A Taste Of Eternity

Chapitre 21 : Auriane

Je ne pensais pas qu'il était possible d'être embrassée de cette façon. Et encore moins par Ethan.

Alors que mes lèvres, indécises, se posent finalement sur les siennes, Ethan n'hésite pas un seul instant à me rendre mon baiser. Sa bouche prend possession de la mienne avec une telle lenteur, une telle tendresse, une telle délicatesse, que mon cœur est sur le point de me lâcher.

Plus que son baiser doux, qui prend tout son temps, ses mains, elles aussi me cajolent délicatement. On ne m'a jamais, non plus, touché comme il le fait.

Ses mains passent sur mes joues avant de se perdre dans mes cheveux, ne laissant que ses pouces câliner mes pommettes.

Je ne peux pas me mentir à moi-même, bien que l'envie ne me manque pas. Il est toujours plus facile de faire l'autruche plutôt que d'affronter la réalité et dans ce cas-ci, ma réalité à moi c'est que j'ai, souvent, durant ces dernières semaines, imaginé comment ce serait d'embrasser Ethan de nouveau.

J'imaginais que ce serait aussi fougueux, aussi vibrant, aussi enivrant que la première fois. L'unique fois. Mais jamais je n'aurai imaginé un baiser comme celui que nous partageons en cet instant. Son intensité me parcoure tout le corps, s'insinuant dans chacun des pores de ma peau, se glissant en moi jusqu'à atteindre mon cœur, mon âme.

Sa langue, que j'ai connu furieuse, impérieuse, est d'une douceur qui me fait tourner la tête.

Je ne saurais dire combien de temps dure ce baiser mais au bout d'un moment, on finit par se séparer, à bout de souffle. Nos fronts l'un contre l'autre, ma main toujours sur son torse, au niveau de son cœur que je sens battre à l'unisson du mien. Erratique.

Je reste plusieurs minutes comme ça, dans un silence absolu afin de recouvrer mes esprits. Je suis chamboulée... et putain, ça me fiche la trouille.

- On ferait bien de redescendre, je chuchote, la voix mal assurée en récupérant mon espace vital.

Ethan me laisse faire mais je sens ses yeux verts, attentifs, posés sur moi, sûrement plein de questionnements.

Lissant mon pantalon gris classique – qui n'a aucun besoin d'être lissé - afin de me donner une contenance, je me dirige vers la porte à pas saccadés. J'entends Ethan me suivre hors du bureau jusqu'aux ascenseurs.

Sur le chemin, je ne peux m'empêcher de me dire que c'était une erreur, une faiblesse, que je regrette. Mais tout au fond de moi, je sais que c'est faux. Je ne regrette absolument pas ce baiser exceptionnel. J'en veux encore, même. Et c'est bien là, le problème.

Je n'aime pas Ethan. Il m'a irrité dès le premier moment où je l'ai rencontré à ce gala de charité. Riche, beau, sûr de lui et de son pouvoir de séduction, beau parleur ce qui équivaut à menteur et ne perdant pas de temps avec les femmes. La preuve quand je l'ai rencontré par hasard chez ce disquaire en compagnie de Zoé. On ne se promène pas avec un homme comme lui, un dimanche, juste entre amis...

Et puis, je n'ai fait que le repousser. Encore et encore. Et quand, enfin, on décide de repartir sur de nouvelles bases, je fais mon idiote et je l'embrasse ! Je ne pourrais pas me plaindre à Rosie s'il recommence son petit jeu des débuts. Je l'aurais bien cherché à souffler le froid et puis le chaud. Il doit me prendre pour une intrigante, pour une femme qui aime qu'on lui court après.

Je pousse un lourd soupir en appuyant sur le bouton de l'ascenseur et me retourne pour voir si Ethan est toujours là.

A quelques pas de moi, à la réception, il discute avec Zoé. Comme si rien ne venait de se passer. Comme si notre baiser ne signifiait rien pour lui.