une trentaine d'années je dirais, rentre à son tour dans la salle et me lance un petit sourire en venant s'asseoir à quelques mètres à côté de moi. Elle est blonde plutôt grande de taille. En la regardant c'est un femme assez banale, sans soucis apparent. Mais bon si elle est là ce n'est pas pour rien.

-Lauren ?

Je me lève suite à l'entente de mon prénom, direction la salle de torture. J'aime bien l'appeler comme ça. Généralement il ne s'y passe pas grand chose. Le Dr. Williams prend la parole et moi je ne fait que de l'écouter enfin, j'essaie. Aujourd'hui elle a l'air de bonne humeur, je le remarque grâce à son large sourire qui lui fend le visage.

-Alors Lauren, comment tu vas aujourd'hui ?

Me demande t-elle en se posant derrière son bureau alors que moi je viens m'assoir comme à mon habitude dans le siège juste en face. Le seul truc positif ici, c'est le siège. Vraiment confortable.

-Comme tout les autres jours, tout vas bien.

-Je vois. Et aujourd'hui ?

-Aujourd'hui ?

-Pas de pensées négatives, rien ? Je veux dire c'est pas n'importe quelle jour tu en as consc...

Je décide de lui couper la parole avant qu'elle aborde le sujet comme tout les autres fois. J'ai pas la tête à ça.

-Rien du tout.

Elle a l'air à court d'idée. En même temps je la comprend elle essaye de fait son job et tente de me faire parler mais pas avec moi. Impossible. Elle a déjà essayé plusieurs fois mais y'a rien à faire.

-Mon travail consiste à aider les autres, a les faire avancer, à aller de l'avant mais ceux qui réussisse s'ouvre à moi.

Elle pose ses deux mains à plat sur son bureau pour attirer mon attention mais je reste stoïque et regarde dans le vide.

Après quelque seconde de silence je décide de prendre la parole.

-Ce que je ne comprend pas c'est que vous dites que vous pouvez transformer la tristesse en bonheur. Vous dites que vous pouvez faire oublier aux gens leur passé avec leurs problèmes. N'est-ce pas ? Je lui demande en la regardant.
Vous dites que je peux oublier ce qui s'est passé dans ma putain de vie. Je continue en assistant bien sûr le "ma". Mais je ne suis pas sûr de vouloir l'oublier. Je ne veux pas, vraiment pas. Je veux me souvenir de leur regard, de leur sourire, de leur rire, de leur voix, de leur visage. Je veux être capable de me souvenir de ma mère, je ne veux pas oublier mon petit frère. Je finis en commençant à me lever pour quitter la pièce mais elle me stop.

-Je ne veux pas faire ça... Et je ne le ferai pas. Je ne t'aide pas à les oublier, je t'aide à oublier les mauvaises choses qui te donnent ces mauvais souvenirs et te font te sentir coupable. Elle reste assise sur son siège et me fixe. Ça ne m'empêche pas de rester debout les bras pendant le long de mon corps.

Je passe mon regard dans la pièce,
-Mais c'est ma vie et je choisis ce dont je veux me souvenir et ce dont je ne veux pas. Je lui répond hors de moi. Et je ne peux pas me souvenir de ces choses si je choisis d'oublier ce jour.
Je tourne en rond dans cette qui m'est devenue familière même si je n'y viens qu'une fois par an.

-Tu ne peux pas oublier les gens... ce n'est pas possible. Seule t'as mémoire peut le faire, elle choisit d'oublier. C'est ce qu'on appelle la mémoire sélective. Pour faire court, ton cerveau aura tendance à oublier, ou dans ton cas à te faire croire que tu as oublié certaines choses.

Un long silence prend place dans la pièce. Aucune de nous deux ne veux prendre la parole. Mon regard tombe dans celui réconfortant du Dr. Williams. Je reste là debout puis sur un coup de tête j'avance vers la porte et baisse la poignée.

-Lauren. Dit Williams tout bas.

J'ai juste à sortir, en poussant la porte et tout cet interrogatoire est terminé. Ma poigne sur la poignée devient ferme mais je ne bouge pas pour autant.

Les secondes passent et plus aucun bruit ne se fait dans la pièce. On peut seulement entendre ma respiration.

-Parfois, j'oublie le son de leur voix. Je suis juste dans la lune et... je suis submergée par tous ces souvenirs, c'est comme des flashes. Je lui raconte le dos tournée vers elle avec les yeux clos. Je ne les vois pas parfaitement, je vois ma mère à la maison, elle sourit et je peux imaginer qu'elle rit, je défile ses souvenirs en laissant apparaître un fin sourire que le Dr. Williams ne peut pas voir, mais je ne l'entends pas... je ne me souviens pas. Je perds le sourire que j'avais sur le visage.
Je me retourne vers elle et lui lance avec détresse,
Je perds les traits de leur visage morceau par morceau. Mon esprit tue mes souvenirs. Il trie dans ma tête sans mon consentement, en jetant au loin les lignes de leur visage qui me font oublier leur apparence et j'ai peur qu'un jour je ne me souvienne même plus de leur existence. Je me déteste d'être si heureuse, même quelques minutes. Je ne dois pas être heureuse, alors qu'il ne sont pas là avec moi, je n'en ai pas le droit. Je m'arrête net, essoufflée après mettre rendu compte que j'avais débité tout ça sans prendre le temps de me calmer.

-Tu te prives donc d'être heureuse à cause d'eux ? Me dit-elle.

Alors c'est ça qu'elle à retenu de tout ce que je lui est dit. A quoi ça sert que je lui parle si c'est pour quelle me dise des conneries pareilles.

-Ce n'est pas une privation, je ne peux pas, c'est tout. Ma mère et mon frère sont morts, comment suis-je censé être heureuse avec ça ? Je commence à me tendre . Les gens que j'aimais tant ont disparu de ma vie. Je me demande pourquoi je suis encore là alors que ce n'est pas le cas pour eux. Alors à partir de ça, je pense que c'est déjà un miracle si je suis encore en vie. Même si je ne vais pas bien, je suis en vie, point final.

La tension qui c'est faite dans la pièce est pesante. Je m'appuie sur le dossier du siège et baisse les yeux sur mes mains qui l'agrippe.

-Ok...hum. Je vais pas te mentir tu es ma plus jeune patiente, mais aussi celle qui a le plus de difficultés. Et je ne peux pas comprendre comment c'est possible. Je sais que ma question peut paraître stupide parce que je suis une professionnel...mais je dois comprendre.

Le regard planté dans le siens, et vidé je décide de lui répondre.

-Il n'y a rien à comprendre. La vie est une pourriture qui n'a mis sur mon chemin que perte et souffrance. Je n'ai fait qu'empirer les choses avec la haine que j'ai pour cette vie et j'en suis la seule responsable. J'ai bien peur d'ailleurs que ce talent que j'ai pour détruire tous ce qu'il y a autour de moi ne déteigne sur les autres. J'ai finis par comprendre que parfois il faut laisser aller les choses et faire avec, même si ça vous détruit. On subit simplement les conséquences de nos actes et si cela nous arrive c'est seulement qu'on la mérité.

Je quitte cette fois ci pour de bon son bureau et lance un petit au revoir à la jeune femme dans la salle d'attente.

Elle voulais que je lui parle et bien elle a été servis. Je ne penses pas revenir un jour dans son bureau après ce que je lui ai dit. Enfin bref c'est finis et je rentre enfin à la maison rejoindre Taylor.

Don't apologize beautyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant