Chapitre 13 : Auriane

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Concentrée sur les chiffres devant moi, les yeux fixés sur l'écran de mon ordinateur de bureau, je réponds distraitement lorsque deux coups légers sont frappés sur ma porte.

- Salut.

La voix grave d'Ethan me fait brusquement relever la tête. Je suis assez surprise de le voir ici puisque depuis notre rencontre à la boutique de disques, on s'est à peine croisé dans les couloirs de la boîte. D'après mon père, il planche sur une idée avec ses équipes et ses journées sont assez chargées.

Pourtant, à le voir tout sourire sur le pas de ma porte, un gobelet en carton entre les mains, personne ne dirait que cet homme est surchargé de travail. Bon, il a bien quelques cernes sous les yeux mais ça se voit à peine. En revanche, il a toujours cet air sûr de lui, presque nonchalant. Et je me demande bien ce qu'il veut. Notre discussion de l'autre jour ne fait pas de nous des amis.

Et pour être clair, ce jour-là, j'ai juste repensé aux mots de Rosie, tout frais dans ma mémoire, et j'ai décidé de les mettre en application. Point barre.

- Un Ristretto Bianco, ça te tente ? me demande-t-il en s'avançant dans mon bureau et en refermant derrière lui.

Je déglutis en entendant l'accent italien qu'il a pris. Je déteste l'admettre mais c'est sexy au possible. Crétin !

L'air de rien, je me lève et m'avance vers lui afin de lui prendre le gobelet chaud des mains, ne pouvant résister à ce breuvage.

- Merci. Que me vaut cette visite ? je demande avant de porter la boisson exquise à ma bouche.

Il me regarde faire attentivement, ses yeux plissés suivant chacun de mes gestes, avant d'esquisser un sourire en coin.

- Je voulais juste voir comment tu allais. Entre collègues, c'est bien normal.

Je me demande s'il prend régulièrement " des nouvelles " de Zoé. Apparemment oui, puisqu'ils en sont à l'étape : sortie dominicale entre amoureux.

Ca doit être à cause de leur relation qu'il a cessé de me courir après. Logique. Il a trouvé un autre os à ronger. Merci Zoé !

- Et savoir si tu avais apprécié l'écoute de ton nouvel achat chez le disquaire, termine-t-il.

M'étant approché de lui pour prendre le gobelet, on est assez près l'un de l'autre et je prends le temps d'examiner son visage, ses yeux verts qui sont chez lui ce qu'il y a de plus expressifs. J'essaie d'y déceler un piège, une façon pour lui de bifurquer sur un terrain plus intime entre nous deux, comme à son habitude, mais je ne vois rien. Méfiante mais lui laissant le bénéfice du doute, je réponds.

- Je l'ai écouté hier soir, en bossant. Ca me détend et me permet de me concentrer.

- Je vois que tu es un bourreau de travail, comme moi.

Ses yeux, rieurs, me font sourire malgré moi.

- Je travaille sur un projet personnel, ça n'a rien avoir avec l'entreprise de mon père.

Au moment où les paroles sortent d'entre mes lèvres, je les regrette instantanément. Mais pourquoi je lui parle de ma vie ? De mes projets ? Ce n'est pas parce qu'il sent bon et qu'on partage une passion commune que je dois me confier à lui !

Putain mais qu'est-ce que je raconte ?! Depuis quand je pense à son odeur, moi ?

Je m'apprête à l'envoyer paître, mécontente de mes propres pensées vagabondes et voyant déjà ses questions venir mais à ma grande surprise, il ne me demande rien, se contentant de hocher la tête malgré la lueur de curiosité que j'aperçois dans son regard.

A Taste Of EternityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant